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L’interprétation du Lac des cygnes par des artistes en grève, sur le parvis de l’Opéra Garnier, a marqué les esprits. Même en Mai 68, on n’avait pas vu cela.

La signification de cet acte militant dépassait largement la question des retraites. Accrochée à la façade du palais, une banderole nous avertissait : « Culture en danger ». Précisément. Le capitalisme menace la culture. Non seulement il entrave le développement des arts et des sciences, mais il menace aussi directement tout l’héritage culturel de l’humanité.

La musique de Tchaïkovsky fait partie de cet héritage. Elle est même l’un des plus beaux joyaux de l’art bourgeois. A l’époque où fut composé le Lac des cygnes (1875), la culture bourgeoise n’était pas encore engagée dans ce long déclin qui, de nos jours, vire au cauchemar.

Or le 24 décembre, sur le parvis de l’Opéra, qui défendait cet héritage ? Pas la bourgeoisie, mais des artistes aux corps meurtris par des années d’un travail exténuant. Ils demandent qu’on les traite dignement, eux qui font vivre, chaque jour, une partie du patrimoine culturel de l’humanité.

En 1903, déjà, Rosa Luxembourg remarquait que la classe ouvrière est amenée à « protéger la culture bourgeoise contre le vandalisme de la réaction bourgeoise » [1]. Les danseuses et l’orchestre de l’Opéra de Paris nous l’ont magnifiquement rappelé.


[1] Dans Arrêts et progrès du marxisme.

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