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A l’hôpital public, le personnel soignant lutte chaque jour pour sauver des vies. Mais le gouvernement Macron a pour priorité, lui, de sauvegarder les profits de la classe dirigeante. Le capitalisme est incompatible avec une réponse sanitaire efficace à la crise actuelle.

La situation à l’hôpital

En réponse à la loi de finances rectificative votée le 19 mars, les Collectifs Inter-Urgences et Inter-Hôpitaux s’alarment de l’absence totale de moyens nouveaux pour l’hôpital. La casse du service public se poursuit, y compris dans le contexte actuel.

Depuis plus d’un an, les soignants réclament un plan d’urgence pour augmenter les salaires, les effectifs, les budgets et le nombre de lits. La santé publique est asphyxiée, faute de moyens. Cela n’empêche pas le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, de déclarer cyniquement : « la meilleure prime que l’on puisse donner aux soignants, c’est de respecter les gestes sanitaires ». Le gouvernement a promis 300 milliards d’euros pour sauver le grand Capital ; les soignants, eux, devront se contenter de mots creux.

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a mis en place des « comités consultatifs d’éthique », dont le rôle est d’« aider et accompagner à la prise de décision des professionnels de santé ». En clair, il s’agit de sélectionner les patients à soigner (ou non), en fonction de leur âge et de leur état de santé, comme cela se fait en Italie. Publié le 18 mars, le document officiel s’intitule : Priorisation de l’accès aux soins critiques dans un contexte de pandémie. Selon le président de la Société de réanimation, Eric Maury, ce que préconise ce texte s’apparente plus « à de la médecine de guerre ou de catastrophe qu’à de la médecine de pays riche ».

En réalité, le capitalisme a toujours généré des inégalités sanitaires. Des millions de personnes ont un état de santé globalement dégradé du fait de leur situation matérielle. C’est particulièrement vrai des privés de droits, des sans-abris, des pauvres et des précaires. Ils ne seront donc pas « prioritaires » au sein de l’hôpital public – et n’ont pas accès au secteur privé (où les dépassements d’honoraires sont légion). A l’inverse, les plus riches, qui sont globalement en meilleur état santé, seront « prioritaires » dans le secteur public – et, si besoin, pourront se payer les soins au sein de cliniques privées. Pour les plus pauvres et les plus précaires, c’est donc la double peine.

Le vécu des soignants

A l’hôpital de la Timone, le plus grand hôpital de Marseille, des soignants d’un service de médecine ont été choqués d’apprendre, à l’occasion d’une réunion avec la direction, « qu’ils vont tous être contaminés, et que l’idée est qu’ils ne soient pas tous contaminés en même temps ». Alors que des soignants de ce même hôpital ont d’ores et déjà été testés positifs au COVID-19, le matériel de dépistage disponible (écouvillons, machines de test) ne permet pas de tester tous les cas suspects et le personnel hospitalier. Les masques FFP2 et chirurgicaux arrivent au compte-goutte – quand ils arrivent. Des masques en tissu cousu main font leur apparition. Dans des services qui hébergent les patients très fragiles, comme en oncologie pédiatrique, la direction de l’hôpital a même contraint les soignants à l’utilisation d’un seul masque chirurgical par journée de travail. Or sans un changement toutes les trois heures, le risque de contamination est bien réel.

L’ISNI (Syndicat national des internes des hôpitaux) souligne que la colère des soignants – en particulier des jeunes – est à son comble. A Marseille, la politique du gouvernement, favorable au secteur privé, a conduit à la fermeture des Urgences des hôpitaux publics de proximité de Sainte Marguerite (en 2010) et de Sisteron (en 2019). Ainsi, les soignants ne luttent pas seulement contre le virus ; ils luttent aussi contre tout un système, qui croule sous ses contradictions et ses aberrations mortelles. Si l’épidémie de COVID-19 est une urgence, la tentative du gouvernement de sauvegarder les profits est une folie meurtrière.

Urgence sociale

La mise en œuvre d’un plan d’urgence pour l’hôpital est vitale, tout comme les mesures d’urgence suivantes, défendues par l’UD CGT 13 : 1) la fermeture de l’ensemble des entreprises, services et collectivités non essentiels – et la réquisition, par l’Etat, de leur stock de matériels de protection ; 2) la prise en charge à 100 % des salaires et des soins, 3) la nationalisation de l’ensemble des établissements et structures de santé privés.

Cependant, pour pouvoir appliquer ces mesures et venir en aide à tous ceux qui en ont besoin, il faut aller plus loin. Toute activité liée à la santé doit être placée sous le contrôle et la direction des soignants. Par ailleurs, pour financer un vaste plan d’urgence sanitaire digne de ce nom, il faut exproprier les banques et les fusionner en une seule banque publique contrôlée par l’Etat.

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