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Présidentielle 2017

Du 24 au 26 novembre, les militants communistes voteront sur la stratégie du PCF pour la présidentielle de 2017. Le 5 novembre dernier, 94 % des délégués de la Conférence Nationale du parti ont adopté la résolution politique sur 2017. Puis ils se sont prononcés sur les deux « options » du bulletin de vote qui sera soumis à tous les communistes, dans quelques jours. Une majorité (55 %) a choisi l’option 2, qui propose plus ou moins de « présenter une candidature issue » du PCF. La veille, pourtant, le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, avait fait savoir qu’il préférait l’option 1, laquelle propose plus ou moins de soutenir la candidature de Jean-Luc Mélenchon.

« Plus ou moins », écrivons-nous. En effet, le bulletin de vote est rédigé de telle manière qu’aucune des deux options n’avance de choix ferme et définitif. Pierre Laurent lui-même l’a signalé : ce sont des choix… « évolutifs ». L’option 1 propose « d’appeler à voter pour Jean-Luc Mélenchon », mais pas de s’engager dans sa campagne. Le texte souligne en effet qu’un « rassemblement peut s’opérer avec cette candidature », puis précise : « Tout en poursuivant leurs efforts pour une candidature commune, les communistes porteront cet appel [à voter Mélenchon] en conservant leur autonomie, critique et constructive, et travailleront à un cadre collectif de campagne élargi afin d’œuvrer à la construction d’un rassemblement le plus large possible. »

Il est difficile d’imaginer un « appel à voter » pour Mélenchon moins enthousiaste et moins combatif. Par ailleurs, tel qu’il est formulé, ce choix n’aurait rien de définitif, en théorie. Le rassemblement « peut » s’opérer avec cette candidature, nous dit-on, de même qu’il « peut » neiger cet hiver – ou pas. Au lieu de se lancer enfin dans la campagne de 2017, dans l’action de masse, les communistes « travailleront à un cadre collectif de campagne élargi ». Et au cours de ce mystérieux travail, ils découvriront peut-être que le rassemblement « peut s’opérer » avec une autre candidature que celle de Mélenchon. Celle d’Arnaud Montebourg est parfois évoquée par la direction du parti. Nous verrons plus loin dans quels termes précis.

Les choses ne vont pas mieux avec l’option 2, qui commence par affirmer que « les communistes décident de présenter une candidature issue de leurs rangs », mais précise que « cette candidature pourrait, si la situation l’exige, sur la base d’un accord politique et après consultation des adhérent-e-s, se retirer au profit d’une candidature commune d’alternative à l’austérité telle que nous le proposons. »

Imagine-t-on l’effet qu’aurait, dans la population, pareil tour de piste d’un vrai-faux candidat du PCF ? Veut-on ridiculiser le parti ? Pierre Laurent aurait beau leur expliquer sa théorie du « large rassemblement », la plupart des travailleurs en tireraient la conclusion que, décidément, le PCF ne sait pas ce qu’il veut, ni où il va.

Comment la direction du parti en est-elle arrivée à nous proposer ce bulletin de vote surréaliste, « évolutif », à cinq mois de la présidentielle ? C’est une conséquence de son refus de s’engager clairement dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon. En dernière analyse, ce refus découle de la dépendance organique d’une large fraction de l’appareil du PCF à l’égard de l’appareil du PS. La direction du PCF cherche à ménager la possibilité d’alliances futures avec le PS (et les Verts). Or Mélenchon, lui, annonce une stratégie de rupture avec le PS. C’est le cœur de la question.

Le « rassemblement le plus large possible » que Pierre Laurent appelle sans cesse de ses vœux ne concerne pas réellement l’élection présidentielle. Le secrétaire national du PCF sait très bien que Mélenchon sera candidat, quoi qu’il se passe dans le reste de la gauche au cours des prochains mois. Pierre Laurent pense surtout aux élections suivantes : aux législatives, aux sénatoriales, puis aux municipales de 2020, et ainsi de suite. « Le rassemblement le plus large possible » signifiera alors : y compris vers la droite, c’est-à-dire vers le PS et les Verts.

L’orientation générale que Mélenchon donne à sa campagne, qui vise au minimum à supplanter le PS comme première force électorale de la gauche, entre en contradiction avec la stratégie d’alliances dont la direction du PCF a l’habitude, depuis des décennies : une fois avec le PS, une fois contre lui, « selon les circonstances ». Par ailleurs, la direction du PCF redoute que les candidatures du mouvement de Mélenchon, la France insoumise, affaiblissent la position des candidats du PCF lors des législatives et des élections suivantes. Tout ce que dit et fait la direction du PCF, depuis le début de l’année, découle de cette situation. Mais comme elle ne peut pas dire les choses ainsi, elle avance d’autres arguments, divers et variés : « il faut se rassembler face à la droite et l’extrême-droite », « Mélenchon est parti tout seul », « il faut élargir le cadre de la campagne », etc.

L’« événement » Montebourg

Lors de la Conférence Nationale du 5 novembre, une majorité de délégués s’est prononcée pour l’option 2 : la candidature « évolutive » du PCF. Mais en fait, une majorité de cette majorité ne veut pas d’une vraie candidature du PCF. Le choix de ces délégués était un vote négatif dirigé contre Mélenchon, pas un vote positif en faveur d’une véritable candidature du PCF, qui irait jusqu’au bout. Réciproquement, parmi les délégués de la Conférence Nationale qui ont choisi l’appel « évolutif » à voter Mélenchon, la plupart ne veulent pas lancer le PCF dans la campagne de la France insoumise. Ainsi, au final, la grande majorité de la Conférence – qui était essentiellement composée de dirigeants nationaux et départementaux du parti – avait le dénominateur commun suivant : ni véritable candidature du PCF, ni véritable engagement du parti dans la campagne de Mélenchon. De fait, aucune de ces deux possibilités ne figure sur le bulletin de vote. A la base du parti, pourtant, il est clair que de très nombreux militants sont favorables à l’une ou l’autre de ces possibilités. Ils ne pourront les choisir, lors de la consultation interne.

Ce qui est encore plus clair, c’est qu’une très nette majorité de militants communistes rejette fermement l’idée d’un soutien du PCF à Montebourg ou à tout autre candidat issu des primaires du PS. Or la direction du PCF maintient l’ambiguïté sur cette question, sous couvert du sempiternel « rassemblement le plus large possible ». Par exemple, le 2 novembre, le porte-parole du PCF Olivier Dartigolles déclarait dans Regards : « Si Arnaud Montebourg gagne la primaire socialiste alors qu’elle a été conçue et verrouillée pour Hollande, ce sera un événement et un élément nouveau dans le paysage politique à gauche. Qui peut le contester ? Comment le peuple de gauche évoluera-t-il ? L’exigence de rassemblement va-t-elle grandir quand le danger mortel d’un second tour droite-extrême droite apparaîtra plus clairement ? C’est en tout cas ce que je crois. » De même, le 6 novembre, au lendemain de la Conférence Nationale, Pierre Laurent déclarait sur France Inter, en réponse à une question sur Montebourg : « il est évident que si un candidat socialiste sortait vainqueur de la primaire en affirmant sa volonté de rompre avec les politiques d’austérité menées depuis cinq ans, cela mériterait au minimum d’engager une discussion »

On touche ici au cœur de la position actuelle des dirigeants du PCF. Elle est mauvaise et dangereuse pour le parti. Arnaud Montebourg a été ministre du gouvernement Hollande pendant deux années, qui furent deux années de renoncements et de trahisons de la part des dirigeants « socialistes ». Voilà qui, d’emblée, discrédite Montebourg auprès des éléments les plus radicalisés de la jeunesse et du salariat. Mais en outre, Montebourg déroule un programme très modéré, parfois même réactionnaire. Par exemple, il propose une privatisation de facto des HLM. Dans le JDD du 30 octobre dernier, à une question du journaliste sur son programme en matière de salaires, il répondait : « Je suis réservé sur l’idée que les augmentations de salaire n’aient lieu que dans un seul pays en Europe. (…) Je proposerai un plan de hausse collective des salaires dans tous les pays d’Europe, à l’image de ce que Mme Clinton propose aux Etats-Unis. » Magnifique : Montebourg augmentera les salaires en France lorsqu’il aura convaincu le patronat européen de les augmenter dans tous les pays de l’UE – autrement dit, jamais. Tout son programme est de ce tonneau. Mais il y a encore plus significatif. Dans la même interview, Montebourg critique Mélenchon en ces termes : « Ce qui sépare Mélenchon du reste de la gauche, c’est sa radicalité et son isolement. »

N’est-ce pas clair ? Montebourg critique la « radicalité » de Mélenchon et souligne sa propre modération. Mais la crise du capitalisme, elle, radicalise les masses. Que doit faire le PCF, dans ce contexte ? Se ranger du côté de la modération ? Evidemment pas. Essayer de « rassembler » la modération et la radicalité dans on ne sait quel « large » compromis ? Non plus ! Le PCF devrait critiquer fermement la modération de Montebourg et contribuer, avec Mélenchon, à l’émergence d’une alternative de gauche au « large rassemblement » des modérés et des semi-modérés. Au lieu de cela, Pierre Laurent déguise Montebourg en homme qui veut « rompre avec l’austérité » et avec lequel, par conséquent, il faudrait « au minimum engager une discussion » s’il gagne la primaire du PS, en janvier. Et au maximum ? Soutenir sa candidature ? Ce serait suicidaire, pour le PCF.

Olivier Dartigolles se demande « comment le peuple de gauche évoluera » si Montebourg remporte la primaire. D’abord, « le peuple de gauche » est une formule bien vague : elle exclut la masse des travailleurs et des opprimés qui ne votent pas « à gauche » – ou ne votent pas du tout – parce que les dirigeants « de gauche » les ont systématiquement trahis. Il est permis de douter que l’ex-ministre Montebourg suscite beaucoup d’attentes et d’enthousiasme dans cette couche de l’électorat populaire. Par contre, le PCF et la France insoumise peuvent gagner une bonne partie de cet électorat à la perspective d’une alternative radicale et anticapitaliste aux politiques d’austérité.

Quant à l’ensemble de l’électorat populaire, il n’est pas homogène, et donc n’« évoluera » pas de façon homogène à une éventuelle victoire de Montebourg aux primaires du PS. Mais ici, les spéculations doivent céder la place à l’action, car tout cela dépendra notamment de la dynamique de la campagne de la France insoumise elle-même. Si, au lieu d’attendre l’« événement » Montebourg comme le messie, les dirigeants du PCF lançaient le parti dans la campagne de la France insoumise et critiquaient la modération de Montebourg, ses ambiguïtés, son rôle dans le gouvernement « socialiste », etc., cela contribuerait à faire de l’« événement » de son éventuelle victoire aux primaires un non-événement. Cela s’appelle une lutte politique. Mais la direction du PCF s’y refuse : elle tergiverse, temporise, lance des pétitions, des appels, des questionnaires, propose aux communistes des choix « évolutifs », médite passivement sur « l’évolution du peuple de gauche » – et, ce faisant, menace l’avenir du PCF.

Une candidature communiste ?

A la base du parti, des camarades redoutent qu’un soutien à la candidature de Mélenchon affaiblisse le PCF. Ils craignent que cela contribue à la marginalisation du parti. Ils pensent qu’une candidature du PCF – même si elle fait un petit score, au final – permettrait au moins au parti « d’exister » et de « s’affirmer » tout au long de la campagne. Chez nombre de camarades, cette idée est liée à de profondes convictions communistes et à la conscience du fait que ces idées ont besoin de s’incarner dans un parti puissant, enraciné, actif sur tous les fronts, y compris le front électoral.

Nous comprenons ce point de vue, qui est correct dans l’absolu. Mais il se heurte à un sérieux problème : dans les faits, la direction du PCF ne défend pas les idées du communisme, ni quoi que ce soit s’en approchant. Nous n’allons pas décrire ici la longue dérive droitière des directions successives du PCF [1]. Mais le résultat, aujourd’hui, c’est que le programme et les idées de la direction du parti relèvent d’un réformisme très modéré, souvent décoré d’un humanisme creux. La direction du parti ne remet plus en cause la grande propriété capitaliste. Elle s’est adaptée à l’économie de marché, c’est-à-dire au système capitaliste. Et bien sûr, les alliances avec le PS ont joué un rôle non négligeable dans cette adaptation, d’autant que la direction du PS elle-même est engagée dans une dérive droitière depuis des décennies. Modération programmatique et alliances avec le PS se sont déterminées réciproquement, en un cercle vicieux qui n’a cessé d’affaiblir le PCF.

Dans ce contexte, un candidat issu des rangs du PCF – c’est-à-dire de sa direction – ne permettrait pas aux idées du communisme « d’exister » et de « s’affirmer » pendant la campagne. Ce serait un candidat réformiste de plus et qui serait perçu comme un facteur de division dans une situation où c’est Mélenchon qui, de toute évidence, cristallise la radicalisation vers la gauche. Alors que se dessine la possibilité que Mélenchon passe devant le PS au premier tour, voire se qualifie au deuxième, une candidature du PCF serait très mal perçue par les éléments les plus radicalisés de la jeunesse et du salariat. A l’inverse, une participation énergique du PCF à la campagne de la France insoumise permettrait au parti d’entrer en contact avec ces éléments radicalisés qui soutiennent Mélenchon. Une preuve en a déjà été apportée par la fédération du PCF des Deux-Sèvres, qui est la seule à s’être engagée dès le mois de juin dans la campagne de la France insoumise. Résultat ? 30 % de croissance des effectifs militants du parti, dans cette fédération, comme nous l’explique son secrétaire Bruno Bonin. Certes, la fédération des Deux-Sèvres est petite. Mais la même dynamique peut se développer à l’échelle nationale. Cela permettrait d’inverser la tendance à la chute des effectifs du parti, encore attestée par les chiffres du dernier Congrès national. Les intérêts organisationnels du PCF sont clairement du côté de sa participation active à la campagne de Mélenchon.

Jean-Luc Mélenchon n’est pas communiste – et ne prétend pas l’être, d’ailleurs. Comme organisation marxiste, communiste, Révolution a donc d’importantes divergences avec le candidat de la France insoumise. Nous pensons, en particulier, que son programme progressiste serait inapplicable sans une rupture avec le système capitaliste. Mais les divergences théoriques ou programmatiques sont une chose. Autre chose est la dynamique politique concrète, dans le pays. Or le fait est que cette dynamique a fait émerger Mélenchon comme la personnalité de la « gauche radicale » la plus connue et la plus appréciée dans la masse de la population. Sa popularité est sans commune mesure avec celle de n’importe quel dirigeant du PCF. Des camarades peuvent le regretter. Mais ils doivent surtout comprendre que c’est une conséquence de la radicalité du discours de Mélenchon, ces dernières années, et notamment de ses attaques vigoureuses contre la politique réactionnaire du gouvernement « socialiste ». A l’inverse, l’ambiguïté permanente des dirigeants du PCF à l’égard du PS, leurs alliances sans principe avec le PS, leurs appels creux à un « virage à gauche » du gouvernement Hollande lorsque celui-ci virait vers la droite, la modération millimétrée de leurs critiques à l’égard du même gouvernement, leur refus de se caractériser comme une « opposition de gauche » au gouvernement – tout ceci et bien d’autres choses ont rendu le discours du PCF contradictoire et inaudible. En conséquence, en plus d’être perçue comme un facteur de division, une candidature du PCF serait perçue comme se situant sur la droite de Mélenchon.

Bien sûr, l’engagement du PCF dans la campagne de Mélenchon ne suffirait pas, en soi, à surmonter la crise que traverse le parti. En dernière analyse, cette crise est liée à la dérive idéologique des dirigeants du parti. Seul un puissant virage à gauche du PCF peut enrayer durablement son déclin et inverser la tendance. C’est le problème central auquel sont confrontés les militants communistes. Mais ils ne le règleront pas dans les prochaines semaines. Et dans l’immédiat, la participation active du PCF à la campagne de Mélenchon permettrait au parti et à ses militants d’entrer en contact avec de nouvelles couches de jeunes et de travailleurs. Si, à l’inverse, le PCF continue de se tenir à l’écart de la dynamique enclenchée autour de Mélenchon, il risque d’être marginalisé.

Le « cadre » et la « charte » de la France insoumise

Parmi les camarades du parti qui sont partisans d’un soutien du PCF à la candidature de Mélenchon, des doutes subsistent concernant le « cadre » de sa campagne et la « charte » de la France insoumise pour les élections législatives. A la Conférence Nationale, l’écrasante majorité des intervenants ont rejeté l’un et l’autre.

De la part des dirigeants du PCF, les récriminations contre le « cadre » et la « charte » de la France insoumise découlent surtout de leur volonté de garder les mains libres pour faire ce que bon leur semble avant comme après des élections. Mais du point de vue des intérêts du PCF comme organisation militante, ce cadre et cette charte ne posent pas de sérieux problèmes. Ici aussi, nous renvoyons à l’expérience des camarades des Deux-Sèvres.

Le cadre de la campagne, c’est la France insoumise, nous dit Mélenchon. Il explique : ce ne doit plus être un « cartel » de forces – comme l’était le Front de Gauche – dont chacune mène sa propre barque, notamment en termes d’alliances électorales. Mélenchon et ses camarades ne demandent pas au PCF de se dissoudre dans la France insoumise. Ils demandent une campagne homogène et clairement identifiable, au niveau national, pour la présidentielle comme pour les législatives. Cela ne signifie pas que les cellules et sections du parti devraient cesser toute activité et toute initiative propres. Au contraire. Le PCF ne doit pas se contenter « d’appeler à voter » pour Mélenchon, comme le propose « l’option 1 » de la consultation interne au parti. Il doit jeter toutes ses forces, comme parti, dans cette bataille. Le « cadre » de la France insoumise n’exclut pas cela. Et à la limite, même si Mélenchon s’opposait à ce que le PCF, comme parti, défende activement sa candidature, nous ne voyons pas bien comment il pourrait l’empêcher. Mais justement, Mélenchon ne dit rien de tel. Il appelle le PCF à participer à la campagne de la France insoumise.

Mélenchon demande à ceux qui participent à la campagne de la France insoumise de défendre son programme, qui est un prolongement de L’Humain d’abord. On s’étonnerait du contraire. Mais là aussi, personne ne demande que tous les militants et toutes les organisations engagés dans la campagne soient d’accord avec tous les points du programme. On parle ici d’un mouvement – et qui plus est d’un mouvement de masse, ce qui par définition implique des nuances et des divergences en son sein. Révolution, par exemple, participe à la campagne de la France insoumise, mais considère que son programme est incomplet, comme nous l’avons expliqué ailleurs. Les militants communistes qui, pendant la campagne, voudraient défendre des mesures progressistes ne figurant pas dans le programme de la France insoumise, ou des idées authentiquement communistes, pourraient le faire sans qu’immédiatement le « cadre » ne leur tombe sur la tête. D’ailleurs, si les dirigeants de la France insoumise poussaient trop loin l’exigence d’une homogénéité de la campagne, ce serait contre-productif – et voué à l’échec.

Venons-en à la « charte » pour les législatives. A entendre la plupart des dirigeants qui se sont exprimés sur ce thème, lors de la Conférence Nationale, cette charte serait absolument inacceptable – voire stalinienne, si l’on en croit les déclarations du député PCF André Chassaigne. Encore une fois, ces positions outrancières reflètent, non le souci des intérêts du PCF comme organisation militante, mais plutôt l’aspiration de dirigeants et élus du PCF à conserver leur indépendance à l’égard de la discipline militante la plus élémentaire. La charte propose en effet d’introduire des éléments d’une telle discipline. Par exemple, elle demande de « construire une coopération politique entre les député-es et le mouvement France insoumise (…) afin d’examiner ensemble les projets de loi les plus importants, s’accorder sur les propositions à porter aux débats de l’Assemblée nationale et le consulter pour chaque vote important et notamment celui du budget de l’Etat et de la sécurité sociale. »

Cité par Le Figaro, le député PCF Alain Bocquet proteste : Mélenchon « souhaite revenir à l’époque où nous étions inféodés à la discipline de parti. Mais, en démocratie, les élus ne sont mandatés que par leurs électeurs ». Ah bon ? Et comment « les électeurs » – cette catégorie sans contenu de classe – peuvent-ils contrôler les députés ? Ils ne le peuvent pas. Non, camarade Bocquet, ceci n’a rien à voir avec la conception communiste de la « démocratie ». D’un point de vue communiste, la démocratie, c’est notamment le contrôle des dirigeants des organisations ouvrières – politiques ou syndicales – par leur base. Cela vaut évidemment pour les élus du PCF. Par exemple, les militants communistes auraient bien aimé avoir leur mot à dire, en novembre 2015, lorsque les députés du PCF ont voté en faveur de l’état d’urgence – ou lorsque, quelques jours plus tard, ils se sont abstenus sur le bombardement de la Syrie.

On peut trouver tel ou tel défaut à la « charte » de la France insoumise. Mais d’un point de vue communiste, elle est un progrès par rapport aux principes et à la pratique régulière de nombreux élus du PCF, qui dans leur mandat se sentent libres de toute discipline de parti.

Conclusion

Révolution appelle les militants communistes à voter pour « l’option 1 », malgré sa formulation très insatisfaisante. Si cette option l’emporte, il faudra aller plus loin, ne pas se contenter d’« appeler à voter » pour Mélenchon, mais engager résolument le PCF dans la campagne. Le parti a perdu beaucoup de temps dans toutes sortes de tergiversations stériles. L’urgence, c’est de contribuer maintenant, sans plus attendre, à l’émergence d’une alternative de gauche à la direction du PS, « frondeurs » compris. C’est dans l’intérêt à la fois du PCF et de la lutte contre le capitalisme en crise.

Jérôme Métellus – Révolution / PCF Paris


[1] Voir Le congrès du PCF et la crise du Front de Gauche

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