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La crise actuelle est la conséquence du système capitaliste. C’est le résultat d’un système où le pouvoir économique – la propriété des banques, de l’industrie, des services, de la grande distribution, etc. – est concentré entre les mains d’une minorité, d’un système où la production et l’activité économique en général ne se justifient que par le profit qu’ils rapportent à cette minorité. Tandis que les capitalistes ont amassé des fortunes colossales, les travailleurs et la masse de la population subissent les conséquences des opérations spéculatives et frauduleuses des banques et de l’avarice sans bornes du patronat.

Depuis longtemps, pour justifier les privatisations, la dégradation ou la suppression de services publics, les attaques contre les droits et les conditions de vie des travailleurs, les sacrifices imposés aux retraités, aux salariés et aux jeunes, les gouvernements successifs ont expliqué que tout ceci favoriserait l’emploi et la croissance ! Et voilà que nous faisons face à une très grave augmentation du chômage – avec toute la misère et les souffrances qu’il entraîne –, à un véritable effondrement de l’industrie et à une baisse insupportable du pouvoir d’achat, c’est-à-dire de la valeur réelle des salaires.

La crise est le prix que paient les travailleurs (les capitalistes n’en souffrent pas, soyez-en certains !) pour avoir toléré l’existence du capitalisme – mais aussi, il faut dire, pour avoir négligé leurs propres organisations syndicales et politiques, au point de les laisser entre les mains de dirigeants qui se sont adaptés au capitalisme, profitant souvent de places douillettes et prestigieuses dans les institutions, grâce à leur statut de « dirigeants ». Depuis 1981, les dirigeants des partis de gauche ont été au pouvoir pendant 15 ans, dont 8 avec la participation directe du PCF. Ils ont réalisé quelques nationalisations et quelques réformes, au début des années 80. Ensuite, et notamment entre 1997 et 2002, ils ont massivement privatisé, augmentant considérablement l’emprise d’une poignée de capitalistes sur l’économie, et donc sur la société en général.

Les syndicats ont connu une évolution parallèle à celle des partis de gauche. De même que les dirigeants du PS et du PCF ont montré avec quelle facilité ils peuvent passer du réformisme au contre-réformisme, dès qu’ils arrivent aux ministères, les dirigeants des grandes confédérations syndicales sont tous, aujourd’hui, à l’école de la modération. Des individus comme Mailly et Chérèque y ont appris leurs leçons à la perfection. Ils se considèrent, non comme les défenseurs des travailleurs, mais comme les conseillers personnels du chef de l’Etat. A plusieurs reprises, dans ses discours et interviews, Chérèque s’est plaint que le chef de l’Etat ne l’écoutait pas suffisamment. Il lui avait pourtant expliqué qu’il fallait éviter d’ouvrir trop de fronts à la fois, s’il voulait faire passer ses contre-réformes avec un minimum de contestation !

Forte d’une longue tradition de lutte, la CGT regroupe un nombre impressionnant de militants déterminés, dévoués corps et âme à la cause des travailleurs. Mais là encore, au sommet de la confédération, il règne une insupportable mollesse réformiste. On pourrait respecter une direction réformiste qui, ne croyant pas à la nécessité d’un changement révolutionnaire, organiserait et dirigerait de façon énergique et implacable la lutte pour obtenir des concessions. Mais ce n’est pas ce que nous avons à la tête de la CGT, aujourd’hui. Thibault se plaint que le gouvernement ne consulte pas suffisamment les syndicats, ne négocie pas suffisamment les « réformes » (en réalité des contre-réformes draconiennes) mises en œuvre par le gouvernement. Il y a eu des « journées d’actions » pour résister aux attaques du gouvernement, comme par exemple sur la question des retraites ou du CPE. Mais depuis longtemps, aucune lutte sérieuse n’a été organisée, au niveau confédéral, pour obtenir une amélioration significative des conditions de vie des travailleurs, que ce soit en matière de salaires, de droits des salariés, de durée du travail, d’allocations chômage ou de retraites.

Le 29 janvier dernier, 2,5 millions de personnes étaient dans la rue contre la droite et Sarkozy. Ensuite, on leur a dit d’attendre ce que Sarkozy allait dire, le 5 février. Le jour venu, Sarkozy n’a annoncé aucun infléchissement de sa politique. Mais la direction de la CGT a accepté tout de même d’entrer dans le jeu des « consultations » du 18 février. Pour faire pression sur les consultations en question, une nouvelle journée de manifestations a été annoncée pour le 19 mars. Et quelle en sera la conséquence ? Au mieux, il y aura une nouvelle prestation télévisée du Président, dans laquelle il dira qu’il comprend les inquiétudes mais que sa politique ne changera pas ! Et que ferons-nous, après cela ? Une nouvelle journée d’action ? Cette méthode ne mènera à rien, si ce n’est à épuiser les éléments les plus combatifs du mouvement syndical et à convaincre la masse des travailleurs que les syndicats n’ont pas de stratégie sérieuse pour les défendre. Du point de vue du gouvernement, maintenir la fiction de la « concertation » est devenu un enjeu de la plus haute importance. Le gouvernement est assis sur un volcan. Il sait que si le fil des pourparlers entre les directions syndicales et le gouvernement devait se rompre, un mouvement similaire à celui qui a éclaté aux Antilles serait rapidement à l’ordre du jour en France métropolitaine.

Ce ne sont pas les poings levés passant périodiquement devant les fenêtres des capitalistes qui les inciteront à lâcher du lest. Il faut les prendre à la gorge. Et cela signifie, concrètement, l’organisation de grèves massives et illimitées, notamment dans les secteurs clés de l’économie. Des grèves de ce type ne sont pas faciles à organiser, on le sait. Il faut une période de mobilisation, d’explication et de propagande, pour convaincre les travailleurs de leur nécessité. Cependant, comme nous l’écrivions le 13 février dernier : « On nous dit souvent qu’une grève générale, ça “ne se décrète pas” – ça “se prépare”. Mais le problème, c’est qu’elle n’est actuellement ni décrétée, ni préparée. »

Le 19 mars, nous espérons que les mouvements de grève et les manifestations seront de grande ampleur. Mais clairement, même si c’est le cas, cela ne changera rien à la politique du patronat et du gouvernement. Pour avoir un impact, il faudrait que les grèves soient reconduites, dès le lendemain. Un mouvement de grèves illimitées à l’échelle nationale poserait la nécessité de relier les différents secteurs en mouvement, par exemple au moyen de comités de coordination regroupant les délégués syndicaux des différentes entreprises, des hôpitaux, des écoles, etc. Cela placerait la direction du mouvement entre les mains des militants plus proches de la base.

Dans tous les cas, même si les directions confédérales ne changent pas d’orientation et persistent dans la stratégie de la « concertation », un mouvement se déclenchera d’en bas, tôt ou tard, autour de vraies revendications, sur les salaires, pour la défense de l’emploi et des services publics, et sur bien d’autres fronts. Ce qui s’est produit aux Antilles se produira en France métropolitaine. Au cours de son développement, le mouvement sera amené à poser concrètement, comme une tâche pratique et immédiate, la question de la propriété des entreprises et de l’économie en général. A ce moment-là, le programme que défend La Riposte – pour la nationalisation des banques, de l’industrie et de la grande distribution, sous le contrôle démocratique des travailleurs – se confondra avec les idées et les aspirations d’une partie importante du mouvement ouvrier français, à commencer par le PCF et la CGT.

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