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L’occupation d’une partie de Gaza et l’intensification des bombardements des territoires palestiniens par l’aviation, la marine et l’artillerie terrestre d’Israël marque une nouvelle étape dans la répression meurtrière qui frappe le peuple palestinien. Les déclarations de Sharon, traitant l’Autorité palestinienne de "gouvernement ennemi dont les forces armées doivent être détruites par Israël" indique qu’il mise sur la terreur et la mort pour intimider et finalement étouffer l’intifada. Cependant, c’est l’effet inverse qui s’est produit. Face à un adversaire extrêmement puissant, malgré les conséquences dramatiques du blocus économique, et au prix de centaines de morts et de milliers de blessés, les Palestiniens se battent avec un courage et une énergie révolutionnaire inébranlables.

La démarche de Sharon est vouée à l’échec. En effet, si les bombardements et les agressions militaires pouvaient rapidement mettre fin à l’Intifada et permettre à Arafat, après avoir négocié un nouvel "accord" au détriment des Palestiniens, de régner paisiblement sur un champ de ruines tout en coopérant avec Israël pour assurer le maintient de l’ordre dans les territoires - ce qui était le contenu réel des accords de Madrid - Sharon pourrait alors crier victoire. Mais ceci est impossible.

L’utilisation d’hélicoptères, de navires de guerre, et d’avions relèvent d’un problème qui est davantage politique que militaire. Des troupes terrestres israéliennes peuvent, sans trop de difficulté, traverser des zones sous autorité palestinienne, mais s’y installer dans la durée est une autre paire de manches. Le nombre de soldats israéliens qui seraient tués au cours d’une telle occupation, même s’il était relativement faible, serait néanmoins suffisant pour miner le gouvernement de Sharon , et ferait chuter la coalition fragile dont dépend son gouvernement. L’occupation de plusieurs zones précédemment sous autorité palestinienne ne mettrait pas fin à l’Intifada, et donc, du point de vue d’Israël, ne résoudrait rien.

L’administration américaine est extrêmement préoccupée par les dernières évolutions de la situation au Proche-Orient. Dans le passé, pendant la "guerre froide", les États-Unis avaient donné un soutien sans faille à Israël en tant que rempart contre l’influence de l’Union Soviétique dans la région. Avec l’effondrement de l’URSS, les orientations de la diplomatie américaine se sont modifiées. Les États-Unis ont fait pression sur les gouvernements israéliens successifs pour qu’ils fassent des concessions aux Palestiniens. De cette façon, les États-Unis voulaient protéger ses intérêts stratégiques et pétroliers dans la région, maintenir les dictatures dans les pays du Golfe, notamment en Arabie Saoudite, tout en assurant l’isolement de l’Irak. Cependant, aujourd’hui, aucun de ces objectifs n’est atteint. L’embargo contre l’Irak se disloque ; le régime, en Arabie Saoudite, est de plus en plus miné de l’intérieur, et la région toute entière est plus instable que jamais, socialement et politiquement. C’est dans ce contexte que le Parti "Travailliste", lorsque la politique de Sharon se trouvera dans une impasse, se présentera comme une relève possible au service des orientations américaines. Le Likoud et Sharon sont, pour ainsi dire, la botte droite de l’impérialisme, et les travaillistes celle de gauche. Dans le fond, les deux partis poursuivent les mêmes fins.

Arafat, quant à lui, veut "négocier" avec Sharon. L’Intifada a été déclenchée par un peuple exaspéré en réaction aux compromis successifs d’Arafat et de ses acolytes corrompus, compromis qui se sont avérés désastreux pour le peuple lui-même. Selon les accords de Madrid et d’Oslo, Arafat devait veiller à ce que le peuple palestinien accepte l’inacceptable. Les territoires dits "autonomes" n’ont en réalité aucune viabilité économique et sociale, et sont complètement encerclés par Israël.

Si Arafat se permet de déclarer de temps en temps que "l’Intifada se poursuivra", c’est tout simplement qu’il n’arrive pas à l’arrêter. Aujourd’hui même, en pleine campagne de bombardement, et pendant que les Palestiniens comptent leur morts tous les jours, les services d’Arafat rencontrent régulièrement le représentant du Mossad pour "réduire la violence là où c’est possible" ! L’Intifada peut réussir, mais à condition de s’émanciper de la direction d’Arafat et de s’étendre au-delà des territoires, jusqu’aux pays arabes, alentours, et en Israël même, par le biais de sa population arabe.

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