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En 2017, sous la pression du mouvement Me too, Emmanuel Macron proclamait l’égalité entre hommes et femmes « grande cause du quinquennat ». Cinq ans plus tard, rien n’a vraiment changé, ce qui n’empêche pas le gouvernement de se féliciter du travail accompli.

Sexisme et manque de moyens

En janvier, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin – lui-même accusé de chantage sexuel – affirmait que, désormais, les victimes de violences conjugales « déposent systématiquement plainte, ce qui donne systématiquement lieu à des poursuites judiciaires ». Un mois plus tard, un policier traitait de « grosse pute » une femme qui voulait porter plainte pour agression sexuelle. Cette anecdote sordide reflète une réalité largement répandue et très éloignée de la vision de Darmanin.

Selon une enquête de 2021 de l’association Nous toutes, 66 % des femmes ayant voulu porter plainte pour des faits de violences sexuelles avaient été mal prises en charge par les forces de l’ordre. Et d’après l’Insee, la moitié des femmes victimes de violences sexuelles ayant effectué des démarches judiciaires renoncent finalement à déposer une plainte. On est loin du chiffre de 90 % de satisfaction avancé par le gouvernement ! Et ce ne sont pas les misérables 12 heures consacrées aux violences conjugales – ajoutées en 2019 à la formation des policiers – qui changeront quoi que ce soit à ce problème.

Même les quelques améliorations législatives consenties par le gouvernement, comme l’allongement du délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs, sont insuffisants. En effet, le gouvernement peut bien promulguer autant de lois qu’il veut, rien ne changera vraiment sans financements suffisants. Or, pour la seule lutte contre les violences conjugales, le « Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes » préconisait l’allocation d’un budget d’un milliard d’euros et recommandait qu’au moins 20 000 places en hébergement d’urgence soient disponibles. Nous en sommes très loin. Le budget en question n’a été augmenté que de 21 millions d’euros, pour atteindre péniblement 50 millions d’euros en 2022. Seules 2700 places d’hébergement d’urgence ont été créées, en plus des 5000 déjà existantes. Autrement dit, le gouvernement veut bien prendre des mesures pour lutter contre les violences faites aux femmes... à condition qu’elles ne lui coûtent rien.

Hausse de la précarité

Plus largement, la politique économique du gouvernement a frappé les conditions de vie de millions de femmes. Par exemple, la réforme de l’assurance chômage – qui pénalise les carrières fractionnées et les travailleurs à temps partiel –  est particulièrement désavantageuse pour les femmes. Dans la mesure où ces dernières sont majoritaires dans les emplois à temps partiel et les CDD, leurs indemnisations chômage seront mécaniquement revues à la baisse.

Cette vulnérabilité économique est intimement liée à la question des violences sexistes. Il est plus difficile d’échapper à une relation abusive quand on est précaire ou que l’on dépend de son partenaire pour payer le loyer. Pour réellement commencer à lutter contre ces violences, un véritable gouvernement de gauche devra, entre autres, revenir sur les réformes économiques de Macron et aller chercher l’argent là où il est : dans les poches des grands patrons du CAC 40.

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