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La réforme des rythmes scolaires de l’école primaire – maternelle et élémentaire – sera appliquée dans toutes les écoles publiques à partir de la rentrée 2014. Elle est entrée en vigueur à la rentrée 2013, mais ne concernait alors que 4000 communes (sur 36 000).

Élaborée par les ex-ministres de l’Éducation Vincent Peillon et Benoît Hamon, cette réforme s’inscrit dans le cadre de la loi sur la « refondation de l’École de la République ». Dès la campagne électorale de 2012, François Hollande avait exprimé la volonté de faire de l’Éducation Nationale une « priorité », en commençant par l’école primaire.

Désormais, le nombre de jours travaillés dans la semaine passe de 4 à 4,5, soit 9 demi-journées, mercredi matin inclus. Les cours fondamentaux auront lieu le matin. L’après-midi sera réservée à des activités périscolaires et éducatives (sportives, culturelles, artistiques), dont une partie – 3 heures – sera prise en charge par les municipalités. Pour que les municipalités puissent financer les biens et le personnel n’appartenant pas à l’Éducation Nationale et intervenant dans les écoles, un fonds spécifique exceptionnel de 250 millions a été alloué aux communes. Mais cette somme s’est immédiatement révélée insuffisante.

Cette réforme touche une grande partie de la population. Parents, élèves, enseignants, animateurs des activités périscolaires, personnel de service, fonctionnaires des mairies : tous n’ont pas accueilli favorablement cette réforme, bien au contraire. Depuis 2013, la contestation a pris la forme de grèves et de mobilisations – au-delà des seuls enseignants.

L’hostilité des enseignants est plus que justifiée : loin de la « priorité » affichée et des promesses du candidat Hollande en 2012, la réforme esquive toutes les questions de fond : salaires, classes surchargées, contenus et méthodes d’enseignement. Les salaires ne seront pas réévalués. Les enseignants devraient donc se contenter de la réforme minimale de leur formation et de la création de nouveaux postes. Or à ce stade, les quelques milliers de postes créés ne sont qu’une goutte d’eau dans l’océan : le ratio enseignant/nombre d’élèves n’a pas changé. Le sentiment de trahison domine.

Par ailleurs, une majorité de municipalités, dont de nombreuses grandes villes, a annoncé qu’elle est incapable d’appliquer la réforme. A Marseille, rien n’est prêt pour l’organisation des activités du vendredi après-midi ; les parents d’élèves vont devoir s’organiser autrement. A Lyon, 3 millions d’euros seront à la charge des parents pour encadrer les activités périscolaires.

La situation est donc la suivante : l’État charge les municipalités du financement et de l’organisation des services publics, mais celles-ci, n’ayant pas les moyens financiers adéquats, demandent à la population de payer la différence. Devant nos yeux se dévoile l’un des symptômes les plus visibles de la crise du capitalisme : les travailleurs doivent financer ce que le système ne peut plus se permettre.

La majorité des parents d’élèves s’est prononcée contre les nouveaux rythmes scolaires, qui bouleversent leur vie familiale. Tout au long de l’année 2013-2014, les syndicats de parents d’élèves et des comités citoyens créés pour l’occasion se sont mobilisés aux côtés des enseignants. Un des effets fortement dénoncés de la réforme est la hausse exceptionnelle du tarif horaire de la garderie d’enfant, qui pèse de façon catastrophique sur les familles qui y ont recours. Encore une fois, les familles devront payer un service que l’État devrait assurer. Dans de nombreuses familles n’ayant pas les moyens de payer, c’est l’un des deux parents – généralement la femme – qui devra s’occuper des enfants au lieu d’aller travailler.

Lors de sa prise de fonction, la nouvelle ministre de l’Éducation, Najat Vallaud-Belkacem, a parlé de son « aversion profonde pour les polémiques stériles » autour des réformes de ses prédécesseurs. Nier la réalité ne sauvera pas la ministre d’un large mouvement de protestation dans l’Éducation Nationale sur cette question – et d’autres. En cette rentrée 2014, le mécontentement et les mobilisations ne sont pas près de s’éteindre. Trois syndicats de l’Éducation Nationale – la CGT Éduc’action, FO et Sud Éducation – ont déposé un préavis de grève à partir du 2 septembre. Le samedi 6 septembre, une manifestation est prévue à Paris.

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