120 militants et sympathisants communistes ont assisté à la réunion fondatrice du réseau Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme, le samedi 30 janvier, à Paris. Il y avait des camarades d’une quinzaine de départements : le Finistère, la Haute-Garonne, les Deux-Sèvres, le Rhône, le Gard, l’Allier, l’Aisne, la Seine-Maritime, le Territoire de Belfort, la Meuse et la plupart des départements d’Ile de France. L’ambiance et les débats furent excellents.
La crise du capitalisme et l’actualité du marxisme
L’après-midi était constituée de trois sessions distinctes entrecoupées de pauses. Alan Woods, éditeur de www.marxist.com et fondateur de la campagne internationale Pas touche au Venezuela !, a ouvert la réunion par un exposé sur « la crise du capitalisme et l’actualité du marxisme ». Il a commencé d’une façon assez originale : « Bienvenue aux funérailles ! Le marxisme est mort. Le communisme est mort. Comment je le sais ? Je le sais parce que je le lis tous les jours dans la presse ; je l’entends tous les jours à la radio ; je le vois tous les jours à la télévision. » Puis il a rappelé ce que disait Joseph Goebbels, le ministre de la propagande d’Hitler : « Si vous mentez, ne choisissez pas un petit mensonge. Dites un énorme mensonge, le plus grossier possible. Et répétez-le sans cesse : il finira par passer. » C’est exactement ce que font les médias et les intellectuels pro-capitalistes qui, jour après jour, répètent que le communisme et le marxisme ne sont plus d’actualité.
Alan a souligné la faillite des économistes bourgeois. Pendant des années, ceux-ci nous ont expliqué qu’il n’y aurait plus de crises du capitalisme, que le cycle économique avait été aboli. Et voilà que nous faisons face à la crise la plus profonde depuis les années 30 ! « Ce n’est pas seulement une crise du crédit », a précisé Alan. « C’est une crise classique de surproduction. Il y a trop de marchandises, trop de forces productives par rapport à la demande. Même les économistes bourgeois sont obligés de le reconnaître. Certes, ils ne parlent pas de "surproduction" : cela sonnerait trop marxiste. Ils parlent de "surcapacité". Mais c’est exactement la même chose. »
Le camarade a alors expliqué qu’il y aurait nécessairement une reprise de l’économie, à un certain stade : « Comme l’expliquait Lénine dans les années 20, il n’y aura jamais de "crise finale" du capitalisme. Le capitalisme se relèvera toujours de la pire des crises – jusqu’à ce qu’il soit renversé par l’action collective et consciente des travailleurs, avec à leur tête un Parti Communiste ». Pour autant, il ne faut pas s’attendre à ce que la reprise économique s’accompagne d’une amélioration sensible du niveau de vie des masses. On ne retrouvera pas tous les emplois supprimés pendant la récession. Par ailleurs, les capitalistes présenteront aux travailleurs la note des énormes déficits publics. Des contre-réformes et des coupes draconiennes sont à l’ordre du jour. « Et il ne faut pas s’imaginer que la classe ouvrière française l’acceptera passivement ! De grandes luttes sont à l’ordre du jour. Il faut s’y préparer et y préparer le Parti Communiste. Il faut renouer avec les idées de Marx et de Lénine ! » Alan a abordé de nombreux autres thèmes : la révolution bolivarienne, le début de la révolution iranienne, etc. Son discours a été très chaleureusement applaudi.
Lors du débat qui a suivi, un militant communiste iranien, Bijan Rastegar, a souligné l’extraordinaire importance des événements qui secouent l’Iran : « si le régime d’Ahmadinejad tombe, cela aura des répercussions révolutionnaires dans toute la région ». Allain Duguet, militant du PCF à Alès, dans le Gard, est intervenu pour se féliciter de cette réunion et appeler les camarades à en tenir de semblables dans tout le pays. Parmi les intervenants, relevons aussi ce militant « d’extrême gauche » qui a reproché aux manifestants iraniens de crier « Allah est grand ! », dans les manifestations, puis a fait rire la salle en exhortant tous les camarades présents à… « quitter le PCF » ! Dans sa conclusion, Alan lui a répondu qu’il y a de très nombreux musulmans, en Iran, ce qui explique sans doute les slogans religieux, sur les manifestations… Puis il a ajouté : « nous devons nous adresser à la classe ouvrière réelle, la classe ouvrière d’ici-bas – et non pas à une classe ouvrière imaginaire, "parfaite", ou encore à la classe ouvrière de la planète mars, que nous avons d’ailleurs les plus grandes difficultés à contacter ! » Alan a conclu en appelant tous les camarades présents à nous aider dans notre travail pour renforcer le PCF et l’armer d’un programme et d’une politique marxistes.
L’avenir du PCF : marxisme ou réformisme
La deuxième session était introduite par Jérôme Métellus, membre du PCF de Paris et rédacteur à La Riposte. Il a parlé sur le programme et les perspectives du parti. Après avoir brièvement dressé le bilan catastrophique de la politique du gouvernement Sarkozy, qui a amplifié les effets de la crise, Jérôme a souligné que cette situation place le PCF devant de grandes responsabilités : « Nous pensons que le PCF peut et doit jouer un rôle décisif dans la lutte pour en finir avec le système capitaliste ». Il a ajouté : « Je sais bien que cette idée n’est pas très à la mode. Lorsque le PCF est évoqué, dans la presse ou à la télévision, c’est presque toujours pour en annoncer la mort prochaine. Quand cette idée vient de nos adversaires, des médias et des intellectuels bourgeois, c’est dans l’ordre des choses. Ils sont dans leur rôle. Le vrai problème, c’est que cette idée a gagné du terrain dans les sommets du parti lui-même. Beaucoup de dirigeants du parti pensent que le communisme est "dépassé", qu’il faut "inventer autre chose" Quoi donc ? On ne sait pas : c’est toujours en cours d’invention ! »
Comme Jérôme l’a expliqué, le PCF a connu plusieurs phases de déclin sévère, au cours de son histoire. Alors qu’il est sorti du congrès de Tours avec 100 000 adhérents, en 1920, le parti est tombé à moins de 10 000 adhérents, en 1930. C’était le résultat de la politique sectaire de la direction du parti, qui, sur injonction de la bureaucratie naissante, à Moscou, annonçait la chute imminente du capitalisme et qualifiait les socialistes de « social-fascistes ». Cependant, dans la foulée des grandes grèves de 1936, le PCF s’est rempli de travailleurs éveillés à la lutte de masse, et comptait près de 400 000 adhérents en 1937. De même, lors de l’entrée de la France dans la deuxième guerre mondiale, le parti fut de nouveau réduit à quelques milliers d’adhérents, du fait notamment des conséquences désastreuses du pacte germano-soviétique sur la « ligne » officielle du parti. Et pourtant, c’est le même parti qui, en 1944, a libéré Paris de l’occupant nazi. Le PCF était de loin la principale force de la Résistance, et a vu ses effectifs gonfler jusqu’à 500 000 adhérents.
« Ainsi, l’histoire du parti est liée aux flux et aux reflux de la lutte des classes », a résumé Jérôme. « Cependant, les rapports entre la lutte des classes et l’évolution du parti n’ont rien d’automatiques et de mécaniques. Ici, la politique de la direction joue un rôle déterminant. Par exemple, entre 1995 et 2007, la France a connu toute une série de mobilisations massives : la grande grève de décembre 95, la mobilisation contre la guerre en Irak, la lutte de 2003 pour défendre les retraites, la lutte contre le CPE, plusieurs mobilisations massives des lycéens et des étudiants – entre autres. Or, sur la même période, le PCF a poursuivi son déclin, sur tous les plans. Le problème n’était pas dans les conditions objectives, mais dans le parti lui-même : dans la politique erronée de sa direction ».
Jérôme a notamment évoqué la politique des dirigeants du parti à l’époque du gouvernement Jospin, lorsque le ministre « communiste » Jean-Claude Gayssot privatisait Air France et l’Aérospatiale, notamment. « Mais aujourd’hui que le PCF est dans l’opposition, le problème reste entier. Les gens ne voient pas de différence fondamentale entre le programme du PS et celui du PCF. Le fait est que le PCF ne remet plus en cause la propriété capitaliste des banques et des grands groupes industriels. C’est la plus grosse carence, dans le programme du parti. »
Enfin, Jérôme a expliqué la nécessité de relancer la discussion sur les idées fondamentales du marxisme, dans le parti : « Ce doit être la première mission de ce réseau que nous constituons, aujourd’hui. Chaque fois que La Riposte a organisé une réunion sur un aspect de la théorie marxiste, les camarades du parti étaient très enthousiastes. Il faut multiplier ces réunions. Partout, des communistes doivent prendre en main ce travail. Les échéances électorales et les questions tactiques occupent une trop grande place, dans les discussion internes du parti. Cela se fait au détriment du débat sur les idées, sur le programme – et aussi sur les grands développements de la lutte des classes à l’échelle internationale. Combien de sections ont mis les événements en Iran et au Venezuela à l’ordre du jour de leurs discussions ? Très peu. Il faut corriger cela. N’oublions pas que le communisme est, par essence, un internationalisme. » Jérôme a conclu en appelant les camarades à construire le réseau, à le développer, à le tourner vers l’extérieur – et à entraîner un maximum de camarades dans ce travail pour rétablir les idées du marxisme dans le parti.
Lors du débat qui a suivi, de nombreuses questions ont été soulevées : sur la nécessité d’inscrire la nationalisation de toutes les banques dans le programme du parti, sur l’impact de la chute de l’URSS sur le mouvement communiste, sur le rôle des élus du PCF, etc. Sur ce dernier point, plusieurs camarades ont souligné le divorce croissant entre les militants du parti et nombre d’élus communistes. Dans sa conclusion, Jérôme a répondu que « c’est un problème très largement ressenti, dans le parti. Beaucoup d’élus du parti – mais pas tous, loin de là – jouent un rôle disproportionné dans la vie et la politique du parti. Et le sentiment domine que les sections ne contrôlent pas l’activité et la politique que mènent ces élus. Cela doit changer. Il faut faire en sorte que les élus soient sous le contrôle des militants ».
Le PRC et la lutte contre Berlusconi
La dernière session était introduite par notre camarade Francesco Giliani, secrétaire de la section du PRC de Modena, en Italie, et rédacteur à Falce Martello, le journal de l’aile marxiste du PRC. Le thème en était la lutte des classes et le mouvement communiste italiens. Francesco nous a d’abord donné quelques éléments sur la crise particulièrement sévère qui frappe le capitalisme italien, « l’un des plus fragiles et les plus malades d’Europe ». Il a expliqué comment « la classe dirigeante et le gouvernement Berlusconi cherchent à diviser les travailleurs en alimentant les sentiments racistes contre les travailleurs immigrés » – exactement comme en France avec le « débat » sur « l’identité nationale » et la burqa. Or, en l’absence d’une alternative claire et offensive du côté des dirigeants de la gauche et des syndicats, cette campagne raciste marque des points dans une section de la classe ouvrière italienne. Francesco a raconté comment en janvier, le gouvernement a envoyé l’armée et la police « restaurer l’ordre » à Rosarno, dans le sud du pays, lorsque des milliers de travailleurs agricoles d’origine étrangère se sont soulevés contre le harcèlement raciste et les conditions de travail inhumaines dont ils étaient victimes.
Nos camarades de Falce Martello ont joué un rôle décisif dans le tournant à gauche amorcé par le PRC (Parti de la Refondation Communiste), lors du dernier congrès de ce parti, en juillet 2008. Paolo Ferrero, le nouveau secrétaire général du parti, avait constitué une majorité en s’engageant à mettre un terme au processus de liquidation du PRC – et en affirmant que le PRC devait rejeter toute forme d’alliance avec le Parti Démocrate (PD), un parti pro-capitaliste issu de la fusion du PDS (social-démocrate) et d’un parti du « Centre » dirigé par d’anciens Chrétiens-démocrates et autres représentants du capitalisme italien. Un an et demie plus tard, Paolo Ferrero a renié les engagements du congrès de 2008. D’une part, il relance le processus de liquidation du PRC. Il cherche à former une « Fédération » agrégeant au PRC de petites organisations qui se tiennent toutes sur la droite du PRC. D’autre part, la direction du parti s’est lancée dans une politique d’alliance avec le Parti Démocrate, à l’occasion des prochaines élections régionales. « Cette politique passe très mal, à la base du parti. Des camarades qui étaient revenus au parti, en 2008, refont à présent le chemin inverse. Mais la question n’est pas tranchée. L’opposition à ce virage droitier ira en s’intensifiant, à la base du parti, et les camarades de Falce Martello y prendront toute leur part. »
C’est à Greg Oxley, du PCF Paris et de La Riposte, qu’est revenu le mot de la fin. Dans sa conclusion à cette magnifique après-midi de discussions et de débats, Greg a appelé les camarades à redoubler d’efforts pour donner la plus large audience à nos idées marxistes, dans le PCF et le mouvement ouvrier en général. Il a rappelé le slogan de Lénine : « expliquer patiemment ! » Puis les camarades ont chanté l’Internationale et – sous la direction de Francesco – Avanti Popolo, avant de poursuivre les débats autour d’un verre et de sandwichs.
Cette réunion a suscité beaucoup d’enthousiasme. A présent, il faut s’appuyer sur ce succès et développer le réseau Renforcer le PCF, renouer avec le marxisme dans toutes les régions du pays. Les camarades doivent le prendre en main ! Tous ceux qui veulent s’impliquer dans ce travail peuvent nous contacter à :