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Dans un nombre de villes sans cesse croissant, la constitution de listes pour les élections municipales donne lieu à des alliances entre le PS, le PCF et le MoDem – notamment à Bordeaux, Montpellier, Grenoble et Roubaix. Par ailleurs, de nombreux dirigeants socialistes locaux qui ont formé des listes avec le PCF, au premier tour, n’excluent pas de fusionner avec le MoDem entre les deux tours. C’est le cas à Paris, par exemple. Face à cette situation, la grande majorité des militants communistes sont partagés entre le malaise et la consternation. Pour sa part, La Riposte s’oppose fermement à ces alliances avec la droite. Comme nous l’écrivions, le 20 janvier dernier, « le MoDem est un parti capitaliste, dont les dirigeants ont systématiquement soutenu la politique de régression sociale mise en œuvre par les gouvernements de Raffarin et de Villepin, entre 2002 et 2007. Il est l’ennemi implacable des travailleurs, des jeunes et des retraités – et l’ami fidèle de la classe possédante qui ruine l’économie du pays. »

La Riposte appelle les militants du PCF – et ceux du PS – à rejeter catégoriquement toute participation à des listes communes avec la droite. Les dirigeants du PCF auraient dû, eux aussi, formuler un appel en ce sens. Mais tel n’est pas le cas. Voici, dans la « déclaration » qui a été adoptée lors du dernier Conseil National du PCF, le 8 février, le seul paragraphe qui touche à cette question : « C’est bien parce que l’urgence est de battre la droite, ses idées et de construire une alternative à gauche que le Conseil National dénonce les manœuvres d’élus socialistes qui, imaginant leur salut du côté du MoDem, contribuent à la dilution des valeurs et des convictions propres à la gauche. Il encourage les communistes confrontés à ces situations à continuer à se battre pour assurer la réaffirmation claire et la visibilité, dans leur localité, des idéaux qui sont les nôtres et ceux de tous les progressistes. » En d’autres termes, la direction du PCF condamne l’alliance du PS avec le MoDem, mais cautionne implicitement le maintien de candidats du parti sur ces listes – tout en invitant les communistes à « se battre » pour que, malgré l’énorme confusion qui en résulte, les choses soient « claires »… Non, vraiment, les choses ne sont pas claires !

La caution que la direction du PCF apporte à des listes communes avec la droite est une nouvelle illustration de l’incapacité du réformisme « anti-libéral » à présenter une alternative sérieuse au capitalisme et à la politique de la droite. Pour des millions de jeunes et de travailleurs qui veulent infliger une défaite électorale à la droite, cette nouvelle dérive apparaîtra comme une preuve que, pour le PCF, la course aux « bonnes places » prend le pas sur les principes qu’il prétend défendre. Ils se diront : « en paroles, le PCF dénonce les manœuvres électoralistes du PS. Mais dans les faits, il agit de la même façon. » Des milliards de « réaffirmations » de nos « valeurs » et de nos « idéaux » n’y changeront rien. La clarté, cela commence en traçant une ligne de démarcation absolument nette entre le PCF et les partis de droite, notamment sur le bulletin de vote. En refusant de tracer cette ligne, la direction du PCF porte gravement atteinte à la crédibilité du parti, en particulier parmi les couches les plus conscientes de la classe ouvrière.

« Ah ! Mais c’est le PS qui nous impose ces alliances ! », répond la direction du PCF. C’est effectivement le PS, et non le PCF, qui prend l’initiative d’ouvrir les listes au MoDem. Mais le PS, cependant, ne nous « impose » rien, car rien n’oblige les candidats du PCF à rester sur les listes en question. Prétendre que le PS nous impose ces alliances, c’est cacher sa propre capitulation derrière la trahison – certes, flagrante et honteuse – des dirigeants du PS. Les militants communistes connaissent bien ce type d’argument. Il n’est pas nouveau, dans le parti. Entre 1982 et 1984, le PS « imposait » aux ministres communistes le blocage des salaires, les suppressions d’emplois massives et les autres aspects de la politique de rigueur. A l’époque du gouvernement Jospin, le PS nous « imposait » les privatisations… Au fil de années, de compromis en compromis, de concessions en concessions, la direction du PCF a considérablement miné l’implantation du parti.

« Ah ! Mais le PCF a besoin d’élus ! », nous dit-on. Aucun communiste sérieux ne s’élèvera contre l’objectif d’avoir des élus. Cependant, les objectifs électoraux ne peuvent pas tout justifier. Les alliances électorales avec la droite doivent être exclues en principe, partout et toujours, quel que soit le nombre d’élus en jeu. La participation de communistes à des listes PS-Modem ne peut que discréditer le PCF auprès de tous ceux qui veulent lutter contre la droite. Au regard de l’avenir du parti, le refus de toute collaboration avec la droite pèse infiniment plus lourd que tous les sièges de conseillers municipaux et de maires adjoints réunis.

Le problème, justement, c’est que le fait d’avoir des élus pèse plus lourd, dans les sommets du parti, que les considérations de principe et de clarté politiques. En aparté, on va jusqu’à nous rappeler que les finances du parti reposent, pour une bonne part, sur les indemnités que l’Etat verse aux élus PCF. Mais on est là dans un cercle vicieux. Car la dépendance accrue du PCF à l’égard du « financement public » est précisément la conséquence des compromissions successives de la direction du parti – et de sa dérive réformiste en général. Il suffit de rappeler qu’au cours des 30 dernières années, le PCF a perdu des centaines de milliers de cotisants. Si le programme du PCF était véritablement communiste, son action et ses idées trouveraient un énorme écho – et une vaste source de financement – dans la jeunesse et le salariat, qui seraient prêts à faire des sacrifices financiers pour une organisation qui défend sérieusement leurs intérêts.

Il faut rompre ce cercle vicieux. Face aux conséquences désastreuses de la crise du capitalisme et aux attaques brutales du gouvernement de droite, le nombre de jeunes et de travailleurs qui cherchent une alternative au système capitaliste ne cesse de croître. Des mobilisations massives sont à l’ordre du jour. Dans ce contexte, le PCF peut et doit remonter la pente. Mais pour cela, il doit se présenter avec un programme réellement communiste et un drapeau sans tache.

Au moment où nous terminons cet article, un camarade de la section du PCF du 20e arrondissement, à Paris, nous apprend que la résolution suivante vient d’y être votée, en AG de section : « Les communistes du XXe souhaitent que partout en France, et particulièrement à Paris, les candidats investis par le PCF ne s’associent pas aux ouvertures initiées par les têtes de listes socialistes en direction de la droite, et en particulier du MoDem ou de transfuges de fraîche date de cette organisation. Dans le cas où une liste d’Union de la Gauche accueille des candidats de droite, ils souhaitent que les candidats communistes s’en retirent, et que cette décision soit largement rendue publique ».

Il faut suivre l’exemple de ces camarades !

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