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Article de Mario Lavazzi (direction nationale de la CGIL) et Paolo Brini (CC FIOM-CGIL) paru le 14 mars sur Rivoluzione.


Les directions des confédérations syndicales italiennes ont signé un accord pour gérer la crise du Coronavirus avec le gouvernement et les représentants patronaux, Confindustria [le Medef italien, NDT], Confapi [confédération des PME]. Cet accord est une capitulation en faveur des patrons et de leurs intérêts.

L’accord explique que « la poursuite des activités productives peut avoir lieu en présence des conditions qui assurent aux travailleurs des niveaux de protection adéquats ». Mais l’essentiel est bien que la production continue, mettant en péril l’objectif d’arrêter la diffusion de la contagion. En effet, la gestion de la sécurité et de l’urgence sanitaire dans les usines est laissée au libre arbitre des patrons eux-mêmes. Cette même gestion en temps normal est tellement efficace qu’elle cause 4 morts par jour au travail.

Il faut constater que le texte en soi n’a aucun caractère prescriptif ; le gouvernement déclare qu’il favorise l’application de l’accord qui est en continuité avec ses décrets précédents, lesquels sont une recette parfaite pour la diffusion de la contagion parmi les travailleurs.

Avec cet accord, la responsabilité des entreprises est déchargée sur la responsabilité individuelle des travailleurs :

  • Les entreprises ont une totale liberté dans la gestion de la sécurité.
  • L’article 5 du Statut des travailleurs, qui oblige tous les salariés à se faire prendre leur température avant d’entrer sur le lieu de travail, est piétiné.
  • Les réunions sont interdites dans les entreprises – y compris les réunions syndicales –dans des espaces qui ne permettent pas une distance de sécurité entre un travailleur et un autre.
  • On applique aussi aux salariés les dispositions honteuses prévues dans le Décret du 9 mars pour le personnel de santé. En fait, pour les professionnels de la santé qui sont entrés en contact avec un patient positif, la quarantaine ne s’applique pas, mais uniquement la surveillance médicale, donc ils doivent continuer à travailler et ils sont exemptés seulement en cas de symptômes respiratoires.
  • L’utilisation des vacances est encouragée, sans même préciser si ce sont les anciennes, celles accumulées cette année ou peut-être encore celles à venir.

Bref, les salariés ne pourront rentrer chez eux sans l’accord du patron, et de toute façon en faisant payer le coût de l’urgence aux travailleurs mêmes.

Non seulement cet accord n’améliore rien, mais il aggrave même les règles de sécurité et les droits des travailleurs.

Il faut poursuivre les grèves pour obliger les patrons à fermer leurs entreprises jusqu’à la fin de la situation d’urgence sanitaire, et forcer les dirigeants syndicaux à soutenir cette bataille.

Chez Ferrari par exemple, grâce au travail des représentants de la FIOM [fédération de la métallurgie de la CGIL, la principale confédération syndicale italienne], un accord a été signé selon lequel l’entreprise ferme 2 semaines et tous les travailleurs seront payés intégralement. Cet objectif doit être poursuivi dans toutes les entreprises.

La santé des travailleurs passe avant tout !

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