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Irak guerre imperialisme USA Etats-Unis

Depuis plusieurs mois, l’administration américaine multiplie les déclarations sur la possibilité d’une nouvelle agression militaire contre l’Irak. Désormais, plus un jour ne passe sans que l’un des membres du gouvernement américain n’accuse le régime de Saddam Hussein de constituer une menace pesant sur ce qu’il est convenu d’appeler, en ces temps de guerre et de récession économique, l’"ordre mondial". Une attaque semble désormais sûre, et peut-être est-elle imminente.

L’Irak est sorti économiquement et militairement exsangue de la guerre du Golfe, et, depuis 12 ans, subit un embargo qui a causé la mort de plus d’un million d’enfants. La société irakienne a fait un bond en arrière de plusieurs décennies. Cependant, l’impérialisme américain, qui avait couvert la guerre du Golfe du voile de ses préoccupations humanitaires à l’égard du "peuple koweïtien", s’apprête à plonger le peuple irakien dans de nouvelles et plus horribles souffrances.

En quoi, au juste, le régime de Saddam Hussein constitue-t-il une terrible menace ? La réponse officielle, tout le monde la connaît, tant on nous la rabâche : il serait en possession, ou en voie de posséder, des "armes de destruction massive". Or, d’une part, de l’avis même de nombreux experts, les destructions infligées par la guerre du Golfe et les frappes qui, depuis, visent régulièrement des cibles militaires, ont largement désintégré l’arsenal militaire irakien. Mais mêmes si de telles armes existent en Irak, il est absolument clair que cette accusation est avant tout le principal prétexte d’une attaque dont les véritables objectifs sont ailleurs.

Lors de la guerre du Golfe, le gouvernement américain s’était fixé comme objectif de renverser Saddam Hussein. Officiellement, il s’agissait d’une opération de libération du Koweït. Plus prosaïquement, l’impérialisme américain voulait mettre à la tête de l’Irak, cette immense puissance pétrolière située au cœur du Moyen Orient, un gouvernement "ami", à l’instar de l’Égypte, de la Jordanie et de l’Arabie Saoudite. Mais ni la guerre ni l’embargo n’ont fait chuter Saddam Hussein. Au contraire, ils ont donné à celui-ci l’occasion de souder autour de lui une population qui voue à l’impérialisme américain et à ses complices occidentaux la plus brûlante haine.

Aujourd’hui, les objectifs officieux restent les mêmes ; seul le prétexte a changé. La récession dans laquelle les États-Unis viennent de rentrer fait du prix du pétrole une question vitale pour la première puissance économique mondiale. Le gouvernement de George.W.Bush espère réussir là où celui du père a échoué. Sans doute est-il tenté de considérer la "victoire" en Afghanistan - en réalité, le début d’un cauchemar pour les troupes américaines - comme la preuve concrète qu’il peut, sans trop de problèmes et en quelques semaines, faire chuter des gouvernements situés sur un autre "axe" que le sien.

Mais à regarder les choses en face, il apparaît au contraire qu’une nouvelle attaque contre l’Irak se déroulerait dans des conditions extrêmement plus défavorables que lors de la guerre du Golfe. Si elle se contente de simples frappes aériennes, l’armée américaine n’a guère de chance de faire chuter le gouvernement de Saddam Hussein, et encore moins lui substituer un gouvernement fidèle à ses intérêts. Au contraire, chaque bombe qui s’écrasera sur son sol renforcera le gouvernement irakien, qui aura beau jeu, après 12 ans d’embargo, de concentrer toute la haine populaire contre l’agresseur. Il sera dans tous les cas bien difficile d’organiser l’opposition politique à 10 000 mètres d’altitude ! Ceci dit, l’envoi de troupes terrestres n’est pas moins problématique. On imagine mal le peuple irakien accueillir l’armée de Bush junior en libérateur. Les combats seraient durs, et la mort de soldats américains pourrait vite mettre un terme au soutien dont George Bush bénéficie pour l’instant aux États-Unis. Dès lors, il ne faudrait pas exclure la perspective d’une situation comparable à celle provoquée par la guerre du Vietnam, pendant laquelle des manifestations de masses hostiles à la guerre ont miné le gouvernement et l’ont forcé à rappeler ses troupes.

Mais surtout, l’intervention militaire ne manquerait pas de déstabiliser l’ensemble du Moyen Orient. Alors que la situation catastrophique du peuple palestinien et l’intervention militaire en Afghanistan ont aggravé la colère de peuples confrontés à une misère sans fin, la tentative de renverser Saddam Hussein par la force ne ferait que rajouter de l’huile sur le feu. Les dictatures de pays alliés aux États-Unis, comme l’Arabie Saoudite, déjà très affaiblie par la crise économique, pourraient être renversées au cours de crises révolutionnaires. Ce n’est pas par hasard qu’un certain nombre de dirigeants politiques américains ont publiquement exprimé leur réserve ou leur opposition à une telle aventure : il est en effet bien difficile de dire si elle ne se soldera pas, du point de vue des intérêts américains, par plus de pertes que de profits ! Une même angoisse est à la source des tergiversations diplomatiques dont les gouvernements européens - qui ont leur part à défendre dans le pillage du Moyen Orient - nous offrent le spectacle. Par ailleurs, ils craignent eux aussi qu’un puissant mouvement d’opposition se développe sur leurs territoires, ce qui ne créerait pas l’ambiance idéale pour lancer les attaques prévues contre le niveau de vie et les conditions de travail de la jeunesse et des travailleurs européens.

Il appartient au seul peuple irakien de se libérer de son dictateur. Dès aujourd’hui, sans attendre les premières victimes, il importe d’organiser, en France et ailleurs, le mouvement le plus vaste possible contre cette nouvelle agression meurtrière qui se prépare au nom du profit.

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