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Travailleurs Venezeula

Ces dernières décennies, la revendication de la propriété collective des moyens de production et d’échange a peu à peu disparu du programme du PCF. Cette revendication est désormais remplacée par des mesures réformistes et limitées telles que « de nouveaux pouvoirs pour les Comités d’Entreprise » ou des « bonus-malus pour les entreprises en fonction de leur politique sur l’emploi ». Il s’agit là d’un très grave recul idéologique du PCF.

En effet, la question de la propriété collective des moyens de production et d’échange est l’un des fondements du marxisme. C’est cette question de la propriété et du contrôle de l’économie qui distingue le système capitaliste du système socialiste à construire.

L’expérience désastreuse du stalinisme est souvent utilisée comme argument pour remettre en cause l’idée même de la nationalisation et d’économie planifiée. Cependant, ce que défendent les marxistes est tout à fait différent de ce qui existait en URSS à l’époque de la dictature de Staline. Les marxistes revendiquent la nationalisation des usines, entreprises, banques, assurances, supermarchés, terres agricoles, mines, etc., – mais cette nationalisation doit se faire sous le contrôle des travailleurs. En URSS, ce programme a été mis en œuvre après la révolution, mais la démocratie ouvrière des premières années n’a pas survécu, en raison de l’isolement de la révolution dans un pays économiquement arriéré.

Pôles publics ?

Le programme actuel du PCF propose bien de renationaliser EDF-GDF. C’est un point positif. Mais en ce qui concerne le logement, le crédit et l’eau, par exemple, le programme parle de constituer des « pôles publics ». Cette formule confuse laisse la porte ouverte à un « partenariat » public-privé dans le cadre du « pôle ».

Et de toute façon, seule une petite minorité de l’économie est concernée par ces « pôles ». Le programme du PCF ne réclame jamais la nationalisation des grands groupes industriels, des grands groupes du CAC 40, des chaînes de supermarchés, etc. Or, laisser ces entreprises sous le contrôle des capitalistes, c’est leur laisser le contrôle de l’économie et donc le contrôle du destin politique du pays.

Lorsqu’un gouvernement de gauche s’installera en France, s’il ne s’attaque pas à la propriété privée des grands moyens de production, les capitalistes utiliseront toute leur force de frappe économique pour saboter les réformes sociales mises en place. C’est ce qui se passe en ce moment au Venezuela. Le gouvernement met en œuvre de nombreuses réformes progressistes (réduction du temps de travail, investissement massif dans l’éducation et la santé, etc.), mais laisse pour l’instant la plupart des entreprises entre les mains des capitalistes.

Et que se passe-t-il ? Les capitalistes se servent de leur pouvoir économique pour saboter les réformes sociales et tenter de faire tomber le gouvernement : coup d’Etat en 2002, lock-out patronal de l’industrie pétrolière, pénurie alimentaire organisée par le patronat – entre autres. Laisser les entreprises aux mains des capitalistes, c’est laisser une arme puissante aux ennemis des travailleurs, arme qu’ils n’hésiteront pas à utiliser pour défendre leurs intérêts de classe.

L’exemple du Venezuela

Comment faire pour nationaliser sous le contrôle des travailleurs ? Là encore, tournons-nous vers le Venezuela. Plusieurs entreprises ont été nationalisées et placées sous contrôle ouvrier. Ainsi, c’est un comité d’usine directement élu par les ouvriers qui décide de ce qui est produit, comment et à quel prix. Les ouvriers se réunissent très régulièrement en Assemblées Générales pour décider de l’avenir de l’entreprise. Il n’y a pas de patrons, pas d’actionnaires propriétaires de l’entreprise, et cependant l’entreprise fonctionne très bien. Cependant, cela ne sera viable sur le long terme que si cette expérience est étendue à l’ensemble de l’économie.

La nationalisation, sous le contrôle démocratique des travailleurs, des moyens de production et d’échanges, est la condition sine qua non de la réalisation durable d’un programme communiste, et le choix ou le refus de cela distingue les marxistes des réformistes.

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