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Verion réduite de l'article paru sur In Defence of Marxism.


Le 25 mai, George Floyd était menotté puis étranglé par des policiers de Minneapolis. Ce cas venait s’ajouter à la longue liste de meurtres de noirs par la police américaine. Mais ce fut le meurtre « de trop ». Il a déclenché un raz-de-marée insurrectionnel – nourri par la colère, la frustration et toutes les injustices de la société américaine.

Mobilisation et répression

La répression a été féroce. A Minneapolis, la police a attaqué les manifestants avec des grenades et du gaz lacrymogène, sans réussir à les repousser. Les policiers ont été obligés d’évacuer en catastrophe le commissariat où était stationné le policier assassin, juste avant que les manifestants ne le prennent d’assaut et ne l’incendient. Face aux masses en colère, les hommes en armes du grand capital américain ont été contraints de fuir pour sauver leur peau.

Après cinq nuits de manifestations de masse, un couvre-feu a été imposé par le maire de la ville. Des blindés et des centaines de gardes nationaux ont été déployés dans les rues. Des drones militaires ont été envoyés pour intensifier la surveillance et tenter de faire respecter le couvre-feu. En vain. Les manifestations n’ont pas cessé. Elles se sont mêmes étendues à d’autres villes.

Si le Minnesota reste l’épicentre du mouvement, des manifestations se sont déroulées dans plus d’une vingtaine de villes. A New-York, des manifestants ont dû affronter la police pour pouvoir défiler. En Californie, des autoroutes ont été coupées à Oakland, San José et Los Angeles. A Washington, Donald Trump et sa famille ont dû être « sécurisés » dans un bunker de la Maison-Blanche, celle-ci ayant été encerclée par des manifestants en colère.

Six ans plus tard

A la grande surprise (et déception) des commentateurs bourgeois, les manifestations sont composées de noirs et de blancs, de latinos, d’asiatiques… Il s’agit surtout de jeunes, comme lors du pic du mouvement Black Lives Matter, en 2014. Mais l’état d’esprit des manifestants a nettement changé depuis, notamment sous l’impact de la crise sanitaire et économique. En 2014, les slogans tournaient autour de l’idée de rendre la police « responsable » grâce à des caméras individuelles, des comités de contrôle, etc. Tout cela n’a évidemment rien donné. Les meurtres de noirs désarmés par la police sont mêmes devenus plus fréquents. Dans 99 % des cas, les policiers assassins ne sont même pas inquiétés par la « Justice ». Donc, désormais, les manifestants brûlent des commissariats – un acte clairement insurrectionnel.

La presse bourgeoise montre en boucle des images de pillages et de destructions pour essayer de monter l’opinion publique contre le mouvement. Cependant, il y a de nombreuses preuves qu’une partie de ces actes ont été le fait de policiers en civil, mais aussi de militants d’extrême-droite qui veulent fournir un prétexte à la répression. Dans de nombreux cas, les pillards ont été chassés par les manifestants, qui ne sont pas sortis dans les rues pour piller des magasins d’alcool, mais parce qu’ils ne supportent plus toutes les injustices du capitalisme américain.

Loin de condamner les manifestants, la classe ouvrière organisée a commencé à se solidariser avec cette explosion de colère populaire. Dans plusieurs villes, des chauffeurs de bus ont refusé que leurs véhicules soient utilisés par la police pour transporter des manifestants arrêtés. Les syndicats de transport public, au niveau national, ont déclaré leur soutien au mouvement et leur refus d’aider la police.

Révolution et contre-révolution

Les interventions de Trump – en conférence de presse ou sur Twitter – n’ont fait qu’exacerber la colère des masses. Pour mobiliser sa base de soutien réactionnaire, Trump a donné tout son appui à la répression policière. Il a mobilisé la garde nationale et la police militaire. Il a menacé de faire tirer à balles réelles sur les manifestants.

Ce ne sont pas des paroles en l’air. La classe dirigeante américaine utilisera tous les moyens nécessaires – légaux ou pas – pour défendre son pouvoir. D’ores et déjà, des manifestants ont été attaqués par des militants d’extrême-droite. A Detroit, une manifestation a même été mitraillée depuis une voiture. Un manifestant de 19 ans a été tué – et plusieurs autres blessés.

Cependant, il n’est pas du tout garanti que la répression du mouvement aura l’effet recherché. Plutôt que de faire reculer les masses, le fouet de la contre-révolution les a souvent poussées en avant, comme on a pu le voir récemment au Chili, en Equateur, en Irak et au Liban.

Pour que ce mouvement réussisse à extirper l’injustice de la société américaine, il doit s’attaquer au principal pilier du racisme, du sexisme et de toutes les oppressions : le système capitaliste. Le mouvement ouvrier doit se lier aux manifestants pour faire grandir le mouvement et lui donner une base organisée. Il lui faut un programme de lutte pour la transformation complète de la société. C’est le point de vue que défendent, sur place, nos camarades de Socialist Revolution, la section américaine de la Tendance Marxiste Internationale.

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