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Hugo chavez

L e 8 décembre dernier, Chavez a publiquement annoncé qu’il devait subir une nouvelle intervention chirurgicale, ajoutant que si quoi que ce soit lui arrivait l’empêchant d’assumer la présidence du pays, le vice-président Maduro avait sa préférence pour le remplacer.

Immédiatement, l’oligarchie vénézuélienne et les impérialistes ont exigé que Chavez quitte formellement le pouvoir. Ce faisant, ils s’appuient sur un article de la constitution vénézuélienne qui prévoit qu’en cas d’absence temporaire du président, le vice-président doit prendre sa fonction. Mais un autre article de la constitution prévoit que l’Assemblée Nationale peut voter une dérogation à cette règle – et elle l’a fait, en l’occurrence.

Derrière les arguments constitutionnels de l’opposition, il y a bien sûr la volonté pressante de se débarrasser d’Hugo Chavez. Le fait est qu’au fil des années, le président du Venezuela a tissé des liens très forts avec les pauvres, les travailleurs et les petits paysans, qui constituent la force motrice de la révolution. Chavez s’est souvent montré sensible à la pression des masses, qui le considèrent comme l’un des leurs.

Cette relation spécifique, pour ainsi dire fusionnelle, entre Chavez et le peuple, contraste nettement avec la très mauvaise réputation de nombreuses figures dirigeantes du mouvement bolivarien : ministres, gouverneurs, maires, etc. Aucun n’a ne serait-ce qu’une petite fraction de l’autorité morale et politique de Chavez aux yeux de la base sociale de la révolution. Beaucoup sont considérés comme des carriéristes corrompus. Par exemple, lors du coup d’Etat d’avril 2002, un certain nombre de gouverneurs régionaux « bolivariens » ont prêté serment au gouvernement putschiste de Carmona – avant de rapidement faire marche arrière, les masses ayant remis Chavez au pouvoir par leur mobilisation révolutionnaire.

Dans des Etats importants tels que l’Aragua, Lara et Monagas (entre autres), des gouverneurs « bolivariens » ont quitté le navire et rallié l’opposition contre-révolutionnaire. D’autres restent dans le camp bolivarien, mais se comportent comme des politiciens bourgeois du temps de la IVe République, se livrant à toutes sortes de corruptions et distribuant des postes aux amis et à la famille.

La bureaucratie d’Etat constitue un frein au processus révolutionnaire. A plusieurs reprises, ces dernières années, les masses se sont adressées à Chavez par-dessus la tête des ministres ou des gouverneurs. Par exemple, lors de la lutte héroïque des travailleurs de l’aciérie SIDOR, qui réclamaient sa nationalisation, ils se sont d’abord heurtés au gouverneur Rangel (qui leur a envoyé la Garde Nationale), puis au ministre du Travail de l’époque, Ramon Rivero. Finalement, Chavez a décidé de signer le décret de nationalisation de SIDOR – et limogé son ministre du travail, qui s’opposait à cette mesure.

On pourrait citer de nombreux autres exemples illustrant le fait que Chavez est « imprévisible », comme le dit l’oligarchie. Par « imprévisible », il faut comprendre qu’il est capable de prendre des décisions courageuses qui vont à l’encontre des intérêts des capitalistes. Ceux-ci sont convaincus que quiconque remplacera Chavez sera plus facile à battre, électoralement, et qu’en attendant il sera plus sensible aux pressions de « l’opinion publique » bourgeoise. Ils calculent que le « Chavisme sans Chavez » perdrait de son tranchant révolutionnaire et menacerait moins la grande propriété capitaliste.

Ainsi, le 10 décembre, le patron des patrons vénézuéliens, Jorge Botti, a déclaré : « N’attendons pas janvier. Il faut prendre des décisions maintenant. Nous appelons l’actuel président de la République, Nicolas Maduro, à prendre avec tous ses ministres les décisions qui s’imposent ». De même, la presse économique se montre à la fois flatteuse et pressante à l’égard de Maduro, jugeant que c’est « un homme avec qui on peut parler », un « modéré », etc.

La maladie de Chavez et la situation qu’elle engendre soulignent clairement que la révolution socialiste ne peut pas dépendre d’un seul homme. Les pauvres et les travailleurs doivent prendre les choses en main. Au Venezuela, nos camarades marxistes réunis autour du journal Lucha de Classes proposent que soit convoqué un congrès révolutionnaire composé de délégués issus des entreprises, des quartiers et des campagnes, lesquels auraient pour tâche de compléter la révolution en organisant l’expropriation de l’oligarchie.

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