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Nous publions ci-dessous un article de nos camarades grecs – la « Tendance Communiste de Syriza » – sur la composition du nouveau gouvernement.


Beaucoup d’électeurs de Syriza jugent « raisonnable » la coalition gouvernementale avec les Grecs Indépendants [un petit parti de droite - NDT]. Les dirigeants du Parti Communiste (KKE) ayant refusé de collaborer avec Syriza, « il n’y avait pas d’alternative » : tel est l’argument. Nous ne pensons pas que ce soit correct.

Il est clair que les premiers responsables de cette situation sont les dirigeants du KKE. La radicalisation de la classe ouvrière a donné une majorité aux partis de gauche et de tradition communiste. Mais la direction du KKE décline ce mandat clair en faveur d’un gouvernement et d’une politique défendant les intérêts des travailleurs. Ils n’ont même pas pris la peine de proposer des mesures programmatiques élémentaires permettant aux masses de voir la supériorité des idées communistes. Du fait de cette approche sectaire, non seulement les dirigeants du KKE n’ont pas « démasqué » la direction de Syriza, mais ils lui ont même fourni une excuse politique pour chercher de soi-disant « alliés » dans le camp politique de la bourgeoisie.

En aucun cas le sectarisme scandaleux des dirigeants du KKE ne justifie l’alliance de Syriza avec un parti nationaliste bourgeois, lequel s’opposera aux mesures de gauche les plus radicales. La direction de Syriza aurait pu et dû adopter une ligne s’appuyant sur les éléments suivants :

1) La direction du KKE n’excluait pas la possibilité de voter, au Parlement, des mesures pro-ouvrières et contre l’austérité. De fait, elle a même été obligée de s’engager publiquement à voter en faveur de telles mesures. Aussi, la direction de Syriza aurait dû publiquement proposer au KKE de lui accorder un vote de confiance – non de façon abstraite, mais sur la base d’un ensemble de mesures concrètes en faveur des travailleurs, par exemple celles contenues dans le « programme de Thessalonique ».  

2) Naturellement, la direction de Syriza aurait également pu demander un vote de confiance aux Grecs Indépendants, mais sans pour autant intégrer ce parti dans le gouvernement. Cela aurait permis de vérifier l’engagement « anti-mémorandum » des Grecs Indépendants – engagement qui, selon nous, est superficiel, démagogique et sans consistance. Ce parti se présente ouvertement comme un gardien de l’ordre bourgeois contre les « excès de la gauche ».

3) Si les dirigeants du KKE avaient refusé cet accord programmatique spécifique et temporaire, Syriza aurait alors dû organiser immédiatement de nouvelles élections. En expliquant systématiquement, patiemment, la nécessité d’un gouvernement de gauche majoritaire, les dirigeants de Syriza auraient accru le soutien électoral du parti et conquis une confortable majorité parlementaire.

Ce faisant, les dirigeants de Syriza auraient démontré dans la pratique leur volonté de former un gouvernement de coalition avec le KKE. Or ils n’ont rien fait de tel. Le soir des élections, le camarade Tsipras n’a lancé, dans son discours, aucun appel en direction du KKE. En réalité, il était évident que le choix de la direction de Syriza se portait sur les Grecs Indépendants. Bien sûr, un tel choix a été grandement facilité par le sectarisme du KKE – et la pression de la bourgeoisie. Dans le même temps, la direction de Syriza a rejeté l’éventualité d’organiser de nouvelles élections (ce serait une « anomalie politique », dit-elle).

On comprend parfaitement que de nombreux électeurs de Syriza considèrent les Grecs Indépendants comme de « nécessaires alliés anti-memorandum ». L’expérience dissipera rapidement ces illusions. Mais nous devons ajouter que pour la direction de Syriza, la coopération avec les Grecs Indépendants est une excuse pour ne pas mettre en œuvres les mesures les plus radiales correspondant aux aspirations du peuple. C’est aussi une façon de rassurer les classes dirigeantes grecque et internationale. 

La Tendance Communiste de Syriza appelle les militants du parti à rejeter la prétendue « inéluctabilité » de l’alliance avec le gang bourgeois des Grecs Indépendants. Nous les appelons aussi à :

1: Lutter pour que le gouvernement applique les mesures progressistes et pro-ouvrières du programme électoral de Syriza.

2: Défendre patiemment la nécessité de rompre l’alliance gouvernementale avec les Grecs Indépendants, c’est-à-dire la nécessité d’un gouvernement de gauche majoritaire doté d’un programme socialiste. Il faut en finir non seulement avec la dette – qui doit être annulée – et l’austérité, mais aussi avec le système capitaliste lui-même.

Tendance Communiste de Syriza, le 27 janvier 2015

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