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Selon un sondage Kantar réalisé en novembre dernier, 47 % des Français, 34 % des Américains, 22 % des Italiens, 25 % des Britanniques et 33 % des Allemands avaient une position plus ou moins hostile (et au mieux, sceptique) à l’égard de l’actuelle campagne de vaccination.

Il est possible que cette méfiance diminue au fur et à mesure que la campagne avancera, du moins si elle se passe sans accrocs. Mais cette méfiance reste un fait massif – dont les grands médias se lamentent à longueur de journée, mais qu’ils sont incapables d’expliquer.

Inégalités dantesques

C’est pourtant simple : il y a un discrédit croissant des cliques dirigeantes. Et pour cause : la fortune globale de tous les milliardaires a récemment franchi la barre des 10 000 milliards de dollars. Parallèlement, selon Oxfam, 500 millions de personnes sont sur le point de basculer dans la pauvreté. En France, la fortune des 500 familles les plus riches a bondi de 45 % entre 2019 et 2020. Elles contrôlent le tiers du PIB du pays, soit 730 milliards d’euros [1]. Dans le même temps, un million de citoyens ordinaires ont basculé sous le seuil de pauvreté.

A cela s’ajoutent la gestion catastrophique de la pandémie, l’évolution chaotique des règles et la culpabilisation de la jeunesse. En conséquence, des millions de personnes, en France, ne font pas confiance au gouvernement Macron – comme des milliards de personnes, à travers le monde, n’ont pas confiance en leur propre gouvernement. D’après le sondage Kantar déjà cité, « les pays qui font le moins confiance au gouvernement – la France (18 % de confiance) et les Etats-Unis (14 % de confiance) – ont également les plus faibles taux d’acceptation du vaccin ».

Pfizer et Moderna : les profits avant tout

Bien sûr, ce discrédit frappe aussi l’industrie pharmaceutique, dont le parasitisme saute aux yeux. Pour développer les vaccins Covid, le groupe pharmaceutique Moderna a reçu 2,5 milliards de dollars d’argent public des Etats-Unis, tandis que Pfizer a reçu 443 millions de dollars de l’Etat allemand, ainsi qu’un prêt de 118 millions de dollars de la Banque européenne d’investissement. Quant à la technologie de l’ARN messager, elle est issue de laboratoires publics, américains et allemands. Or, avec la distribution des vaccins Covid, Pfizer et Moderna devraient réaliser plus de 26 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021.

En d’autres termes, les vaccins auront été payés deux fois par les contribuables : lors de leur développement et lors de leur distribution. Cet argent public a notamment bénéficié à Albert Bourla, le PDG de Pfizer. Après la publication des résultats des essais de phase 3, ce dernier a vendu son stock d’actions personnelles, pour un montant de 5,6 millions de dollars.

Au passage, la privatisation des brevets des vaccins fait obstacle au développement de versions génériques moins chères. Anna Marriott, d’Oxfam, en souligne les conséquences : « à moins que quelque chose ne change radicalement, des milliards de personnes dans le monde ne recevront pas un vaccin sûr et efficace contre la Covid-19 dans les années à venir. » Alors que la bourgeoisie des Etats les plus riches a commandé suffisamment de doses pour vacciner trois fois la population, la People’s Vaccine Alliance estime que près de 70 pays pauvres ne pourront vacciner qu’une personne sur 10 [2]. Si l’Union Européenne, les Etats-Unis ou la Chine se vantent d’acheter des milliards de doses, les peuples les plus pauvres et les plus opprimés risquent d’être longtemps exposés à ce virus.

Quelle alternative ?

La France insoumise et la CGT se sont engagées dans une « Initiative citoyenne européenne » baptisée « #Right2cure : Pas de profit sur la pandémie ». Pour résoudre la crise sanitaire, ils fixent quatre objectifs : 1) L’accessibilité inconditionnelle de la vaccination, partout dans le monde ; 2) Une transparence totale sur les financements et les vaccins ; 3) Un contrôle public de la recherche et du développement ; 4) Pas de profits au détriment de la santé publique.

C’est juste, mais il faut aussi s’en prendre à la racine du problème – le système capitaliste – et donc avancer un programme offensif qui s’attaque à la grande propriété capitaliste. Seule la nationalisation du secteur pharmaceutique, sous le contrôle des travailleurs et sans indemnisation des grands actionnaires, permettra de faire de la santé publique une priorité. C’est aussi le seul moyen de garantir une gestion rationnelle et efficace des pandémies. La propriété collective des brevets permettrait de mobiliser et de mutualiser tous les savoirs et toutes les techniques, à l’échelle mondiale, pour produire des vaccins sûrs, efficaces et disponibles partout dans le monde – sans aucune autre considération que la santé publique.


[1] D’après Challenges de juillet 2020

[2] La People’s Vaccine Alliance est un réseau d’organisations comprenant Amnesty International, Oxfam et Global Justice Now.

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