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STEF est le leader européen de la logistique et du transport de marchandises pour la grande distribution. Il y a six ans, le groupe a ouvert un entrepôt à Montbartier, dans le Tarn-Et-Garonne. Il y emploie plus de 300 salariés et dessert les magasins d’Intermarché dans tout le Sud-Ouest, d’Agen à Argelès-sur-Mer.

Le 16 décembre dernier, les salariés de cet entrepôt ont commencé une grève pour exiger une augmentation immédiate des salaires et une amélioration de leurs conditions de travail, les cadences n’ayant cessé de s’intensifier au fil des ans. Après plus de 40 jours de grève, ils ont obtenu gain de cause sur une partie de leurs revendications.

Une situation intenable

Cette grève a mûri pendant des années, sous la surface. Contacté par Révolution, Christophe Couderc, le secrétaire de la CGT du Tarn-et-Garonne, nous a expliqué que les salaires des travailleurs de STEF étaient inférieurs de 100 à 300 euros aux salaires des autres entreprises des environs. Pendant ce temps, le groupe annonçait plus de cent millions d’euros de bénéfices en 2019, et un chiffre d’affaires en hausse de près de 6 % la même année. En plus des bas salaires, les conditions de travail étaient déplorables, comme l’ont fait savoir les salariés, et plusieurs manquements au Code du travail ont eu lieu. Par exemple, la CGT a découvert que certains employés travaillaient plus de cinquante heures par semaine.

Christophe Couderc souligne qu’en l’espace de quatre ans, il y a eu trois suicides parmi les travailleurs de STEF : « il n’y a pas eu de lien prouvé entre l’entreprise et les suicides, mais quand trois salariés se suicident en quatre ans, ça pose quand même des questions. » Il ajoute que « trois femmes ont été victimes de fausses couches dans le même service », et témoigne également de cas de harcèlement moral envers des travailleuses de l’entreprise.

Le management est très brutal ; la situation quotidienne des salariés est difficile. La température dans laquelle ils travaillent est de -15 °C pour les équipes s’occupant des produits surgelés, et ne dépasse jamais les 3 °C pour tous les autres, en été comme en hiver. Cerise sur le gâteau de l’exploitation, les travailleurs nous ont expliqué qu’ils devaient demander la permission avant d’aller aux toilettes, sous peine de sanctions.

En plus de ces conditions de travail très rudes, les salariés ont l’habitude de découvrir au dernier moment les horaires de la fin de leur service, qui fluctuent entre 20h et 23h. Des changements de planning sont imposés sans respect des délais légaux. Lors du premier confinement, la direction de STEF a passé deux semaines sans appliquer les consignes sanitaires et sans garantir les moyens nécessaires pour protéger les salariés du virus. Tous ces éléments décuplaient le stress des salariés, qui étaient obligés de se plier aux caprices de la direction et de mettre leur vie privée de côté.

Un exemple

La grève a été longue et difficile. La direction a utilisé tous les moyens à sa disposition pour faire taire les syndicalistes et empêcher la mobilisation. Pendant plusieurs semaines, elle a fait l’autruche et refusé de négocier avec les grévistes, alors même que l’entreprise connaissait une augmentation importante de son activité, du fait de la pandémie. Sept salariés sont allés jusqu’à commencer une grève de la faim pour faire réagir la direction du site.

Les travailleurs ont tenu bon – et le 25 janvier, un protocole de fin de conflit était signé. Les salariés ont obtenu une augmentation de salaire de 50 euros, immédiatement, le maximum légal en panier repas et une prime de transport journalière. Ils ont également obtenu une prime de reprise du travail de 150 euros.

Cette bataille est terminée, mais la lutte continue, car les grévistes n’ont pas obtenu satisfaction sur l’ensemble de leurs revendications. Les choses sont bien engagées : une majorité d’entre eux a rejoint les rangs de la CGT dès la fin de la grève, ce qui confirme leur état d’esprit combatif. Cette détermination des grévistes est un exemple pour tous les salariés qui souffrent de leurs conditions de travail.

La situation de la STEF à Montbartier n’est pas un cas isolé, bien sûr. Dans le secteur de la logistique, de plus en plus de salariés font entendre leur colère. Sous l’impact de la crise, notre classe va se mettre en mouvement dans tous les secteurs. Pour faire face à l’offensive de la bourgeoisie contre nos droits, nos conditions de vie et nos conditions de travail, la riposte du mouvement ouvrier doit être générale et organisée nationalement. Seule une lutte conjointe de tous les secteurs pourra faire échec au programme de casse sociale et d’austérité qui nous est imposé par la classe dirigeante.

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