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Réforme universités

La réforme des universités élaborée par Geneviève Fioraso, secrétaire d’État à l’enseignement supérieur et à la recherche (ESR), est en marche. Les étudiants, les enseignants-chercheurs et les personnels d’universités en subissent déjà les conséquences. Elle se traduit par une baisse de la qualité de la recherche scientifique et de l’enseignement supérieur.

Réussite étudiante et rentabilité

Adoptée en juillet 2013, la loi Fioraso prévoit de regrouper les universités françaises et les établissements supérieurs publics et privés en grands « pôles universitaires », dans le but affiché de « décloisonner » l’enseignement supérieur. Les établissements doivent se rassembler en communauté d’universités et établissements (COMUE) pour mutualiser leurs moyens au sein d’un même territoire. Ces fusions donnent surtout au ministère l’opportunité de réduire sa masse salariale. Sous couvert de faire de l’université française un pôle d’attractivité au niveau international, l’objectif caché de cette réforme est de réduire le budget global de l’ESR, en faisant peser toujours plus de travail sur toujours moins de salariés. Par ailleurs, la « simplification de l’offre de formation » se traduira par la suppression de nombreuses filières. De belles économies en perspective pour notre gouvernement !

Les partisans de cette réforme – les dirigeants du PS et une partie des présidents d’universités – affirment qu’elle rendra l’université plus efficace et favorisera la réussite étudiante. Le gouvernement n’a-t-il pas fait de la jeunesse sa priorité suprême, officiellement ? Or le secrétariat d’État à l’ESR lui-même publiait, en septembre, des statistiques sur les taux de réussite étudiante par université ; elles montrent que ce sont les petites universités qui obtiennent les meilleurs résultats. Ces chiffres vont donc à l’encontre de la logique de fusion des établissements supérieurs. Concrètement, centraliser les filières au sein de chaque territoire conduira les étudiants à choisir leur orientation sous la contrainte – et, pour certains, à renoncer à un cursus pour des motifs géographiques. Un bon choix d’orientation est pourtant une des premières conditions de la réussite étudiante.

De leur côté, les chercheurs manifestaient, le 17 octobre dernier, contre la précarisation de leur secteur d’activité. Ils passent désormais de plus en plus de temps à gérer des questions administratives et financières, au détriment de la recherche. Les contrats précaires se multiplient et les moyens alloués hors ressources humaines sont souvent insuffisants. Conséquence : la recherche stagne. La ministre Fioraso nie le problème, donnant pour preuve les distinctions d’excellences obtenues par les chercheurs français, ces dernières années. Mais elles sont le fruit des recherches des dernières décennies !

Privatisation de l’enseignement supérieur

Depuis la loi LRU sur l’autonomie budgétaire des universités, elles sont contraintes de raisonner de manière économique, au détriment de la qualité de l’enseignement et du droit à une éducation supérieure pour tous. Progressivement, les universités ont multiplié les partenariats privés. Certaines ont sensiblement augmenté leur frais d’inscriptions.

La loi Fioraso continue sur cette lancée : les COMUE ont pour vocation de regrouper aussi bien les établissements publics que privés. La réforme cherche également à multiplier les partenariats industriels dès le premier cycle universitaire. Le ministère réaffirme sa volonté de faire participer aux conseils d’administration des « personnalités extérieures issues du monde socio-économique » (article 25 et 26 de la loi).

Les partisans de la loi vantent l’uniformisation des intitulés de diplômes à l’échelle nationale. Ils affirment que cela donne aux diplômes français une meilleure visibilité internationale. Mais si la nomenclature est identique, le contenu des formations est désormais décidé au niveau de la COMUE, dont le conseil d’administration est constitué à 40 % de membres non élus. Ces « personnalités extérieures issues du monde socio-économique » auront tout le loisir d’adapter le système éducatif aux besoins de leurs entreprises, au détriment d’un enseignement général de qualité. Cela conduira immanquablement à d’énormes disparités d’enseignement d’un territoire à l’autre. Parallèlement à ces mesures de privatisation larvée, les étudiants n’obtiendront pas plus de garanties d’emploi à la fin de leurs études.

La loi Fioraso nous conforte dans l’idée que le gouvernement PS n’a rien à envier à l’UMP en termes de politique pro-capitaliste. Elle est dans la continuité de la loi LRU instaurée sous le gouvernement Sarkozy en 2007, qui actait l’autonomie budgétaire des universités. La réforme Fioraso ne peut se comprendre que comme une composante de la politique d’austérité imposée par le gouvernement. Le système ne voit dans nos services publics qu’un gouffre financier ; il œuvre donc à les détruire progressivement, de l’intérieur.

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