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La classe ouvrière doit passer à l’offensive !
Contre le lock-out patronal !
Pour le contrôle ouvrier des entreprises !

De nouveau, la bourgeoisie vénézuélienne tente de mettre un terme au processus révolutionnaire qui s’est ouvert au Venezuela. Après l’échec du coup d’Etat du 11 avril, l’oligarchie prépare un nouveau putsch, ouvertement, sans scrupule, et avec le soutien de l’impérialisme américain. Ils demandent à présent aux patrons d’imposer un lock-out illimité et exigent la démission d’Hugo Chavez et de son gouvernement.

Les mensonges des médias bourgeois

Comme c’est toujours le cas, les capitalistes du monde entier mentent pour défendre leurs intérêts et désorienter les travailleurs. Les medias expliquent une nouvelle fois qu’il y a eu un " appel à la grève générale contre le gouvernement de Chavez ". Or, rien n’est plus loin de la vérité.

Il n’y a aucune grève générale au Venezuela. Et il n’y a pas eu de grève générale depuis l’élection de Chavez. Ce sont les patrons qui imposent des lock-out avec le soutien de la petite bourgeoisie et de la fraction la plus corrompue et quasi-mafieuse de la bureaucratie qui dirige aujourd’hui la CTV (Confédération des Travailleurs Vénézuéliens). Cette fraction de la CTV avait déjà donné son appui lors du coup d’Etat manqué du 11 avril qui avait tenté d’imposer Pedro Carmona, le chef de l’organisation patronale, à la tête de l’Etat. Le coup a échoué - nous ne devons pas l’oublier - parce que la masse des ouvriers et des autres classes opprimées du Venezuela s’y sont opposées et sont massivement descendues dans les rues.

La prétendue grève générale n’est rien d’autre qu’un lock-out patronal. Nous ne devons pas oublier que la grève est une arme des ouvriers contre les employeurs et leur gouvernement. Au Venezuela, les ouvriers n’ont pas appelé à la grève, et n’y participent pas. Ce sont plutôt les employeurs et les petits propriétaires de magasin qui la font. Si les médias capitalistes s’acharnent à parler de " grève ", ce n’est pas parce qu’ils ne comprennent pas la signification de ce mot, mais parce qu’ils veulent prévenir la solidarité active du mouvement ouvrier international avec la classe ouvrière et les opprimés du Venezuela.

Ils mentent également quand ils disent que la " grève " est massivement suivie. D’après les informations que nous avons reçues de camarades de différentes régions du Venezuela, ainsi que par le biais de sites Internet qui soutiennent la révolution (comme Aporrea et Antiescualidos), le lock-out a des résultats très inégaux. Il y a même eu des cas où les employeurs baissent les rideaux de leur entreprise pour donner l’impression d’une inactivité, mais forcent les ouvriers à travailler. La plupart des grands supermarchés ont fermé leurs portes, comme les petits magasins dans les quartiers les plus riches des villes. Mais dans les quartiers ouvriers, les magasins sont ouverts.

La situation actuelle

Une fois de plus, la classe dirigeante prépare un coup d’Etat en cherchant à créer une situation de chaos, au moyen du manque en approvisionnement alimentaire, de l’insécurité et du désordre - tout cela dans le but de rendre la classe moyenne hystérique.

Cette tactique n’a rien de nouveau. Les capitalistes l’ont déjà utilisée dans un certain nombre de pays, par exemple au Chili. Ils l’ont aussi utilisée pour le coup d’Etat du 11 avril, au Venezuela. Ils ont alors fait tirer sur une manifestation du mouvement bolivarien (qui soutient le président Chavez), prétendant que les tirs venaient de l’autre côté, afin de justifier une l’intervention de l’armée, qui avait déjà préparé le coup d’Etat.

A présent, ils envoient leurs partisans manifester dans les rues au cri de "guerre ! guerre !" afin de provoquer une situation de panique et le chaos dans les villes principales et autour des raffineries de pétrole de la PdVSA (la compagnie pétrolière de l’Etat).

Il semble clair que l’armée est divisée. Ces derniers jours, Chavez a destitué certains officiers favorables au coup d’Etat. Mais on ne peut pas exclure qu’une fraction de l’armée actuelle, qui jusqu’à présent semble fidèle au gouvernement, tente un nouveau coup d’Etat. Souvenons-nous que Pinochet avait aussi juré fidélité au gouvernement de Salvador Allende. De toute façon, il semble clair qu’une majorité des soldats soutiennent le processus révolutionnaire. Confrontés à un mouvement audacieux de la classe ouvrière, ils ne suivraient certainement pas les officiers contre-révolutionnaires - comme on l’a déjà vu lors du coup d’Etat avorté du 13 avril.

Les ouvriers contre-attaquent

C’est parmi les ouvriers que la riposte au coup d’Etat s’organise. Un certain nombre de syndicats nationaux ont déjà exprimé leur opposition active aux lock-out patronal. Des centaines de syndicats locaux et régionaux ne s’identifient pas avec la direction réactionnaire de la CTV, menée par le putschiste Carlos Ortega. Mais il est nécessaire de faire un autre pas en avant, vers l’organisation d’un véritable mouvement syndical révolutionnaire, d’une CTV fondée sur sa base, les travailleurs, avec une perspective révolutionnaire, qui représente et s’appui sur ses meilleures traditions militantes. Il est nécessaire de coordonner et organiser le mouvement syndical pour montrer à la classe ouvrière vénézuélienne, mais aussi en Amérique latine et dans le reste du monde, que le véritable mouvement syndical, au Venezuela, ce n’est pas Carlos Ortega et sa bande de bureaucrates réactionnaires.

Nous devons comprendre que les seuls alliés véritables du processus révolutionnaire au Venezuela sont tous les travailleurs et opprimés de ce monde. C’est pourquoi la classe dirigeante et les réformistes répandent à travers la planète l’idée que le mouvement syndical de la CTV soutient le coup d’Etat. Ils créent ainsi une énorme confusion parmi les travailleurs et les militants syndicaux européens. Il est donc très important que les syndicalistes vénézuéliens fassent un appel direct au mouvement des travailleurs organisés dans le reste du monde pour demander leur soutien actif.

"El Militante" (www.elmilitante.org) est prêt à soutenir l’initiative d’une campagne internationale de solidarité avec le vrai mouvement syndical vénézuélien, celui qui combat la réaction. Voici quelques exemples de ce mouvement :

Le président du syndicat des transports de Caracas a rencontré le vice-président Rangel pour garantir le fonctionnement normal du métro et des autobus. " Nous ne soutenons pas l’interruption du trafic et nous ne la rejoindrons pas. Nous sommes contre cette grève active et nous y répondrons par un travail actif ".

Le syndicat de l’acier en Orénoque a publié un rapport expliquant "que 4.000 ouvriers sont allés travailler aujourd’hui... Nous n’acceptons pas la grève organisée par les sommets du FEDECAMARAS - l’organisation patronale - et de la CTV. Nous ne reconnaissons pas ces derniers comme les chefs du mouvement ouvrier vénézuélien... Nous devons nous réapproprier la CTV, en faire un instrument de lutte pour faire valoir les intérêts des ouvriers du pays ".

A Caracas, l’Union Nationale des Journalistes a dénoncé les patrons des médias qui ferment leurs presses et ont lancé un appel aux journalistes pour qu’ils " organisent en permanence des assemblées massives sur leurs lieux de travail ".

L’Organisation des Indiens de l’Amazone, qui représente 19 groupes ethniques, a dénoncé la " grève pour le coup d’Etat " et ratifié son " appui total au processus révolutionnaire ".

Nous savons également que les ouvriers du pétrole de la PdVSA vont aux raffineries, malgré le boycott et le sabotage des directeurs et des cadres administratifs de la compagnie. Voici un extrait d’une lettre envoyée par un ouvrier de la PdVSA à l’Assemblée Révolutionnaire Populaire (www.aporrea.org) : " Il apparaît clairement que quelques directeurs, surveillants en chef, directeurs de secteur et surveillants, pensent toujours que l’entreprise leur appartient et qu’ils peuvent en faire ce qui leur plaît. Ils oublient que le peuple est l’actionnaire majoritaire de cette entreprise. Ces messieurs risquent d’être surpris par un soulèvement du peuple contre leur tentative de sabotage. Il faut en finir avec eux comme on le fait avec une dent pourrie : le seul moyen de ne plus sentir de douleur est d’arracher la dent ".

Plus important encore est le fait que des sections du mouvement ouvrier commencent à tirer de profondes conclusions sur ce qui se passe, et en particulier sur la nécessité de prendre l’initiative.

Par exemple, l’assemblée des travailleurs de la poste a envoyé une lettre à Chavez dans laquelle non seulement elle réaffirme l’appui des salariés au processus révolutionnaire, mais surtout souligne la nécessité de prendre en main la marche des événements : " Aujourd’hui, nous trouvons en nous-mêmes la force et l’esprit de la Constitution. Vos déclarations et vos discours nous invitent d’ailleurs à être les principaux protagonistes de notre avenir, à travers notre participation et l’exercice du pouvoir du peuple [...]. Ainsi, nous vous demandons, en tant qu’élément de ce pouvoir populaire, de nous permettre de continuer à élire nous-mêmes les directeurs à IPOSTEL [l’entreprise postale vénézuelienne], de sorte que les travailleurs puissent commander et contrôler ceux qu’ils élisent pour qu’ils défendent les intérêts des travailleurs [...]. C’est tout pour le moment. Nous sommes convaincus que vous donnerez votre accord à la participation des masses travailleuses pour approfondir et renforcer le processus révolutionnaire. La direction de ce mouvement doit revenir aux travailleurs eux-mêmes " (http://www.antiescualidos.com).

La page Web d’Aporrea explique également comment " mardi, dans les premières heures de la matinée, les ouvriers dans la ville d’Aragua ont pris le contrôle des usines avec l’appui de leurs familles. Par une action courageuse, les ouvriers se sont emparés de l’usine Pepsi-Cola. Les patrons ne pourront plus continuer à manoeuvrer et jouer avec les ouvriers vénézueliens ".

Ce ne sont là, pour le moment, que des cas isolés d’initiative et de participation active des travailleurs. Cependant, il est clair que si la classe ouvrière souhaite mettre un terme, une bonne fois pour toutes, au danger d’un nouveau coup d’Etat, l’énorme force du mouvement doit être orientée vers un but clair et concret : l’expropriation politique et économique de la classe dirigeante.

Dans la lutte contre les lock-out patronaux, il n’y a pas d’autre moyen que l’occupation des usines et l’organisation de la production sous le contrôle des ouvriers. Ils doivent organiser des réunions de masse pour choisir démocratiquement leurs représentants, qui doivent ensuite être révocables à tout moment. Ces représentants devraient coordonner et planifier tous les secteurs de la production selon les besoins de la majorité de la société. Pour garantir aux usines les ressources économiques nécessaires, ils devraient également exproprier les banques, sous contrôle ouvrier et sans indemnité pour les propriétaires, afin d’empêcher la fuite des capitaux et récupérer les milliards dollars qui ont déjà quitté le pays.

Les ouvriers de la PdVSA devraient suivre l’exemple des travailleurs d’IPOSTEL, et organiser la production en élisant et contrôlant directement les cadres et directeurs de l’entreprise.

Les paysans sans terre soutiennent le mouvement bolivarien. Mais ils ne peuvent pas se laisser passivement assassiner par les gangsters aux ordres des propriétaires terriens chaque fois qu’ils essayent de mettre en application la loi de réforme agraire. C’est une priorité pressante, pour le mouvement révolutionnaire, de nationaliser immédiatement les latifundia, de les placer sous le contrôle des travailleurs, et de planifier la production agricole selon les besoins de la majorité de la population. C’est le seul moyen pour garantir l’approvisionnement en marchandises alimentaires des centres urbains.

Les forces réactionnaires descendent dans les rues pour créer le chaos, et organisent même des détachements armés contre les révolutionnaires. La réponse doit être claire. Des milices ouvrières devraient être organisées pour répondre à ces attaques, et garantir la paix et la tranquillité aux ouvriers et leurs familles. Ces milices, sous le contrôle des organisations ouvrières, devraient lancer des appels aux soldats pour former dans les casernes des comités révolutionnaires reliés aux organes ouvriers. C’est le seul moyen de se débarrasser des officiers putschistes et de garantir une vie normale aux casernes.

La classe ouvrière et les opprimés vénézueliens sont ceux qui font marcher l’économie. Les patrons peuvent fermer les usines, mais si les ouvriers les ouvrent et les font fonctionner, ils prouveront dans la pratique ce que nous savons tous : c’est le travail de la classe ouvrière qui est l’élément principal de l’économie. C’est la seule classe qui produit des richesses.

Il est temps d’agir ! Le mouvement révolutionnaire doit prendre l’initiative. Les ouvriers doivent prendre leur avenir en main, et construire une société dans laquelle le chômage, la misère et la faim ne seront plus qu’un vieux cauchemar. Cette société, où les moyens de production seront utilisés dans l’intérêt de la majorité de la population, offrira une issue aux millions de personnes opprimées, en Amérique latine comme dans le reste du monde.

Comme le disait Marx, dans ce processus révolutionnaire, les ouvriers n’ont rien à perdre que leurs chaînes, et ont un monde à gagner.

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