La fermeture programmée de l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois est une catastrophe pour les travailleurs de ce site, pour ceux qui travaillent dans toutes les entreprises dont l’activité en dépend et pour l’économie de la Seine-Saint-Denis en général.
Aujourd’hui, la direction parle de reclasser la moitié des 3 000 salariés sur d’autres sites. Elle évoque vaguement la possibilité de reclasser en dehors du groupe les 1 500 salariés restants. Ce discours est avant tout une stratégie pour décourager les travailleurs de lutter contre la fermeture. La direction de PSA n’hésite pas à mentir de la façon la plus cynique pour parvenir à ses fins. N’oublions pas que lorsqu’en juin 2011 la CGT a révélé une note interne de PSA évoquant la fermeture d’Aulnay, la direction du groupe a démenti et prétendu que cette fermeture n’était même pas « en réflexion ». Elle a attendu le mois de juillet 2012 – après la présidentielle – pour annoncer une décision prise depuis longtemps.
Même si une partie des salariés était reclassée, reste à savoir dans quelles conditions et pour combien de temps. Ce qui est clair, c’est que l’objectif de la direction est de réduire les effectifs de l’entreprise par tous les moyens possibles et de faire effectuer le même travail avec moins de salariés pour augmenter les profits.
Bon nombre de travailleurs et de syndicalistes à Aulnay, notamment de la CGT et de SUD, se battent pour convaincre les travailleurs de lutter pour préserver le site et les emplois. Pour le moment, la majorité des salariés semble affectée par une sorte de fatalisme. Ils ne voient pas de solution possible – ou veulent croire que la direction de l’entreprise ou le gouvernement fera quelque chose pour eux. L’attitude capitularde des représentants de la CFDT, de la CFTC et des soi-disant « Autonomes » va dans le sens opposé de ce qui est nécessaire. Se limiter à réclamer des « négociations », dans le contexte actuel, revient à se comporter en agents de la direction. Négocier quoi, au juste ? Il n’y a rien à négocier, si ce n’est les modalités de la fermeture du site, les modalités d’une défaite !
La première règle à respecter, pour ceux qui prétendent défendre les intérêts des travailleurs, c’est de leur dire la vérité. Et la vérité, la voici. Les travailleurs d’Aulnayn’ont qu’un seul et unique recours contre le vandalisme économique et social de la direction de PSA : la grève. Il faut frapper les capitalistes là où ça fait mal, en frappant leurs profits ! Il faut bloquer complètement le site d’Aulnay et s’efforcer de répandre la grève aux autres sites du groupe. Il faut se mettre en rapport avec les salariés menacés dans d’autres entreprises, comme ceux d’Air France, par exemple, pour mettre en place une action coordonnée. Il faut mobiliser la population d’Aulnay et des villes aux alentours en solidarité avec les grévistes.
Cette approche ouvrirait la perspective d’une lutte générale et commune contre la casse industrielle et la destruction de l’emploi. Dans le 93, de nombreux militants CGT ont évoqué la nécessité d’une démarche allant dans ce sens. L’alternative à cette approche combative, disons-le clairement, c’est la défaite. Vous pouvez faire toutes les manifestations, les protestations et pétitions que vous voulez. Cela n’aura aucun effet. Si le groupe Peugeot n’est pas touché au cœur de ses intérêts, Aulnay fermera. Et d’autres sites supprimeront des emplois et finiront par fermer, eux aussi. Si les travailleurs ne veulent pas entendre ce langage de vérité, ils le regretteront plus tard. Notre devoir, c’est de le dire, quoiqu’il arrive.
La résistance à la casse industrielle doit nécessairement poser la question de fond, celle de la propriété de l’entreprise. Hollande a qualifié la fermeture d’Aulnay d’« inacceptable ». Mais l’a tout de même acceptée. Le 16 juillet dernier, juste après l’annonce de la fermeture, Le Figaro a publié un article intitulé : Hollande reconnaît son incapacité à empêcher la fermeture d’Aulnay. Mais ce qui sous-tend cette incapacité, c’est le refus de défier le pouvoir des capitalistes. Pour Hollande, manifestement, les capitalistes doivent pouvoir fermer une entreprise dont ils ne veulent plus, et le gouvernement n’a pas à s’en mêler. Une grève avec occupation permettrait de mettre le gouvernement devant ses responsabilités. Il faut exiger la nationalisation de PSA sans indemnisation des gros actionnaires, avec garantie du maintien intégral de l’emploi. Si le travail vient à manquer, faute de commandes, le travail existant devrait être partagé sans perte de salaire. Cette mesure ne résoudrait pas les problèmes de l’industrie à long terme, car sans une planification démocratique de l’ensemble de l’infrastructure industrielle et commerciale du pays, on sera toujours à la merci du marché capitaliste. Mais elle permettrait de sauvegarder l’emploi dans l’immédiat et serait un exemple à suivre dans d’autres luttes pour briser l’emprise capitaliste sur l’ensemble de l’économie.
Le samedi 29 septembre, une mobilisation commune des travailleurs de PSA, Air France et Sanofi aura lieu à la Cité des 3000, à Aulnay.
Révolution y sera et appelle tous ses lecteurs qui le peuvent à y participer.