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Si le but de l’Assemblée extraordinaire du PCF, qui s’est tenue les 8 et 9 décembre dernier, était vraiment d’identifier les causes de la régression électorale et organisationnelle du parti, et de proposer des solutions concrètes, force est de reconnaître qu’elle n’y a pas réussi.

De manière générale, les textes versés au débat par les dirigeants du parti montrent à quel point leurs idées sont éloignées des idées fondamentales du communisme. Le langage employé rend bien des textes littéralement incompréhensibles. Un camarade parisien nous a fait rire, dans un article de La Riposte, quand il a cité deux phrases typiquement obscures d’Olivier Dartigolles, les comparant à la « novlangue » que Georges Orwell décrit dans son roman 1984. Mais malheureusement, le vide idéologique que cherche à masquer ce langage confus est loin d’être une plaisanterie.

Une majorité importante contre la dissolution

Cela dit, l’Assemblée n’a pas servi à rien. Premièrement, grâce aux comptes-rendus des assemblées fédérales et de section, mais aussi grâce aux interventions et discussions des délégués à l’Assemblée, on a pu constater l’hostilité d’une très large majorité de la base du parti à toute dissolution ou « refondation » du PCF, tout comme à l’abandon de son nom. Deuxièmement, il est apparu évident que les différentes sortes de « liquidateurs » occupent, au Conseil National et dans les instances fédérales, une place beaucoup plus importante que ne le justifie le poids de leurs adeptes dans les sections et cellules du parti.

L’Assemblée aurait pu marquer un sérieux pas en avant si elle avait voté une résolution qui, prenant acte du rapport de force au sein du parti, refusait toute dissolution ou changement de nom. Une résolution dans ce sens aurait été massivement adoptée. Mais la direction s’est arrangée pour laisser toutes les possibilités ouvertes, ce qui n’est pas dans l’intérêt du parti. Plus longtemps le PCF laissera planer au-dessus de lui un point d’interrogation sur cette question vitale, plus il s’affaiblira. Après tout, pourquoi l’électorat et de nouveaux adhérents potentiels feraient-ils confiance à un parti qui se pose la question de sa propre disparition ?

Ce n’est pas, hélas, un problème nouveau. L’une des raisons du mauvais score du PCF aux présidentielles – pas la plus importante, mais une raison tout de même – réside précisément dans le doute savamment entretenu, jusqu’à une date avancée de la période pré-électorale, sur la candidature de Marie-George Buffet. Ce genre de flottement est extrêmement nuisible à la crédibilité du PCF.

Les « liquidateurs » n’aiment pas qu’on leur colle cette étiquette. Il est pourtant difficile d’en trouver une plus appropriée. Quel est, au juste, le projet de cet éventail de dirigeants – Gayssot, Martelli, Cohen-Séat, Zarka, Braouezec, Sève, etc. – qui veulent faire « autre chose » ? Si on fait abstraction des nuances dans les propos des uns et des autres, l’essentiel de ce qu’ils proposent se ramène à ceci : le PCF doit cesser d’exister.

Des nuances, en effet, il y en a. L’adepte des privatisations et ex-ministre Jean-Claude Gayssot dit explicitement qu’il faut abandonner le communisme et le parti. Patrice Cohen-Séat affirme la supériorité du capitalisme sur le socialisme. Le « philosophe » Lucien Sève prétend qu’il faut rester « communiste » – et ce qu’il entend par là est très flou – mais qu’il faut en finir une fois pour toutes avec le PCF. Dans un texte intitulé Le Communisme est mort, vive le communisme, Sève conclut que vouloir garder le PCF, c’est se condamner à un « désastre ». Il propose donc d’abandonner le parti au profit d’un réseau « horizontal » composé d’« ateliers » locaux qui pourraient « multiplier les initiatives transformatrices désaliénantes sur tous les terrains et avec la participation de qui veut. » A la question : « comment résoudre les problèmes du PCF ? », Sève répond, en substance, que si le parti cessait d’exister, il n’y aurait plus de problèmes. En effet !

Les atouts des liquidateurs

Les propagandistes de la liquidation du parti ont trois atouts principaux. Premièrement, ils occupent, comme nous l’avons dit, une place importante – trop importante – dans les instances dirigeantes du parti. Il faut que tous les communistes soucieux de l’avenir du parti se mobilisent pour que ce problème soit réglé, aux prochaines élections internes. Deuxièmement, ils sont appuyés par les médias capitalistes. Le Monde, par exemple, qui voue un culte sans faille à Sarkozy, les appuie également sans réserve.

Troisièmement, ils se positionnent comme ceux qui veulent un changement. Ce n’est pas pour rien que les liquidateurs traitent ceux qui veulent maintenir le PCF de « conservateurs », voire de « réactionnaires ». Par exemple, sur le site de Braouezec, La Riposte a été récemment classée comme la tendance « la plus orthodoxe et réactionnaire du PCF » ! Bon nombre de militants, déboussolés par les échecs successifs de ces dernières années, sont convaincus que le parti a fait fausse route et que quelque chose doit changer. Ils ont raison sur ce point, un point que les liquidateurs exploitent pour les prendre dans leur filet. Cette même conviction, qu’on « ne peut pas continuer comme avant », est partagée par pratiquement tous les communistes, qu’ils soient pour ou contre le maintien du PCF.

Idées et programme

Dans les débats, au sein des sections du PCF, de nombreux communistes ne se contentent pas de refuser sa dissolution. Ils formulent, très souvent, l’exigence que le parti « revienne aux idées fondamentales » du communisme. C’est exactement ce qu’il faut faire. Il faut expliquer à tous les camarades que la source des difficultés du PCF est de nature politique, idéologique.

Le nœud du problème, c’est que le réformisme « anti-libéral » est incapable d’offrir une alternative concrète au capitalisme. L’expérience du PCF au pouvoir – de 1981 à 1984 déjà, mais surtout de 1997 à 2002 – a convaincu des millions d’électeurs potentiels et des dizaines de milliers d’ex-membres du PCF que celui-ci ne constituait pas une alternative sérieuse au « réformisme sans réformes » du PS. Le gouvernement Jospin a privatisé à une échelle sans précédent. Il a engagé la France dans une guerre impérialiste en Serbie, puis en Afghanistan. Il a résisté aux revendications sociales, au point de provoquer des grèves massives. Et le PCF, qu’a-t-il fait ? Marie-George Buffet avait mille fois raison, quand elle a dit, en 2002, que le parti avait reculé parce qu’il était allé « de compromis en compromis, de concessions en concessions ».

On ne peut pas régler un problème politique au moyen d’astuces et d’expédients organisationnels. Indépendamment des formes organisationnelles, un mauvais programme reste un mauvais programme. « Revenir aux idées fondamentales » signifie, en clair, revenir aux idées du marxisme. Ceci nous ouvrira, à tous les communistes, la possibilité de reconquérir le terrain perdu, de renouer avec les couches les plus militantes et les plus conscientes du mouvement ouvrier et de la jeunesse, et d’offrir une issue à la crise du capitalisme. Non à la dissolution du PCF ! Oui à son réarmement politique et à la lutte pour en finir avec le capitalisme !

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