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Plus de 270 militants, venant de 30 pays différents, ont participé à l'université d'été de la Tendance Marxiste Internationale qui s'est déroulée à Bardonnechia en Italie, durant la première semaine d’août. Cette université a démontré la vigueur de la tendance et la force des idées révolutionnaires : un haut niveau politique ; la participation d'un grand nombre de jeunes gens enthousiastes et une excellente application de la théorie marxiste aux mouvements de masse qui se développent actuellement dans le monde.

Comme l'ont expliqué plusieurs orateurs, dont Alan Woods dans son introduction à la discussion sur les perspectives mondiales, nous entrons dans la période la plus turbulente de l'histoire du capitalisme. Jamais auparavant une crise n'avait été si profonde, ni n'avait poussé à la mise en place de mesures d’austérité aussi drastiques, ne faisant qu'aggraver les inégalités. C'est sur ce terreau que poussent des mouvements de masse, en Grèce contre la troïka, aux Etats-Unis contre le racisme ou en Grande-Bretagne contre l’austérité.

L’université s'est ouverte par une minute de silence en l'honneur des camarades Camilo Cahis du Canada et Chico Lessa du Brésil, deux camarades qui ont consacré durant leurs vies beaucoup d'efforts à la construction de notre organisation. C'est en continuant leur œuvre, en luttant pour le socialisme avec le même dévouement qu'eux, que nous leur rendrons le mieux hommage. C'était un des buts de cette université : éduquer les camarades aux meilleures traditions et idées du marxisme pour qu'ils puissent continuer la lutte vers la seule issue possible aux souffrances et à l'oppression causée par le capitalisme.

Comme l'a écrit Lénine, « il ne peut y avoir de mouvement révolutionnaire sans théorie révolutionnaire », ce qui a été tragiquement démontré par les nombreuses révolutions du passé qui ont échoué faute d'une direction révolutionnaire maîtrisant les idées capables de les mener jusqu'à leur fin. Encore récemment, cette leçon s'est durement rappelée à nous en Egypte, en Tunisie et dans bien d'autres pays lors du « Printemps arabe ». Les marxistes sont conscients du fait que nos théories et nos idées doivent être le fruit de l'analyse de la réalité et des conditions matérielles, et non de l'imposition d'idées ou d'abstractions préconçues sur la réalité. Mais dans le même temps, les idées révolutionnaires peuvent réellement changer le monde, à partir du moment où les masses s’en saisissent. C'est une des raisons qui expliquent l’insistance particulière que notre mouvement a toujours placée sur la théorie et la maîtrise des idées et de la méthode du marxisme. Une grande partie de l'université a donc été consacrée à l'étude des idées fondamentales du marxisme – sur la Philosophie, l'Economie ou l'Histoire – qui sont nécessaires à notre compréhension du monde, étape indispensable vers sa transformation.

Chamboulement dans la social-démocratie

Deux camarades britanniquesLes discussions de la semaine ont eu pour toile de fond une situation sans précédent dans la politique britannique, l'élan pris par la campagne pour Jeremy Corbyn ayant permis une large expression de la colère et de l'opposition à l'austérité parmi les travailleurs et les jeunes.

Une journée entière a été consacrée à analyser les nouveaux mouvements politiques de masse qui ont émergé ces dernières années, et à discuter les implications que cela a eu sur la vieille social-démocratie et sur les partis de masse traditionnels de la classe ouvrière. Les événements récents ont été un choc pour certains de ces partis (le PASOK en Grèce ou le PSOE en Espagne) qui, faute d'avoir pu exprimer la radicalisation des travailleurs, ont dû laisser place à de nouvelles organisations, telles PODEMOS en Espagne ou SYRIZA en Grèce.

Il est clair que le poids des partis traditionnels n'est plus garanti, alors qu'ils se montrent non seulement incapables de mettre en place des réformes progressistes dans le cadre du capitalisme, mais qu'ils participent de surcroît à la mise en place de mesures d'austérité toujours plus drastiques. Dans ces conditions, les campagnes radicales appelant à la fin de l’austérité et à l'amélioration des conditions de vie des masses ont un attrait certain sur les travailleurs et la jeunesse. Notre soutien à ceux qui, comme Corbyn ou PODEMOS, mettent en avant un programme de véritables réformes s'accompagne du rappel que ces réformes ne pourront être mises en place qu'en rompant avec le capitalisme, ce qu'a démontré tragiquement le gouvernement Tsipras cette année.

Il est manifeste que la disparition de certaines organisations de masse n'est pas un phénomène isolé, mais s'est produit dans toute une série de pays : la Grèce, l'Espagne ou encore l'Italie. La lutte des classes n'a pas forcement débouché sur la cristallisation d'une aile gauche dans ces organisations traditionnelles, comme cela s'était produit par le passé ; la radicalisation politique des masses a dû trouver d'autres moyens d'expression. Ce que la campagne pour Corbyn et des rassemblements comme PODEMOS ont en commun, c'est de représenter ce que demandent des millions de personnes : une alternative à l'austérité produite par le capitalisme.

La discussion a souligné la nécessité d'une analyse marxiste dynamique et le besoin pour les marxistes d'intervenir dans ces mouvements de masse : pour y soutenir les revendications progressistes en combattant à leurs côtés, mais aussi pour offrir un soutien critique et souligner l'incapacité du réformisme à obtenir des améliorations réelles aux conditions de vie des masses.

La question nationale et le bouleversement politique écossais

Les événements récents en Ecosse ont été un autre exemple de l'effondrement d'un parti de masse, les « bastions » électoraux du parti travailliste étant passés en bloc au Scottish National Party (SNP). Le référendum sur l'indépendance a mobilisé la quasi-totalité de la population écossaise sur la question de savoir si l’Écosse devait devenir une nation indépendante, mettant en contact avec la politique des personnes de tous âges et de toutes origines et mettant en évidence l'opposition à l’austérité et l'hostilité à l'establishment qui existe dans la société britannique.

Cette hostilité s'est cristallisée dans la campagne menée par le SNP pour l'indépendance, puis lors des élections générales du printemps dernier, où le SNP a gagné 56 des 59 sièges écossais. La revendication pour l'indépendance de l’Ecosse gagnant du terrain, il est nécessaire pour les marxistes d'analyser et de comprendre la question nationale écossaise. Trois commissions ont porté sur la question nationale, dont une spécialement sur l’Ecosse – qui fut brillamment introduite par Rachel Gibbs.

La crise au Moyen-Orient : causes et solutions

Une des discussions les plus nécessaires de la semaine a été introduite par Hamid Alizadeh et portait sur la situation au Moyen-Orient. Il a présenté les problèmes passés et actuels de la région, et notamment le rôle de l'impérialisme dans le développement de l’Etat Islamique et d'autres groupes intégristes.

Hamid a expliqué la situation de la région, précisant que la majorité de la population est jeune et confrontée à un chômage très élevé et à une absence de perspectives d'avenir. Beaucoup de révolutions se sont déroulées lors du printemps arabe, avec des mouvements de masse en Egypte, Tunisie ou Libye qui ont démontré que les masses pouvaient imposer le changement si elles le désiraient. Mais ces révolutions sont restées incomplètes, faute d'une direction révolutionnaire pour mener les travailleurs vers le pouvoir – ce qui a permis à la contre-révolution de se ressaisir.

L'instabilité de la région, en lien avec la montée en puissance et en influence de l'Iran, est à rattacher à la capacité d'action de plus en plus réduite des Etats-Unis et de plusieurs autres pays de la région. L’Arabie Saoudite en est un excellent exemple : son économie, dépendante du pétrole, a été affaiblie par la concurrence américaine, ce qui a fragilisé ses relations avec les Etats-Unis mais aussi son statut de puissance régionale dominante. Incapables d'agir eux-mêmes, les Etats-Unis et les autres « grandes puissances » s'appuient maintenant sur l'Iran pour assurer la stabilité de la région. Cette situation est problématique pour Washington, car elle met en difficulté ses relations avec ses alliés au Moyen-Orient, notamment Israël.

La discussion a mis en évidence le besoin d'une direction révolutionnaire au Moyen-Orient, son absence jusqu'à présent ayant mené à la démoralisation, à un ralentissement du mouvement révolutionnaire et à la survie de régimes détestés. Les classes dirigeantes, affolées, ont fait sombrer la région dans la barbarie pour maintenir leur pouvoir, mais la continuation de la crise ne peut que déboucher sur un renouveau de la lutte des classes.

Les étudiants et la jeunesse

Après une longue journée de discussion, les camarades étudiants du Brésil, d’Italie et de Grande-Bretagne se sont réunis pour partager leurs expériences du travail auprès des étudiants et de la jeunesse dans ces différentes parties du globe. Les camarades brésiliens ont expliqué comment ils ont mis en place des comités étudiants pour protester contre les conditions d'études calamiteuses, reliant la lutte pour de meilleurs équipements scolaires à la nécessité de renverser le capitalisme. De façon similaire, les camarades italiens ont présenté leurs efforts pour lier, dans le cadre des élections universitaires, les revendications immédiates à la lutte pour le socialisme et la planification de l'économie.

Les camarades britanniques ont mené un travail particulier sur les universités en mettant en place des groupes de discussion et en éduquant les étudiants aux idées du marxisme, comme nous sommes en train de le faire en France. Il y a beaucoup d’intérêt pour des révolutionnaires à comparer et à partager nos méthodes de travail militant et la façon dont la tactique peut s'appliquer à des contextes variés. La théorie est vitale ; mais elle doit rester un guide pour l'action – les camarades devant utiliser la compréhension gagnée dans ces discussions et la tourner vers le mouvement ouvrier et les mouvements de masse de la jeunesse.

Les tâches qui nous attendent

L'école s'est achevée par un rapport organisationnel présenté par Jorge Martin, qui a présenté en détail la croissance et les progrès de toutes les sections de la Tendance Marxiste Internationale. Cela a été particulièrement encourageant d'entendre parler des activités des camarades du Venezuela, de Suisse ou encore du Pakistan, qui démontrent que la recherche d'explications à la crise du capitalisme et d'une alternative à la misère qu'il produit est un phénomène global.

Alan Woods a conclu l'université par un discours enflammé, encourageant les membres de la TMI à poursuivre la construction des forces du marxisme, et à brandir la bannière de la TMI – celle du socialisme authentique – pour que nous puissions construire une organisation révolutionnaire capable de jouer son rôle, de mettre un terme à l'horreur sans fin du capitalisme et d'établir une société permettant à chacun de vivre une vie digne et débarrassée de l'exploitation de l'homme par l'homme.

Il n'y a jamais eu de moment dans l'histoire où le combat pour les idées de Marx, Engels, Lénine et Trotsky a été plus important. Il est temps de nous éduquer et de diffuser le plus largement possible la meilleure méthode – et la seule qui soit vraiment efficace – pour combattre l'oppression et l'exploitation. Il y a une alternative à ce système pourrissant, mais il faut s'organiser et combattre pour elle !

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