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Meeting PCF

La France sombre progressivement dans une profonde crise économique. La classe capitaliste s’efforce par tous les moyens de défendre ses intérêts en s’attaquant à l’emploi, aux salaires et aux conditions de travail, aux retraites, à la sécurité sociale et aux services publics. Depuis 1997, en particulier, l’essor des luttes sociales est impressionnant. Chaque année successive depuis cette date a vu une croissance importante du nombre de jours de grève, dans le secteur privé comme dans le secteur public, et les conflits sociaux ont atteint une ampleur inconnue en France depuis la grande vague de grèves de 1974-1975. Parmi les grévistes et les manifestants se trouvent des centaines de milliers de travailleurs qui s’engagent dans la lutte pour la première fois. En effet, ce n’est que par une action collective et déterminée que les salariés peuvent espérer résister à la pression sans relâche qui s’exerce contre les acquis sociaux.

Dans ces conditions, un parti réellement communiste, en dépit d’éventuelles erreurs d’appréciation ou de telle ou telle maladresse, devrait normalement pouvoir avancer à grand pas, pourvu que son programme, son action, et son approche générale à l’égard du mouvement ouvrier soient en phase avec les aspirations et les besoins pratiques des travailleurs en lutte. Or, c’est précisément au cours de cette même période que le PCF a connu un véritable effondrement de son implantation dans le salariat, dans le mouvement syndical, et dans la société en général. Pour les militants du parti et de la Jeunesse Communiste, il est absolument indispensable de rompre avec cette spirale descendante. Or, chercher l’explication de nos difficultés dans le comportement des dirigeants du PS, dans des « évolutions sociologiques », ou encore dans les « innovations récentes » - réelles ou imaginaires - du capitalisme, c’est faire fausse route. L’origine des difficultés que connaît le PCF réside incontestablement dans le parti lui-même, et avant tout dans la stratégie, le programme, les priorités et les méthodes de son actuelle direction. Un nombre considérable des militants communistes - sans doute la majorité - est persuadé que l’affaiblissement du parti est dû à la perte de son identité révolutionnaire. S’il regarde la réalité en face, chaque militant communiste sérieux comprendra que si la politique nationale et internationale du PCF ne se distingue pas clairement de celle du Parti Socialiste, si elle ne présente pas une perspective, un programme et une stratégie de lutte sérieuse pour accomplir une transformation révolutionnaire de la société, elle condamnera à tout jamais le parti - par-delà les hauts et les bas conjoncturels de ses performances électorales - à n’être que la cinquième roue du carrosse social-démocrate. Ce n’est qu’en s’adressant sérieusement à cette question, celle du programme du parti, que nous pouvons le renforcer et le rendre capable de jouer le rôle majeur - voire décisif - qui doit être le sien dans les luttes qui s’imposent face à la crise du système capitaliste.

Le recul du PCF n’a rien d’inéluctable. Les différentes organisations dites d’« extrême gauche » - comme la LCR ou LO - se réjouissent de ce qu’elles considèrent comme la mort prochaine du parti. Mais La Riposte, qui fait partie intégrante du mouvement communiste, se dissocie totalement de cette attitude typiquement sectaire et négative. En vérité malgré les revers qu’il a subi dans la dernière période, le PCF dispose encore de réserves sociales très importantes, et en tout cas incomparablement plus importantes que les différents groupements qui rêvent de l’enterrer. Le recul du parti s’explique essentiellement par l’abandon du programme et des principes du communisme, et ce problème doit être résolu. La politique réactionnaire de Chirac et du gouvernement Raffarin ouvre à notre avis la possibilité d’un redressement du PCF en termes d’adhésions et d’implantation syndicale et populaire. Le recrutement d’un nombre considérable de nouveaux adhérents depuis juin 2002, notamment chez les Jeunes Communistes, est une indication de notre considérable potentiel de développement. Mais un redressement « par défaut » du parti, c’est-à-dire découlant du simple fait de son opposition au gouvernement de droite, ne durera pas. Pour placer le développement du PCF sur des bases solides et durables, il est absolument indispensable d’y rétablir les idées du marxisme et le programme de la révolution socialiste. C’est la clé du futur du PCF.

Selon les instances dirigeantes, le 32e congrès devait être l’occasion de tirer « sans complaisance » les enseignements de la défaite cinglante du parti aux élections présidentielles et législatives de 2002 où, on le sait, il a réalisé son plus bas score depuis 1920. Or, il se trouve, au contraire, que le 32e congrès n’a débouché sur aucune modification significative de la politique du parti. Le texte d’orientation adopté par ce congrès ne fournit aucune analyse sérieuse des raisons de l’affaiblissement du PCF. Il ne présente pas non plus un programme qui ressemble, de près ou de loin, à un projet communiste digne de ce nom. A vrai dire, ce document confus et insipide est imprégné du premier jusqu’au dernier mot d’un réformisme d’un genre particulièrement timide. Si quelques vagues allusions sont faites à la socialisation des moyens de production en tant qu’objectif ultime, le contenu politique du texte lui-même est en contradiction flagrante avec la théorie, le programme et méthodes d’une politique authentiquement communiste. Il s’agit, en somme, non pas d’un texte d’orientation, mais d’un texte de désorientation, à l’image d’une direction qui ne s’encombre ni de principes révolutionnaires, ni de théorie marxiste, et dont le « pragmatisme » a conduit le parti à la débâcle de 2002.

Dans le texte, la direction du parti reconnaît d’emblée sa responsabilité dans les « espoirs déçus » et « l’absence d’une perspective crédible » qui ont rendu possible la victoire de la droite en 2002. Elle promet un « diagnostic lucide et courageux des causes de notre échec » et une « définition claire d’un projet communiste de notre temps ». La partie du document qui sonne la plus vraie est indiscutablement celle où la direction étale son désastreux bilan. Elle s’accuse d’avoir « sous-estimé le potentiel de contestation anti-capitaliste dans les mouvements sociaux », au point de creuser un fossé entre les travailleurs et le parti. Elle avoue s’être davantage préoccupée des enjeux de sommet - postes ministériels, carrières politiques, relations avec la direction du PS, etc. - que des intérêts des travailleurs, et ne pas avoir sérieusement contesté les mesures de régression sociale et les privatisations mises en œuvre par le gouvernement Jospin.

Cette partie du document constitue un aveu tout à fait accablant, de la part de la direction, de sa propre faillite. Cependant, la liste des capitulations avouées est malheureusement loin d’être exhaustive. Par exemple, aucune mention n’est faite de l’approbation, de la part des dirigeants du parti, des agressions impérialistes contre l’ex-Yougoslavie et l’Afghanistan. En tout état de cause, le lecteur qui se laisserait bercer par l’apparente franchise de ce chapitre, au point d’imaginer qu’elle implique un changement radical dans la politique de la direction, serait cruellement déçu par la suite.

A vrai dire, ce n’est pas la première fois que nous avons droit à un semblant de mea culpa de la part des instances dirigeantes du parti, pour qui c’est même devenu un mode de fonctionnement quasi permanent. A chaque nouvelle marche descendante dans la baisse du parti sous son égide, la direction annonce qu’il faut « moderniser » ou « réinventer » les idées du communisme. Et à chaque fois, le résultat est le même : la poursuite des mêmes erreurs ou, dans le meilleur des cas, leur remplacement par d’autres ... avant de descendre une marche de plus.

La « mutation » du programme du parti : nationalisation ou privatisation

Le dernier exercice de ce genre avançait sous le sigle de la « mutation » qui était motivée par la nécessité de préparer la voie à un accord avec la direction du Parti Socialiste, en vue de l’intégration de ministres communistes au futur gouvernement Jospin. Sous prétexte de l’effondrement des régimes bureaucratiques de l’URSS et de l’Europe de l’Est, le communisme devait être « actualisé », disait Hue, sous peine de perdre tout intérêt. Renonçant à l’objectif de l’économie socialisée et planifiée, dont il ne restait déjà plus, à vrai dire, que des allusions passagères dans les textes du parti, la direction s’est prononcée ouvertement en faveur de l’économie de marché - une façon pudique de désigner le capitalisme -, précisant seulement que celle-ci doit être « à dominante sociale ».

Entre 1984 et 1996, la direction du PCF a tenté d’expliquer le recul du parti par la confiance mal inspirée qu’elle a accordée, en 1981, aux dirigeants du Parti Socialiste. Les socialistes ont trahi les engagements du « programme commun », expliquait-elle, et puisque le PCF avait des ministres dans ce gouvernement, il en a lui aussi subi les conséquences. Mais en 1997, la participation du PCF au gouvernement s’est fait sur la base d’un programme nettement plus à droite que celui de 1981-1984. Dès l’ouverture de la campagne électorale de 1997, Robert Hue avait clairement annoncé la couleur, en déclarant sans ambages que « la privatisation n’est plus un sujet tabou pour les communistes ». Sous Mitterrand et Mauroy, au moins, un certain nombre de banques et de groupes industriels ont été nationalisés, alors que Jospin a massivement privatisé. Entre 1997 et 2002, 31 milliards d’euros d’entités publiques ont été cédées au secteur capitaliste - une somme supérieure à la valeur des privatisations réalisées par les deux gouvernements de droite précédents réunis. Ni les ministres du parti, ni son groupe parlementaire, ni le CN, ni l’Humanité ne se sont sérieusement opposés à ces privatisations, dont certaines étaient directement pilotées par le ministre "communiste" des transports !

Pour le mouvement communiste, la question de la propriété des moyens de production, de distribution et d’échange a toujours été une question fondamentale. Le programme du communisme est celui de l’expropriation de la classe capitaliste, de la socialisation des moyens de production, et de l’instauration du contrôle et de la gestion de l’économie par les travailleurs eux-mêmes. Dans le cadre du système capitaliste, les communistes se doivent de défendre les éléments de socialisation qui existent actuellement - services publics, entreprises nationalisées - et de lutter pour l’extension du secteur public au détriment des intérêts capitalistes. Le « communiste de notre temps » qui n’accepte pas ces principes n’est pas un communiste du tout.

Aussitôt sortie des ministères, la direction du parti à lancé une campagne pour dénoncer les privatisations mise en œuvre par la droite. Cependant, dire « non aux privatisations » n’est pas suffisant. Après tout, même François Hollande et Dominique Strauss-Kahn, par pur opportunisme, se sont déclarés contre la privatisation depuis qu’ils ne sont plus au pouvoir. Pour être pris au sérieux par les travailleurs, au lieu de se borner à dénoncer les privatisations, il est nécessaire de présenter un programme d’action politique pour les combattre, et de s’efforcer par tous les moyens à la disposition du parti de mobiliser les travailleurs et la jeunesse sur la base de ce programme. Mais la direction du parti ne réclame aucune nouvelle nationalisation, ni même la renationalisation des entreprises privatisées sous Jospin, Balladur et Juppé. Même la campagne contre les privatisations actuelles n’est accompagnée d’aucune revendication concrète. Le PCF devrait se déclarer favorable à la renationalisation immédiate, et sans indemnisation des actionnaires, de toutes les entreprises privatisées ou en cours de privatisation, et mener une vaste campagne - y compris en direction des adhérents et des électeurs du Parti Socialiste - pour populariser cette revendication. Un engagement ferme de la part de la gauche sur cette question rendrait pratiquement impossible la vente d’Air France ou d’EDF-GDF. Quel investisseur prendrait le risque de les acquérir dans de telles conditions ?

La « socialisation des moyens de production » est, selon le texte du congrès, toujours d’actualité. Très bien. Mais s’il ne n’agit pas seulement d’une phrase vide, cet objectif doit figurer dans le programme public du parti et être l’axe central de sa propagande. Il n’est pas nécessaire, bien sûr, de nationaliser chaque petite entreprise, chaque restaurant et chaque salon de coiffure. Mais les banques - toutes les banques - et tous les grands groupes industriels, y compris ceux de l’agro-alimentaire et les grandes chaînes de distribution, devraient être enlevés aux capitalistes, devenir la propriété de la collectivité et être soumise à la gestion démocratique des travailleurs. Cette revendication devrait être le point focal du programme général de notre parti, qui devrait inlassablement mobiliser tous les faits, les chiffres et les arguments nécessaires pour convaincre les travailleurs et la jeunesse de l’impérieuse nécessité de sa réalisation.

Pour citer un exemple concret, parmi beaucoup d’autres, de l’attitude de la direction du parti sur cette question : en 2001, Robert Hue s’est rendu à l’usine Péchiney-Marignac, menacée de fermeture, l’un des salariés lui a dit : « Péchiney était une entreprise publique. Elle a été vendue aux actionnaires. Aujourd’hui, les actionnaires ne veulent plus de nous. Eh bien, que l’Etat nous reprenne ! » Hue a répondu courtoisement mais sans détour : ceci est totalement hors de question. La nationalisation n’était pas d’actualité. Ainsi, dans la longue série de fermetures et de licenciements massifs de ces dernières années, à aucun moment la direction du parti n’a proposé la nationalisation des entreprises concernées. Elle considère, de toute évidence, que cette revendication fait partie de la « conception ancienne du communisme » avec laquelle elle veut absolument rompre. Il n’est décidément pas difficile de comprendre l’appui enthousiaste que les patrons de la presse et de l’industrie audiovisuelle apportent à la "mutation" ! Robert Hue, Marie-Georges Buffet, Jean-Claude Gayssot et leurs proches n’avaient visiblement pas les mêmes réflexes que ceux du marxiste allemand August Bebel, qui a un jour écrit : « Quand je vois un article dans la presse capitaliste qui m’est favorable, je sais que j’ai fait une bêtise ! »

Le « dépassement du capitalisme »

On objectera, peut-être, qu’il est injuste de prétendre que la direction du parti accepte le maintien du système capitaliste, puisque le texte du 32e congrès est parsemé de références à la nécessité de « dépasser le capitalisme ». Mais qu’est-ce que cela veut dire ? L’idée avancée par la direction est qu’il n’est ni possible ni souhaitable, à notre époque, de renverser le capitalisme au moyen d’une révolution socialiste, et que les communistes doivent désormais se contenter d’un "dépassement" graduel du système capitaliste par un long « processus de ruptures » : « L’ambition communiste, explique le texte, est celle d’une société sans exploitation, ni dominations. Le dépassement du capitalisme est pour nous le processus de ruptures par lequel l’humanité se débarrasse de la logique et des effets du capitalisme. Il est le mouvement démocratique de luttes sociales et politiques et d’appropriation de pouvoirs visant une abolition réussie de ce système. » Ou encore : « On peut ainsi agir efficacement pour le dépassement de ce système, favorisant l’émergence d’éléments d’une nouvelle civilisation : c’est le sens que nous donnons aujourd’hui au mot “révolution”. » Le passage du capitalisme au socialisme serait donc rendu possible par une succession de réformes, en faisant progressivement reculer « la logique et les effets du capitalisme ».

Paradoxalement, sous couvert de vouloir « actualiser » la pensée communiste et la rendre plus conforme à « notre temps », la direction n’a fait que fouiller dans les poubelles de l’histoire pour en ressortir les idées maintes fois discréditées du « gradualisme », défendues il y plus d’un siècle par les révisionnistes réformistes comme ceux de la tristement célèbre Fabian Society et par Edouard Bernstein en Allemagne.

Pour être tout à fait juste, il faut reconnaître que la comparaison avec les anciens théoriciens du réformisme est plutôt injuste à l’égard de ces derniers. Lénine fustigeait Bernstein pour la façon dont il argumentait. Bernstein « effleure une foule de questions, une infinité de problèmes, écrivait Lénine, mais pour aucun d’eux il ne donne un exposé cohérent et précis des nouvelles conceptions du critique. » Bernstein « se borne à exprimer ses doutes en abandonnant sitôt abordées des questions difficiles et complexes sans les avoir soumises à la moindre élaboration personnelle. » Dans le parti, aujourd’hui, les dirigeants se comportent d’une manière encore plus cavalière que Bernstein à son époque. Comme lui, ils émettent des idées qui sont radicalement opposées aux principes et aux bases théoriques fondamentales du socialisme, mais au moins Bernstein s’adressait-il à ces questions, abordant tour à tour les différents aspects de la théorie de Marx. Les dirigeants actuels du parti ne s’occupent en rien de tout l’héritage théorique et programmatique du socialisme scientifique. Ils ne s’occupent pas de la théorie économique, de la théorie de la lutte des classes ou de la théorie de l’Etat, auxquelles ils ne trouvent aucune utilité.

Si les dirigeants du parti ne comprenaient que l’ABC du marxisme, ils sauraient que l’idée d’une transition graduelle du capitalisme au socialisme, dans laquelle l’antagonisme entre les classes va progressivement s’estomper, est impossible. Le capitalisme ne pourra jamais être « dépassé » à coups de réformes partielles comme le prétendent les auteurs du texte adopté par le congrès. Le capitalisme ne peut être graduellement dissout dans la marée montante d’on ne sait quelles « valeurs citoyennes ». C’est une idée qui va directement à l’encontre de la théorie de la lutte des classes élaborée par Marx et Engels, pour qui le salariat ne peut parvenir à la conquête du pouvoir que dans des moments historiquement exceptionnels où, sous l’impact de grands événements, l’équilibre entre les classes qui caractérise les époques « normales » est rompu, offrant aux travailleurs la possibilité d’accomplir un renversement révolutionnaire de l’ordre établi, en s’emparant de tous les leviers fondamentaux du pouvoir. Dans l’histoire de la France, de telles situations révolutionnaires se sont présentées plusieurs fois : en 1871, lorsque les travailleurs parisiens ont tenu brièvement le pouvoir pour la première fois dans l’histoire, mais aussi en 1936, en 1944-1946, et en 1968. Au moment décisif de leur lutte, disaient Marx et Engels, les travailleurs seront confrontés à la nécessité de balayer l’appareil répressif de la classe dirigeante, appareil que cette dernière tentera infailliblement d’utiliser contre le mouvement révolutionnaire, comme en témoigne le massacre des communards, ainsi qu’un grand nombre d’épisodes historiques : le fascisme en Italie, en Allemagne et en Espagne, le coup d’Etat de 1973 au Chili, ou plus récemment le coup d’Etat du 11 avril 2002 au Venezuela.

D’après les partisans des « conceptions nouvelles » du communisme, Marx et Engels se seraient trompés. Ou alors, doit-on supposer, ce qui était juste à leur époque ne le serait plus aujourd’hui, et les idées développées dans le Manifeste communiste, dans Le Capital, ou dans l’Origine de la famille, de la propriété privée, et de l’Etat, ne sont plus valables. Mais, en réalité, les dirigeants du parti ne se préoccupent pas de « conceptions anciennes », pas même pour les contester, et espèrent que personne d’autre dans le parti ne s’en préoccupera davantage.

Quelques exemples de « ruptures »

« Nous entendons assurer un véritable pouvoir démocratique du politique sur l’économie » dit le texte d’orientation, qui propose, à cette fin, plusieurs « axes de réformes structurelles ». Au cas où certains camarades seraient tentés d’accorder un quelconque crédit à cette notion de "transition graduelle » vers le socialisme, il n’est peut-être pas inutile d’examiner les quelques exemples de ces « ruptures successives » qui, prétend-on, seraient autant d’étapes vers le « dépassement du capitalisme ».

Le texte prône « le refus des privatisations », et propose « le renforcement sous des formes diversifiées de la propriété publique » de certaines entreprises, y compris du secteur industriel, sans toutefois préciser lesquelles. On peut supposer - et on ne peut guère faire plus, étant donnée la nature extrêmement vague de cette proposition - que par « forme diversifiée de la propriété publique » la direction entend une prise de participation boursière par l’Etat de « certaines » entreprises. Mais ceci ne met nullement en cause le caractère capitaliste de l’entreprise concernée, et encore moins de l’économie dans son ensemble.

A l’époque de la forte montée des valeurs boursières, avant l’effondrement entamé en 2001, l’Etat disposait déjà d’un portefeuille d’actions d’une valeur de près de 70 milliards d’euros. Les représentants de l’Etat, tout aussi soucieux de défendre la valeur de ses actions et le taux de profit des entreprises concernées que les autres actionnaires, ont nécessairement recours aux mêmes méthodes que ces derniers. Pourquoi l’usine Renault de Vilvorde, en Belgique, a-t-elle été fermée, au lendemain de la victoire de la gauche plurielle en 1997 ? Parce que son maintien en activité aurait eu, de l’avis des actionnaires, des conséquences négatives sur la rentabilité du groupe. Pour cette raison, ils ont voté la fermeture, tout comme le représentant du gouvernement. Des dizaines d’autres décisions du même ordre ont été prises par les représentants de l’Etat « actionnaire », que ce soit chez Crédit Lyonnais, chez Air France, ou ailleurs. L’idée que ce type de mesure « assure un véritable pouvoir démocratique du politique sur l’économie » est franchement absurde. C’est plutôt l’inverse qui est vrai, puisqu’en liant davantage la valeur des ressources de l’Etat aux fluctuations boursières, un futur gouvernement de gauche ne ferait qu’augmenter sa dépendance vis-à-vis du secteur capitaliste.

Le Parti Communiste se doit de soutenir toute mesure susceptible de réduire le pouvoir des capitalistes dans les différentes branches de l’économie et de la vie sociale en général. Sans perdre de vue son objectif central, à savoir la socialisation de l’ensemble des grands moyens de production et d’échange, il doit considérer chaque mesure allant dans ce sens comme une conquête à défendre. Lors des restructurations chez Danone, par exemple, le PCF aurait dû lutter pour la nationalisation de ce groupe et la mise en place d’une structure de contrôle et de gestion démocratique, impliquant les salariés du groupe, ainsi que des représentants du gouvernement et des confédérations syndicales. Ce type de mesure serait une expropriation des actionnaires et constituerait une véritable avancée pour le salariat. Mais la politique défendue par la direction actuelle du parti exclut une telle démarche qui, à ses yeux, relève de la « conception ancienne du communisme ». Elle préfère se réfugier dans la formulation équivoque de mesures qui sont déjà discréditées.

La direction propose également « la remise en cause du rôle essentiel du système de crédit, de la Banque centrale européenne, du système européen de banques centrales et de la monnaie dans la domination des marchés financiers. »

« Pour s’y attaquer, poursuit le texte, il convient de proposer des financements nouveaux, en faisant appel à de nouveaux crédits sélectifs et à des prélèvements fiscaux - notamment sur les profits et les actifs financiers - abaissant les taux d’intérêt pour favoriser les investissements créateurs d’emplois stables et durables, la formation, la recherche et pénaliser les placements financiers. De tels financements [....] permettraient d’orienter prioritairement l’argent vers la satisfaction des besoins humains, libérant progressivement les entreprises de la domination des marchés financiers. De telles orientations impliquent la mise en place d’un pôle public financier. »

A lui tout seul, cet extrait résume passablement bien l’esprit éperdument réformiste qui règne dans les échelons supérieurs du parti. A la place de mesures combatives qui frappent au cœur du système capitaliste, les dirigeants sont constamment à la recherche d’astuces techniques et financières qui, espèrent-ils, pourraient au moins compliquer un peu la tâche des capitalistes ! Il en résulte que, encore une fois, sous couvert de présenter un programme de mesures « innovantes » et « réellement transformatrices », on nous ressert le plat à peine réchauffé de « montages » financiers qui ont déjà fait amplement preuve de leur totale inefficacité. De tels arrangements et « aides » formaient l’alpha et l’oméga de la politique de Lionel Jospin quand il était à Matignon. On en a vu le résultat.

La direction réclame la mise en place de « nouveaux crédits sélectifs ». Un abaissement de taux d’intérêts qui favoriseraient, dit-elle, « les investissements créateurs d’emplois stables et durables, la formation, la recherche. » Premièrement, disons d’emblée que cette proposition, qui se veut un moyen de « dépasser le capitalisme » est entièrement fondée sur le critère de rentabilité capitaliste. La logique en est que l’emploi stable et durable, la formation et la recherche n’étant pas suffisamment rentables du point de vue de capitalistes, il est nécessaire de fournir à ceux-ci une compensation financière qui les inciterait à s’y intéresser davantage. C’est une proposition faite non pas aux travailleurs, mais aux capitalistes. A moins que l’on pense que les salariés devraient se mobiliser pour que ceux qui les exploitent puissent profiter de crédits moins chers ?

Comme le sait n’importe quel syndicaliste avisé, ce genre d’incitation financière pour « défendre l’emploi » ne marche tout simplement pas. Les taux bancaires ont été tirés à la baisse déjà depuis de nombreuses années. Mais cette tendance n’a pas empêché une flambée du chômage et une dégradation générale des conditions de travail. Les dizaines de milliards d’euros versés dans les caisses du patronat sous divers prétextes - indemnisation de la réduction du temps de travail, réduction des charges et autres exonérations fiscales - n’ont pas non plus empêché la généralisation de l’emploi précaire. Ces réalités concrètes ne semblent cependant pas de nature à impressionner les dirigeants du parti qui - comme d’ailleurs Jean-Pierre Raffarin - veulent que les capitalistes jouissent de taux d’intérêt plus bas.

Rien que pour faire plaisir aux camarades qui y tiennent, admettons que cette nouvelle faveur soit accordée aux capitalistes. Un emprunt pas cher, ou même à 0%, n’est jamais plus qu’une avance de capital que les capitalistes et actionnaires vont devoir rembourser. S’ils acceptent de s’endetter, c’est en vue d’utiliser cette avance pour augmenter le taux d’exploitation de leurs salariés à un degré permettant d’augmenter leurs profits tout en remboursant la dette. Autrement, l’emprunt n’aurait aucun intérêt de leur point de vue. Généralement, l’endettement d’une entreprise se traduit par une pression accrue pour augmenter la productivité des travailleurs, et pour réduire la masse salariale par tous les moyens possibles. La direction du parti n’a pas encore dévoilé le mécanisme mystérieux par lequel l’endettement d’une entreprise - même à très faible taux d’intérêt - aurait un effet bénéfique pour les salariés, et à plus forte raison comment ce dispositif contribuerait à « libérer progressivement les entreprises de la domination des marchés financiers ».

Etonnamment, dans la même phrase où le texte plaide en faveur de cette mesure qui vise à augmenter la rentabilité du capital en diminuant le coût des emprunts, il demande « des prélèvements fiscaux, notamment sur les profits et les actifs financiers » - ce qui aurait l’effet inverse ! Quel est finalement le message adressé au patronat ? « Chers capitalistes ! Nous allons taxer vos profits et vos avoirs financiers, mais s’il vous arrive de manquer d’argent, nous vous en prêterons à des taux préférentiels ! » Décidément, les voies du « dépassement du capitalisme » sont impénétrables !

Le texte propose également « la mise en cause du pouvoir absolu des actionnaires sur la gestion des entreprises ». Ceci est un bel exemple des phrases fourbes qui forment l’arsenal de la « radicalité » en vogue dans les milieux dirigeants du parti depuis quelques années. Le « pouvoir des actionnaires » va donc être « mis en cause ». Quant aux mesures qui seront prises à cet effet, on n’en saura rien. Précisons toutefois que le premier des pouvoirs des actionnaires, pouvoir que l’on peut considérer comme « absolu » puisqu’il constitue la raison d’être de l’actionnariat, est celui de consentir ou de refuser des investissements en fonction de la rentabilité. Si les salaires augmentent, si la précarité baisse, ils n’investissent plus. Face à ce pouvoir - le seul qui importe vraiment -, des demi-mesures ne suffisent pas, et peuvent même, à terme, se retourner contre les travailleurs, puisque toute "mise en cause" qui porte sérieusement atteinte à la rentabilité des investissements tend à inciter les actionnaires à retirer leur capital. En définitive, la seule façon d’éviter ce piège serait de prendre des mesures décisives contre les capitalistes, c’est-à-dire de les exproprier.

La direction a eu l’idée d’un projet d’alternance entre le travail et la formation continue qui, dit elle, pourrait non seulement « éradiquer le chômage et la précarité » mais aussi, « changer et enrichir le travail, sécuriser les parcours d’emploi et de formation tout au long de la vie, garantir un véritable statut aux salariés fondé sur la citoyenneté, la liberté et la responsabilité et incluant des droits et garanties sociales et collectives, dépasser l’opposition travail/hors travail en affirmant l’unité de l’activité humaine. »

« Afin de sécuriser toutes les activités sociales, nous proposons de construire un système de sécurité d’emploi et de formation. Aussi ambitieux que la Sécurité sociale après guerre, ce système vise à assurer le libre accès de chacun à la formation tout au long de sa vie, avec la garantie d’un bon revenu et de droits plus importants, en alternance avec un emploi salarié bien rémunéré. Il tendrait à libérer le travail de son caractère marchand, et abolirait graduellement le chômage et la précarité.[...]Ce système vise à libérer du temps et des moyens financiers pour se cultiver et s’épanouir, maîtriser sa vie et créer les conditions d’une mobilité choisie, d’assurer l’autonomie des jeunes. »

La portée de ce projet est telle, précise le texte, qu’elle permettrait d’aller vers le « dépassement du marché du travail », et même, semble-t-elle dire, de « dépasser » l’existence même du salariat et d’aller vers une société sans classe ! Hélas ! Le lecteur qui cherchera à savoir comment les auteurs du texte proposent de réaliser ce grand objectif ne pourra que difficilement éviter l’impression de sombrer progressivement dans une marre de choucroute :

« Cela passe par une tout autre dynamique salariale, explique-t-on, et une métamorphose du contenu du travail qui réponde aux transformations nécessaires de la politique liées à la modernisation, au développement des technologies informationnelles. Cela implique de nouvelles liaisons entre banques et entreprises et un système de pouvoirs sur l’utilisation de l’argent à partir d’interventions décentralisées et concertées. [...] Il s’agit de lancer à l’échelle départementale, régionale, nationale voire européenne les chantiers de construction d’un tel système de sécurité d’emploi ou de formation, avec des propositions de luttes immédiates dans les divers domaines concrets et des campagnes de longue haleine. »

Si l’objectif d’éradiquer le chômage et la précarité est tout à fait louable, il est difficile de prendre cette proposition au sérieux. Elle restera lettre morte si, comme le texte laisse entendre, sa réalisation doit dépendre des « liaisons » entre le secteur bancaire capitaliste et les entreprises capitalistes, et ce quel que soit le nombre des « chantiers » mis en place. Le système capitaliste est absolument incapable de résorber le chômage et la précarité, et encore moins de payer un « bon revenu » à la masse des chômeurs - tout simplement parce cela signifierait, dans la pratique, une baisse massive du taux de profit.

La direction du parti répondrait peut-être à cet argument en disant qu’elle « refuse » la logique du profit, qui « ne devrait pas » dominer l’économie, et qu’il suffirait d’imposer le projet aux patronat par une loi. Seulement, une loi qui imposerait une baisse si importante de la rentabilité du capital, tout en laissant le contrôle de l’économie entre les mains des capitalistes, entraînerait non pas l’éradication du chômage mais une aggravation extrême de celui-ci, puisque les capitalistes réagiraient immédiatement par une « grève d’investissement » pour sauvegarder leurs intérêts.

« Refuser » la domination du profit dans la pensée, d’un point de vue moral, est une chose, mais il faut surtout y mettre fin matériellement au moyen de la socialisation de l’économie. Et pour ce faire, il faut commencer par expliquer l’impérieuse nécessité d’une économie socialiste et planifiée à la classe sociale qui doit l’accomplir, à savoir le salariat. Toute l’activité du PCF devrait être subordonnée à cette tâche essentielle.

Le problème qui se pose au Parti Communiste, comme d’ailleurs à tous ceux qui veulent lutter contre le chômage et la précarité, ce n’est pas seulement d’imaginer des réformes ou de nouveaux « systèmes », mais de savoir, pour ensuite l’expliquer à la masse de population, comment surmonter l’opposition implacable de la classe capitaliste, dont les intérêts vitaux sont directement menacés par les réformes en question, et qui, parce qu’elle possède les grands moyens de production, dispose d’un pouvoir économique - et donc politique - colossal. C’est précisément pour cette raison que le gouvernement de gauche de 1981-1984 a dû abandonner ses projets de réforme sociale, et appliquer, à partir de 1982, une politique visant à restaurer la rentabilité du capital. Cette volte-face était inévitable dans la mesure où le gouvernement socialiste-communiste de l’époque refusait de prendre des mesures décisives contre le capitalisme.

Comme l’atteste toute l’expérience de ces vingt dernières années, le capitalisme ne peut continuer d’exister qu’au détriment de l’emploi, des services publics, et des conditions de vie de la vaste majorité de la population. Or, un mouvement communiste se distingue d’un mouvement réformiste par le fait de tenir compte de cette réalité dans son programme. Il doit expliquer l’impossibilité de résoudre les problèmes fondamentaux de « notre temps » dans le cadre du système capitaliste et la nécessité, par conséquent, de le renverser. Ceci ne veut pas dire que les communistes refusent de lutter pour des réformes sociales immédiates dans le cadre du capitalisme. Bien au contraire, il est absolument impératif de se battre pour la défense et l’amélioration au jour le jour des conditions de vie des travailleurs et leur famille, et d’avancer, dans le cadre de cette lutte, des mots d’ordre et des projets concrets. Mais le communiste doit expliquer en même temps qu’aucune avancée sociale ne peut être consolidée tant que les capitalistes conservent leur contrôle de l’économie. Il s’agit de lier aussi concrètement que possible, dans la conscience des travailleurs, la lutte pour des avancées immédiates et partielles à la nécessité de mettre fin au capitalisme.

Le « nouvel internationalisme » à l’épreuve

La mutation s’est traduite, nous l’avons vu, par le ralliement à l’ « économie de marché » - autrement dit au capitalisme -, et donc par le renoncement à toute revendication ou proposition qui remettrait sérieusement en cause la propriété capitaliste des grands moyens de production. Le discours de la direction du parti sur le « dépassement » graduel du capitalisme ne sert en réalité qu’à camoufler son abandon de l’objectif d’une transformation révolutionnaire de la société.

Le « nouvel internationalisme » n’est qu’une extension des « nouvelles conceptions » du communisme dans le domaine de la politique internationale. La direction fonde tout son raisonnement et toute son approche politique sur l’acceptation de l’ordre établi. Elle auréole l’ONU de « légitimité », au point d’en devenir le plus ardent défenseur. Or, pour un communiste, l’ONU ne peut avoir la moindre « légitimité ». Il s’agit d’une institution réactionnaire, complètement dominée par les grandes puissances impérialistes, et notamment par la plus grande d’entre elles : l’impérialisme américain.

Lorsqu’ils étaient au gouvernement, les dirigeants du PCF - comme ceux du PS - se sont rangés aux côtés des Etats-Unis pour faire la guerre à la Serbie, et ont seulement formulé quelques objections relatives au type de campagne militaire qu’il convenait de mener. Plus tard, Robert Hue a envoyé une lettre à Jacques Chirac pour souligner son soutien sans réserve pour la participation française à la guerre impérialiste contre l’Afghanistan : « J’y souscris, écrivait-il. Elle est essentielle pour la France, pour l’Europe ». (L’Humanité 18 sept. 2001)

L’impérialisme français n’a rien obtenu en échange de sa participation à ces guerres. Au contraire, elles se sont soldées par un déclin de son influence dans les régions concernées. De manière générale, en Asie, en Afrique occidentale et centrale, et même dans les pays du Maghreb, le capitalisme français perd du terrain au profit des Etats-Unis et de l’Allemagne. Les capitalistes français comprenaient d’avance que l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se solderait par la perte de ce qui restait de l’influence de l’impérialisme français au Moyen Orient. Ils savaient que la guerre en Irak allait inévitablement mettre fin aux accords donnant à la France un accès prioritaire aux réserves pétrolières irakiennes dans l’hypothèse d’une levée de l’embargo. Par conséquent, en dépit de quelques louvoiements, Jacques Chirac et le gouvernement de droite se sont opposés à la guerre.

L’impérialisme américain n’a pas déclenché sa guerre contre l’Irak par l’effet d’un caprice belliqueux, mais pour défendre ses intérêts vitaux. Etant donnée l’instabilité politique et sociale croissante au Moyen Orient, et notamment en Arabie Saoudite, il était absolument indispensable pour les Etats-Unis de mettre la main sur les réserves irakiennes. Aussi, dans les projets du Pentagone, l’Irak servira de base d’opérations militaires dans la région, et notamment en vue d’intervenir militairement, le cas échéant, en Arabie Saoudite. Bien évidemment, au regard de l’importance stratégique colossale de ces objectifs, l’impérialisme américain n’allait pas se laisser impressionner par les protestations de l’Elysée, ni par un quelconque vote à l’ONU.

Le conflit entre la France et les Etats-Unis au sujet de l’Irak est clairement un conflit entre deux impérialismes. Dans ces conditions, que devait être l’attitude, en France, des communistes ? La guerre en Irak et le conflit franco-américain ont soumis le « nouvel internationalisme » dont se réclame la direction du parti à une sérieuse épreuve.

Les auteurs du Manifeste du Parti Communiste, Karl Marx et Friedrich Engels, résument l’idée fondamentale de l’internationalisme révolutionnaire dans leurs célèbres formules : « Les travailleurs n’ont pas de patrie » et « Travailleurs de tous les pays, unissez-vous » ! Il s’agit d’avancer partout et toujours sous la bannière de sa propre classe, de s’opposer partout et toujours à toutes les formes de nationalisme, et de faire clairement comprendre aux travailleurs - qui forment une classe internationale - que leurs intérêts sont totalement inconciliables avec ceux de la classe dirigeante de leur propre pays comme de tout autre pays. A cette idée générale, le grand révolutionnaire allemand, Karl Liebknecht - qui, avec sa camarade Rosa Luxemburg, a payé ses convictions internationalistes de son sang - a apporté une précision importante. Contre l’opportunisme de la majorité des dirigeants sociaux-démocrates allemands qui, en 1914, dénonçaient sur un ton « révolutionnaire » l’impérialisme russe, français et anglais, mais passaient sous silence les ambitions impérialistes de la classe capitaliste allemande, Liebknecht soulignait que, dans un conflit entre deux classes capitalistes rivales, un internationaliste doit toujours considérer que l’ennemi principal est chez lui.

Le comportement de la direction du parti à propos du conflit franco-américain était exactement à l’opposé des idées internationalistes défendues par Marx, Engels et Liebknecht. Au lieu d’exposer les intérêts impérialistes qui se cachaient derrière l’opposition de Chirac à la guerre, la direction du parti et la rédaction de l’Humanité se sont totalement alignées sur la politique de Chirac, saluant jour après jour son « courage » et sa « fermeté », et se félicitant du fait que la France était « unie » dans son hostilité à la guerre.

Le devoir de la direction du PCF n’était pas d’apporter de l’eau au moulin de Chirac et de la droite, qui voulaient profiter de leur posture « anti-guerre » au Moyen Orient pour désamorcer l’opposition massive qui se développait vis-à-vis de leur politique intérieure anti-sociale - mais au contraire d’exposer de la façon la plus systématique et implacable les motivations réactionnaires de l’impérialisme français dans cette affaire. Alors que les articles et les discours des dirigeants du parti étaient généreusement parsemés d’allusions à l’impérialisme américain, aucune mention, nulle part, n’était faite du caractère tout aussi impérialiste de la « position française ».

Le devoir d’un communiste est de s’opposer à toutes les guerres impérialistes - qu’elles soient dirigées contre la Serbie, l’Afghanistan ou l’Irak. Mais il ne doit en aucun cas s’associer aux puissances impérialistes qui, dans la poursuite de leurs propres intérêts, s’opposent à une guerre en particulier. Cela fait toute la différence entre une politique de collaboration de classe et une politique internationaliste.

Tout en étant directement ou indirectement impliquée dans de nombreux conflits armés dans le monde, notamment en Afrique, l’impérialisme français a considéré que l’invasion américaine de l’Irak portait atteinte à ses propres desseins dans la région. Par conséquent, il s’est découvert une vocation « pacifiste » au sujet de la guerre irakienne. Mais, dans le passé, la distribution des rôles était différente. En 1956, lorsque la France et la Grande-Bretagne préparaient l’invasion de l’Egypte dans le but d’occuper la zone du Canal de Suez, les Etats-Unis, contrariés par la perspective d’une présence militaire franco-britannique dans la région, se sont opposé à l’invasion.

Dans ces cas où la rivalité entre puissances impérialistes les amène à adopter des positions différentes sur une guerre donnée, une politique véritablement internationaliste ne se met à la remorque d’aucun des deux camps, mais présente un programme d’action communiste indépendant et fondé sur les intérêts des travailleurs de tous les pays. Concrètement, dans le cas des préparatifs de guerre contre l’Irak, le PCF aurait dû mener une campagne vigoureuse auprès des dockers, des travailleurs des transports et des communications, auprès des salariés des aéroports, du fret maritime, des arsenaux et des usines d’armement pour qu’ils boycottent toutes les opérations ayant un rapport quelconque avec la guerre, et pour qu’ils préparent une grève générale dans le cas où Chirac décidait de participer à l’invasion, ce qui ne pouvait être exclu. Le devoir du parti était aussi de se tourner vers les soldats et le personnel militaire, et de mener campagne pour le droit de se syndiquer, pour l’élection des officiers et pour la démocratisation des forces armées en général. Enfin, les communistes doivent toujours expliquer que la lutte contre la guerre est indissociable de la lutte pour mettre fin au capitalisme.

Mais la direction du parti a mené l’opposition à la guerre d’une toute autre façon. Elle a scandaleusement soutenu la résolution 1441, qui n’était rien d’autre qu’un ultimatum de guerre rédigé, pour l’essentiel, dans les bureaux du Pentagone. Elle a appuyé avec insistance l’exigence qui figurait dans cette résolution concernant le désarmement de l’Irak, et ce au moment où les Etats-Unis et la Grande-Bretagne amassaient une force militaire colossale à ses frontières, dans le but de l’attaquer ! Tout au long des mois qui ont précédé la guerre, la direction du parti n’a cessé d’affirmer son soutien à l’ONU, dont elle nous expliquait qu’il fallait en respecter la « légitimité » puisque son rôle était la « gestion raisonnée » des affaires du monde. En invitant les travailleurs et les jeunes à soutenir l’ONU, les dirigeants du parti veulent faire croire à la possibilité de changer la nature essentielle du capitalisme par la discussion et la concertation.

Or, la vérité, c’est que la guerre impérialiste fait tout autant partie du capitalisme que la propriété privée et la concurrence. L’ONU et les puissances qui la dominent n’ont strictement rien de « progressiste ». Elles sont trempées de la tête aux pieds dans le sang des peuples, et en particulier des peuples des pays les plus pauvres. L’ONU n’est rien d’autre qu’une instance regroupant les ennemis des travailleurs et de la jeunesse du monde entier. Qui ne comprend pas cela ne comprend strictement rien aux relations internationales. Un communiste peut-il faire confiance à Blair, Bush, Poutine, ou Chirac ? Bien évidemment pas. Mais alors, pourquoi leur ferait-il confiance lorsqu’ils se rassemblent sous le drapeau de l’ONU ?

Diviser les grandes puissances du monde en deux « camps », et soutenir celui de la paix contre celui de la guerre est une aberration du point de vue de l’internationalisme. La composition des deux « camps » ne cesse de changer en fonction des intérêts conjoncturels des puissances en question. L’impérialisme français voulait « paisiblement » mettre la main sur les réserves pétrolières de l’Irak tout en se préparant à la guerre en Côte d’Ivoire. Poutine voulait la paix en Irak, mais pas en Tchétchénie ! L’Allemagne « pacifiste » se contente de vendre des armes aux pays belligérants. Les Etats-Unis envahissent l’Irak, mais prétendent que ce n’est que de cette manière que l’on peut « garantir la paix » au Moyen Orient. Quant à l’ONU, ce magnifique instrument de « gestion raisonnée » des affaires du monde, n’a-t-elle pas froidement et « pacifiquement » programmé, depuis 1991, la famine et la mort, en Irak, par le biais de l’embargo ? Lénine qualifiait la Société des Nations de « repaire de voleurs ». L’ONU, qui a succédé à la Société des Nations, n’est pas autre chose. S’opposer à l’impérialisme, c’est aussi s’opposer à l’ONU, qui en est un instrument.

Maintenant que l’armée américaine est installée à Bagdad et dans les autres villes de l’Irak, Bush et ses représentants sur place découvrent les conséquences concrètes de l’invasion, qui ne sont pas du tout conformes à ce qu’ils imaginaient avant de la lancer. L’immense majorité du peuple irakien est totalement hostile à la présence américaine. La situation échappe au contrôle des forces occupantes. La situation est chargée de toutes sortes de possibilités, y compris de possibilités révolutionnaires. En même temps, certains éléments réactionnaires tentent de profiter de la situation, et il est impossible de prévoir exactement comment les choses vont évoluer dans les mois à venir. Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : les Etats-Unis ne pourront pas maintenir définitivement l’Irak sous leur domination. De manière générale, les ondes de choc de l’invasion ont créé les prémisses de situations révolutionnaires dans toute la région, et particulièrement en Egypte, en Jordanie, en Arabie Saoudite et en Iran. Loin de garantir la « paix » et la « stabilité », cette guerre en engendrera d’autres, et marque l’ouverture d’une période d’énormes bouleversements sociaux et politiques au Moyen Orient.

Cette perspective inquiète au plus haut point l’administration américaine, - et non seulement elle. La France, la Grande-Bretagne, l’Allemagne et pratiquement toutes les autres puissances européennes craignent que se développent des mouvements révolutionnaires au Moyen Orient et cherchent désespérément, tout comme la Chine et la Russie, à mieux « encadrer » la situation explosive qui mûrit en Irak. Ces puissances nourrissent aussi l’espoir que la présence de leurs forces armées sur le terrain empêchera les Etats-Unis de les exclure totalement des juteux contrats de « reconstruction » et de l’accès aux réserves pétrolières. Mais au-delà de leurs intérêts économiques immédiats, elles sont convaincues qu’une occupation militaire assumée par les seuls Etats-Unis et la Grande-Bretagne ne pourrait, à terme, que provoquer une insurrection anti-impérialiste, insurrection qui pourrait se répandre à travers la région. Cette crainte est parfaitement fondée.

Or, quelle est la position de nos « nouveaux internationalistes » sur cette question ? Au lieu de tendre une main fraternelle aux travailleurs du Moyen Orient et de les inciter à se soulever contre le capitalisme et contre les puissances impérialistes, ils réclament, de concert avec Poutine, Schröder et Chirac, l’occupation militaire de l’Irak par l’ONU ! Pour Marie-Georges Buffet, il faut opposer le « multilatéralisme » à « l’unilatéralisme américain ». Selon elle, il est donc inacceptable que l’Irak soit placée sous le joug du seul impérialisme américain ; mais il serait par contre tout à fait acceptable que l’ensemble des grandes puissances impérialistes puisse s’y installer !

Concernant l’oppression du peuple palestinien, la direction du parti demande également l’envoi des forces armées des grandes puissances - renommées, pour l’occasion, « force d’interposition et de protection ». Ainsi, les grandes puissances qui arment et soutiennent l’impérialisme israélien depuis des décennies sont désormais invitées à « protéger » les Palestiniens ! Que ce soit en Irak ou en Palestine, l’intervention d’armées étrangères n’est pas un programme communiste, mais seulement une adaptation opportuniste aux intérêts des grandes puissances impérialistes en général, et de l’impérialisme français en particulier. Le programme général d’un Parti communiste digne de ce nom pour le Moyen Orient doit être fondé sur l’objectif d’un renversement du capitalisme dans la région et de la création d’une Fédération socialiste du Moyen Orient. Toute son action et tout son travail d’explication et de propagande doivent tendre vers cet objectif - et non vers l’ouverture de nouvelles bases militaires occidentales dans une partie du monde où il y en a déjà des centaines. Ces bases militaires ne sont pas là pour protéger les opprimés, mais pour protéger les intérêts économiques et stratégiques de l’impérialisme.

Le triste tableau des renoncements aux principes internationalistes ne se limite pas au Moyen Orient. Deux semaines avant le lancement de l’invasion de l’Irak, le « nouvel internationalisme » en vogue aux sommets du parti a été soumis à une nouvelle épreuve, cette fois-ci en Algérie, à l’occasion de la visite officielle de Chirac. La collaboration entre l’impérialisme français et le régime réactionnaire au pouvoir en Algérie n’est un secret pour personne. L’objectif de cette visite était, d’une part, de renforcer le prestige défaillant de Bouteflika - la marionnette des généraux - en vue des prochaines élections, et, d’autre part, de renforcer la position du capitalisme français en Algérie, où il perd du terrain depuis quelques années au profit de l’Espagne, de l’Allemagne, et, bien sûr, des Etats-Unis. Les capitalistes français convoitent tout particulièrement les marchés et les entreprises publiques qui seront prochainement privatisées par Bouteflika, lequel mène une politique de régression sociale sur toute la ligne. Chirac, pour sa part, juge cet « assainissement » de l’économie algérienne absolument indispensable, et les conséquences dramatiques pour l’emploi, les services publics et les conditions de vie des travailleurs et de leur famille ne le troublent bien évidemment pas.

Or, dans l’éditorial de L’Humanité du 4 mars, au lieu de dénoncer les projets concoctés entre l’impérialisme français et le régime militaire en Algérie, Claude Cabanes déborde d’enthousiasme pour l’initiative de Chirac, regrettant seulement que le peuple algérien ait dû attendre si longtemps pour connaître la joie de pouvoir approcher physiquement un chef d’Etat français : « Quarante ans ! C’est long quarante ans... écrit-il. C’est le temps qu’il aura fallu - que de temps perdu ! - pour la première "visite d’État" d’un président français en Algérie depuis l’indépendance de 1962. Qui oserait se plaindre de l’accueil bouleversant réservé par le peuple d’Alger à Jacques Chirac ? Qui n’aurait pas chaud au cœur des mains tendues vers le drapeau tricolore le long des boulevards algérois. [...] Qui émettrait quelque réserve que ce soit à l’accolade faite par deux maquisards fameux du FLN, Yacef Saadi et Zohra Drif, au chef de l’État ? »

Que penseraient de cette euphorie les millions de jeunes et de travailleurs algériens qui subissent la tyrannie du régime ? Quant à accolade faites par les deux « maquisards fameux » à Chirac, elle n’engage qu’eux. Quant à nous, communistes français ou algériens, nous devons placer notre espoir dans les puissantes forces sociales qui se sont manifestées dans la grève générale qui a ébranlé le régime algérien quelques semaines avant que la rencontre de nos ennemis de part et d’autre de la Méditerranée ne fasse « chaud au cœur » à Claude Cabanes !

Enfin, en ce qui concerne l’Europe, le texte adopté par le congrès est extrêmement confus. Il réclame, par exemple, « une toute autre utilisation de l’euro pour sécuriser l’emploi et la formation en France et dans le monde. » Mais de quelle « toute autre » utilisation s’agit-il ? Et par qui ? Aucune précision n’est donnée. A la place d’une revendication, le lecteur doit se contenter d’une allusion vague et incompréhensible. En tout état de cause, l’idée que « l’utilisation de l’euro » puisse être dissociée des rapports de propriété est totalement absurde. Le chômage massif qui existe dans tous les pays européens n’est pas dû à une mauvaise « utilisation de l’euro », mais au fait que les capitalistes détiennent le pouvoir économique. Le problème fondamental qui se pose en Europe, comme ailleurs dans le monde, se ramène finalement à la question : qui doit posséder les moyens de produire les richesses ?

Les auteurs du texte semblent croire que le devoir des grandes puissances européennes qui forment l’Union Européenne est de lutter contre les « marchés ». Ils leur demandent « d’affirmer avec force l’exigence d’une responsabilité politique face à la puissance des marchés et des grands groupes et de faire prévaloir des choix de société alternatifs. » Il est également demandé à ces puissances d’agir sur la scène internationale en faveur d’une « mondialisation solidaire », d’un « co-développement durable » - encore des « nouveaux concepts » dont nous ignorons le contenu - et d’un monde de paix. Or, l’Union Européenne est elle-même précisément un marché entièrement façonné, et ce tout autant que le marché américain, dans l’intérêt des grands groupes capitalistes, et elle ne sera jamais autre chose tant que le capitalisme dominera l’Europe.

Pas plus que l’impérialisme américain, les puissances impérialistes qui forment l’UE ne peuvent pas lutter contre « la domination des marchés », pour la simple raison qu’ils sont eux-mêmes engagés dans une lutte impitoyable pour la conquête de ces marchés. On ne peut demander à un tigre affamé de se nourrir de laitue. Dire que l’Europe capitaliste devrait être pour la paix, ou devrait lutter contre les inégalités revient à dire que les capitalistes ne devraient pas exploiter les gens, ou ne devraient pas faire la guerre. Au lieu d’appeler les travailleurs de France et d’Europe à lutter pour l’avènement d’une Europe Socialiste, le texte nous offre une série de vœux pieux concernant la façon dont les puissances impérialistes européennes devraient se comporter. Cette approche moralisante n’a rien à voir avec les idées communistes, qu’il s’agisse d’un communisme prétendument de « notre temps » ou de toute autre !

L’avenir du PCF : comment aller de l’avant ?

Il est parfaitement clair que, dans les domaines national et international, la politique actuelle du PCF ne présente pas l’alternative révolutionnaire qu’exige notre époque. En France, l’un des pays les plus riches du monde, même les années de reprise économique (entre 1997 et 2001) ont été marquées par des régressions sociales dans presque tous les domaines. Aujourd’hui, alors que l’économie française, européenne et mondiale sombrent progressivement dans la récession - et dans certains cas, comme en Argentine, de manière soudaine et catastrophique -, le maintien du capitalisme signifie ni plus ni moins qu’une offensive permanente et impitoyable contre les conditions de vie et de travail de l’immense majorité de la population.

Cette dégradation sociale, conjuguée avec le choc des guerres et les conséquences de l’instabilité politique et sociale qui règne dans pratiquement toutes les régions du monde, rend plus que jamais nécessaire l’existence d’un Parti Communiste doté d’un programme réellement révolutionnaire et internationaliste. Tout le contexte actuel favorise, à priori, le renforcement du PCF, puisque le capitalisme révèle son incapacité totale à faire avancer la société - et il le révèle non seulement à une minorité éclairée, mais à des millions de personnes qui sont directement menacées par la politique réactionnaire de Chirac et Raffarin.

La tâche qui nous attend n’a rien d’impossible ou de désespérée, pour peu que nous comprenions bien en quoi elle consiste. Lors du dernier congrès, la direction a reconnu que la défaite électorale était liée au fait que sa propre démarche avait « donné prise à l’idée que nous ne serions plus qu’une "aile gauche" de la social-démocratie ». Mais qu’y a-t-il dans le comportement de la direction, depuis la défaite de 2002, qui puisse corriger cette impression ? Le programme actuel du parti n’est pas différent de celui qui a paralysé l’action du parti dans le passé. Il n’est ni communiste, ni révolutionnaire, et, pour dire les choses comme elles sont, ce n’est même pas un programme réformiste ambitieux. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les solutions viennent d’en haut. C’est à chacun de nous, et à chaque jeune communiste en particulier, de prendre la situation en main. Notre action sur le terrain pour reconstruire les sections locales du parti et du MJC est bien évidemment indispensable. Cependant, il est en même temps absolument nécessaire de rétablir dans le parti les idées du communisme - c’est-à-dire la théorie marxiste, le programme révolutionnaire et les principes du socialisme scientifique.

Cette tâche incombe à tous les militants communistes, mais les militants du MJC, qui représentent l’avenir du parti et son lien indispensable avec la jeunesse, ont une responsabilité particulière à cet égard. Dans les MJC, il y a bon nombre de jeunes camarades qui donnent leur temps, leur énergie et leur enthousiasme pour développer les structures locales. Mais, souvent, en raison de la perte des repères idéologiques dans le mouvement, ils sous-estiment l’importance de l’étude et de la discussion des idées fondamentales du socialisme. C’est une erreur qu’il faut corriger, car il n’y a pas d’action révolutionnaire sans théorie révolutionnaire. Toutes les questions qui sont au cœur de la vie politique et sociale - l’impérialisme, le militarisme, l’ONU, les minorités nationales, la crise économique, etc. - ne peuvent trouver de réponses cohérentes que de la part de gens qui maîtrisent les prémisses théoriques du communisme.

Sur la base d’idées authentiquement révolutionnaires, celles d’une lutte implacable contre le capitalisme, celles de l’internationalisme et du socialisme, et forts de notre confiance inébranlable en la capacité des travailleurs et des jeunes à effectuer un changement révolutionnaire de la société, nous ouvrirons à l’humanité toute entière la perspective d’un avenir meilleur, sans guerres, sans exploitation, sans famines et « maladies de la misère », et où notre énorme potentiel productif et culturel sera consacré au bien commun. Telle est la mission véritable du PCF et du mouvement communiste dans le monde entier.

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