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Hollande Aubry

A en croire les sondages, le Parti Socialiste remporterait la prochaine élection présidentielle. Ce n’est pas étonnant. Sarkozy dirige le gouvernement le plus réactionnaire depuis celui de Vichy. Du point de vue des travailleurs, son bilan économique et social est désastreux. Si le PS l’emporte, ce ne sera pas en vertu d’un vote pour son programme, mais d’un vote contre Sarkozy. D’ailleurs, l’électorat pourrait difficilement s’enthousiasmer pour le programme du PS : il est vide. Les dirigeants socialistes s’y engagent à « affirmer » ceci, à « promouvoir » cela, à prendre telle ou telle « orientation ». Que des mots !

Ce vide n’est pas un hasard. Face à la gravité de la situation actuelle, seules des mesures radicales s’attaquant aux intérêts capitalistes permettraient de commencer à répondre aux attentes des travailleurs. Or pour les dirigeants du PS, cette « orientation » n’est pas du tout envisageable. Aussi, lorsqu’ils doivent expliquer leurs intentions, leur programme, ils se contentent de brasser de l’air. Les seuls engagements fermes et catégoriques des dirigeants socialistes s’adressent non pas aux travailleurs, mais aux capitalistes. Ils s’engagent à réduire le déficit budgétaire à 3 % du PIB dès 2013 – et à réduire la dette publique (c’est-à-dire le cumul des déficits annuels). Notons au passage que ces deux objectifs sont contradictoires. Si le déficit annuel est de 3 %, la dette publique augmentera d’autant. Dans la pratique, cela signifie qu’un futur gouvernement socialiste appliquera une politique de restrictions budgétaires encore plus sévère que celle de Sarkozy.

La dernière fois que les dirigeants socialistes étaient au gouvernement, ils ont commencé par quelques réformes bâclées, partielles mais relativement positives, comme par exemple la semaine des 35 heures. Puis, très vite, ils ont adopté une politique entièrement axée sur la défense des intérêts capitalistes. Rappelons que le gouvernement Jospin (1997-2002) a privatisé pour 31 milliards d’actifs publics, plus que tout autre gouvernement dans l’histoire de France. C’est cette trahison de son électorat qui explique sa défaite en 2002.

Le prochain gouvernement socialiste sera comme le dernier, à une différence près : cette fois-ci, il n’y aura pas de mesures positives significatives. Compte tenu du programme et des idées de sa direction, le PS au pouvoir sera contraint de s’attaquer aux conditions de vie des travailleurs dans tous les domaines. A notre époque, le capitalisme étrangle la production. Il conduit les finances publiques à un niveau d’endettement tel que les « solutions » envisagées ne font que l’aggraver davantage. En somme, le capitalisme ne peut plus se maintenir qu’au détriment de la masse de la population. Il jette chaque année des centaines de milliers de personnes supplémentaires dans la pauvreté. Cela signifie que tout gouvernement limitant son action à ce qui est compatible avec le capitalisme deviendra l’instrument de la régression sociale. Accepter le système, c’est s’incliner devant ses lois. C’est pourquoi le gouvernement Jospin a échoué. C’est pourquoi les actuels gouvernements « socialistes » en Espagne et en Grèce sont de simples exécutants de la volonté des capitalistes. Et c’est pourquoi il en sera de même pour un futur gouvernement socialiste en France.

Le rôle du PCF

Inévitablement, à un certain stade, un gouvernement socialiste provoquera une réaction de masse contre sa politique d’austérité. La jeunesse et les travailleurs n’auront d’autre choix que d’entrer en action. Le rôle du PCF sera alors crucial. Notre parti est la seule organisation politique capable d’offrir une alternative politique sérieuse à de grands mouvements du type de ceux qui se sont produits contre les « socialistes » au pouvoir en Grèce et en Espagne.

Dans cette perspective, le premier piège à éviter concerne la participation du PCF au gouvernement avec les socialistes. Si le PS remporte les élections de 2012, il aura tout intérêt à associer le PCF à la politique du gouvernement, dans le but de le compromettre. Après l’amère expérience de 1997-2002, beaucoup de militants communistes y seraient opposés. Mais au niveau de la direction nationale du parti, il semblerait qu’aucune décision ferme n’ait été prise sur ce point. En 1997, pour justifier la participation gouvernementale du PCF, la direction nous assurait que les ministres communistes allaient « pousser les socialistes vers la gauche ». Dans les faits, c’est la direction du PCF qui a été « poussée »… vers la droite. Plusieurs entreprises publiques – dont Air France et l’Aérospatiale – ont même été privatisées sous l’autorité directe d’un ministre communiste, Jean-Claude Gayssot. Aujourd’hui, le PCF ne peut exercer aucun contrôle sur Mélenchon. Mais pour ce qui est du PCF, nous devrions expliquer publiquement que sur la base de la politique actuelle du PS, il est hors de question de participer à un gouvernement socialiste.

Il y a aussi la question du programme du parti. Son programme actuel comprend de nombreuses revendications justes sur les salaires, les droits des travailleurs, le logement, la santé, l’éducation et les retraites – entre autres. Mais sur la question fondamentale de la propriété des banques, de l’industrie et d’autres grandes entreprises, les mesures que propose le parti sont extrêmement timides. Elles laisseraient l’essentiel de l’économie entre les mains des capitalistes. Or, la crise économique actuelle est qualitativement différente de toutes celles qui se sont produites depuis la Seconde Guerre mondiale. Elle ne laisse pas de place aux mesures superficielles. Les travailleurs ont besoin d’explications et de solutions. Le PCF peut et doit les fournir. La lutte pour défendre le niveau de vie est indissociable de la lutte pour briser le pouvoir des capitalistes et en finir avec la dictature de la Bourse. Nous avons besoin d’un programme communiste, fondé sur la nécessité de nationaliser l’ensemble du secteur bancaire et financier, ainsi que toutes les grandes entreprises, sous le contrôle et la gestion démocratique des travailleurs. Quel que soit le prochain gouvernement, la lutte des classes va s’intensifier. Armé d’un tel programme, le PCF y prendra toute sa place.

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