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Les militants communistes sont appelés à se prononcer, les 10 et 11 novembre, sur la question de la candidature du PCF à l’élection présidentielle de 2007. Nous aurons le choix entre trois possibilités : proposer Marie-George Buffet comme candidate du « rassemblement anti-libéral » à l’élection présidentielle ; présenter Maxime Gremetz comme candidat du parti ; présenter Jean-Jacques Karman comme candidat du parti. Le résultat de cette consultation ne fait aucun doute : ni Gremetz, ni Karman ne présentent d’alternative sérieuse aux idées de Marie-George Buffet. Au fond, ils ne se distinguent de la secrétaire nationale du PCF que par une exécrable réputation au sein du parti, par une tendance – nettement prononcée, chez Karman – à la démagogie « souverainiste », et par le fait d’être largement méconnus de la population française. Dans ce contexte, malgré nos désaccords de fond sur le programme que défend la direction du parti [1], La Riposte appelle ses militants et sympathisants communistes à voter pour Marie-George Buffet.

Reste que, la consultation passée, Marie-George Buffet ne sera toujours pas – du moins pas officiellement – candidate à la présidentielle, mais seulement candidate à la candidature du « rassemblement antilibéral ». Dans Le programme du PCF et la saga des « candidatures unitaires », daté de juillet dernier, La Riposte a exprimé son désaccord sur cette stratégie. Nous expliquions pourquoi, à notre avis, le parti n’aurait pas dû s’engager dans l’imbroglio des « candidatures unitaires ». Sans répéter l’argumentation développée dans cet article, revenons brièvement sur le sujet.

En quoi consistent, au juste, les « collectifs unitaires » ? Selon la mythologie unitaire, ils réunissent des militants de différentes organisations politiques de gauche – PCF, LCR, MARS, PRS, Alternatifs, Verts, etc. – ainsi que des syndicalistes et de « simples citoyens ». Cependant, comme le disait le vieil Hegel, « la vérité est toujours concrète ». Et pour être concret, en l’occurrence, il n’est pas superflu de préciser dans quelles proportions les différentes composantes des collectifs y sont représentées. Or, à l’échelle nationale, non seulement ce sont les militants et sympathisants du PCF qui constituent la grande majorité des leurs effectifs, mais dans la plupart des cas, l’infrastructure qui sert de base à leur fonctionnement (salles de réunion, photocopieuses, etc.) est également celle du PCF. En d’autres termes, si le PCF se retirait des collectifs, ils tomberaient en poussière. D’ailleurs, comment pourrait-il en être autrement, puisque des différentes organisations qui constituent le collectifs, le PCF est de très loin la plus puissante et la mieux implantée, à l’échelle nationale ?

Mais peut-être que les « simples citoyens » viennent en masse dans les collectifs ? Non. Répétons-le : les collectifs sont très majoritairement composés de militants et sympathisants du PCF. Ainsi, loin d’être l’expression d’une quelconque « dynamique unitaire », qui mobiliserait la population au-delà des structures politiques traditionnelles, les collectifs ne sont, dans les faits, qu’un réseau militant dont le PCF constitue non seulement la colonne vertébrale, mais bien souvent aussi la chair et le sang.

Les dirigeants du PCF, et Marie-George Buffet la première, savent très bien qu’il en est ainsi. Pourtant, la direction nationale fait « comme si » : comme si le PCF était, dans les collectifs, une force « comme les autres » ; comme si les communistes y discutaient « d’égal à égal » ; comme si on avait affaire à une « dynamique unitaire » dépassant largement les rangs des militants et sympathisants du parti. Les dirigeants du parti se sont mis en tête de faire apparaître les candidats du PCF, aux prochaines élections, comme émergeant, non d’une simple désignation interne au PCF, mais d’une puissante lame de fond « antilibérale ».

Contrairement à Gremetz, Gérin et consorts, qui ne se lassent jamais de prophétiser « la mort du parti », nous ne sommes pas enclins à exagérer les conséquences négatives de cette démarche. Ceci-dit, elle a effectivement des conséquences négatives. D’une part, cette interminable partie de poker-menteur – en vertu de laquelle il n’est pas sûr, officiellement, que le PCF présentera un candidat aux présidentielles – commence à avoir un effet démoralisant sur nombre de militants du parti. A cela s’ajoute l’impact négatif sur l’électorat traditionnel du PCF, qui a bien du mal à comprendre la stratégie et les intentions du parti. Enfin, la « démarche unitaire » a pour effet de brouiller les cartes en ce qui concerne le programme du PCF. Parmi les autres « composantes » des collectifs, certaines défendent des idées franchement réactionnaires. Par exemple, José Bové est favorable à la « décroissance soutenable », c’est-à-dire à la désindustrialisation du pays. Est-ce la position du PCF ? Jusqu’à nouvel ordre, non ! Mais dans ce cas, plutôt que de répéter sans fin qu’« on est tous des anti-libéraux », le parti devrait tracer une ligne nette entre son programme et les idées de José Bové.

Les collectifs sont supposés trancher la question de leur candidature en décembre. Etant donné le poids du PCF dans les collectifs, il n’y a aucune raison, théoriquement, pour que Marie-George Buffet ne soit pas choisie. Cependant, des « personnalités » comme José Bové, Clémentine Autin, etc., qui sont également candidats à la « candidature antilibérale », ne l’entendent pas de cette oreille. Et pour préférer leur candidature à celle de Buffet, ils ont un argument imparable : ils ne sont à la tête d’aucun parti ! En d’autres termes, ils demandent à celle qui représente la principale force des collectifs de bien vouloir leur céder la place, au motif qu’ils ont l’« avantage » singulier de ne représenter qu’eux-mêmes ! Si le ridicule tuait, la question des candidatures unitaires serait rapidement réglée.

L’idée qu’un candidat « non-encarté » ferait un meilleur score que Marie-George Buffet est complètement absurde. Là encore, la vérité est concrète. Si, plutôt que de présenter un candidat, le PCF appelait à soutenir José Bové, Clémentine Autin ou toute autre « personnalité » du sérail antilibéral, il ne faudrait pas compter sur beaucoup de militants communistes pour faire campagne, coller des affiches et diffuser des tracts. En fait, il y aurait immédiatement une grave crise au sein du PCF, dont la direction nationale ne veut évidemment pas. C’est pourquoi, quelles que soient les manœuvres des autres candidats « anti-libéraux » pour discréditer Buffet, celle-ci sera candidate aux présidentielles. Toute la confusion « unitaire » finira par retomber. Et le plus tôt sera le mieux !

Bien sûr, le fait de présenter un candidat aux présidentielles ne règlera pas les problèmes du PCF. Les difficultés du parti, au cours de la dernière période, sont liées à un problème plus profond, et qui n’est malheureusement toujours pas réglé : celui du caractère réformiste de son programme. Pour remonter la pente, le PCF doit d’abord présenter une alternative claire – une alternative réellement communiste – au réformisme insipide des dirigeants du Parti Socialiste. Si le PCF profitait des prochaines campagnes électorales pour expliquer, faits et chiffres à l’appui, la nécessité d’exproprier les grands capitalistes et de placer l’économie sous le contrôle démocratique des salariés, il rencontrerait un puissant écho parmi les éléments les plus conscients de la jeunesse et du mouvement ouvrier, qui cherchent une alternative révolutionnaire au capitalisme. Telle est la stratégie que La Ripostedéfend et défendra, dans les semaines et les mois à venir, au sein du PCF.


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