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Le jeudi 20 novembre, les militants socialistes sont appelés à voter pour l’un des trois candidats au poste de premier secrétaire du PS : Royal, Aubry et Hamon. La droite et les médias ont choisi leur camp de longue date : c’est Royal, car elle exprime le plus clairement et le plus énergiquement la poursuite de la dérive droitière du PS. Mais les « accents de gauche » et les effets de tribune de Martine Aubry ne doivent tromper personne. Entre les motions Royal, Aubry et Delanoë, les différences politiques ont l’épaisseur d’un papier à cigarette. Ils sont d’accord sur l’essentiel : l’adhésion à l’économie de marché. Telle est d’ailleurs la base politique de l’énorme volatilité qui règne aux sommets du PS. Les dirigeants de l’aile droite peuvent changer de clan comme on change de chemise, sans trahir la moindre idée.

Il est vrai que les dirigeants droitiers du PS – y compris Ségolène Royal – ont récemment adopté des tonalités « de gauche ». Ils y sont poussés par la crise économique. Ils veulent rester en phase avec la base du parti. L’apologie du « libre-marché » n’est pas très payante, ces temps-ci : Delanoë l’a appris à ses dépens. Mais au-delà des discours et des postures de congrès, il y a les actes.

Par exemple, Delanoë et Aubry ont attaqué Royal sur la question des alliances avec le MoDem. Mais comment les prendre au sérieux ? Sur les alliances avec le MoDem, Delanoë a maintenu la plus complète ambiguïté, lors des dernières municipales. Il a refusé de prendre une position claire avant le premier tour du scrutin. Contrairement à ce qu’il a affirmé à la tribune du congrès, Delanoë n’a pas refusé « par principe » l’alliance avec le MoDem, à Paris. Il y a renoncé parce qu’il n’en avait pas besoin pour l’emporter largement. Quant à Martine Aubry, elle fait mine d’oublier les accords avec le MoDem qu’elle a elle-même conclus, dans l’agglomération lilloise. Delanoë s’est d’ailleurs permis de le lui rappeler en « désapprouvant » des accords… dont il ne disait rien, à l’époque. Ces assauts d’hypocrisie ont été parfaitement résumés par un partisan de Royal : « les accords avec le MoDem, ils les approuvent tous et y viendront tous ». C’est très exactement l’état d’esprit de la droite du PS.

Face au réformisme sans réformes et à la dérive centriste de Royal et Aubry, Benoît Hamon représente l’aile gauche. La gauche du PS est en crise depuis plusieurs années. Suite à la défaite électorale de Jospin, en 2002, la « Gauche Socialiste » s’est divisée en plusieurs courants que rien ne distingue vraiment, sur le fond. La cause principale de cette dislocation est une inconsistance politique chronique, qui s’est notamment illustrée par la capitulation de dirigeants comme Peillon, Montebourg et Dray. Ceux-ci ont rejoint la droite du parti avec armes et bagages. Les dirigeants de la gauche du PS – y compris Mélenchon – ont systématiquement marchandé leur poids, dans le parti, contre des postes et des promesses de postes. Ce faisant, ils s’interdisaient de défendre une politique de principe, contre la droite du parti, et d’accumuler patiemment l’autorité que confèrent un programme et des idées correctes. Si la gauche du PS avait tenu une ligne socialiste consistante, ces dix dernières années, elle serait dans une bien meilleure position qu’aujourd’hui.

La motion de Benoît Hamon – Un monde d’avance – relève d’un « réformisme de gauche » très modéré. Ses idées sont très confuses – et très en retard sur la crise du capitalisme. Un monde d’avance appelle à « transformer les règles du système économique », mais ne propose aucune mesure sérieuse contre la domination des capitalistes. Sur les plateaux de télévision, Hamon a choisi de défendre l’une des plus mauvaises propositions de sa motion : « sortir du libre-échange généralisé ». Ainsi, il suggère de renforcer le protectionnisme européen. Soyons clairs : cette idée est tout simplement réactionnaire. Les capitalistes européens combinent le protectionnisme et le libre-échange en fonction des circonstances économiques et de leurs intérêts. Ce sont deux facettes de la guerre économique à laquelle se livrent les grandes puissances, sur le marché mondial. Dans les deux cas, les travailleurs sont toujours perdants. Nous ne pouvons défendre aucune de ces options, car elles reposent toutes deux sur le contrôle de l’économie par une poignée de parasites multi-millionnaires. C’est à cette domination qu’il faut mettre un terme.

Mais les auteurs de la motion Hamon refusent de franchir la ligne rouge de la propriété privée capitaliste. Certes, ils invoquent à de nombreuses reprises la « puissance publique », les « services publics », l’« intervention de l’Etat », etc., mais ils se gardent bien de réclamer, par exemple, la re-nationalisation de tout ce que le gouvernement Jospin a privatisé, entre 1997 et 2002. Il est vrai qu’à l’époque, Hamon, Emmanuelli et consorts n’avaient rien trouvé à redire. Aujourd’hui, ils parlent de « réappropriation sociale » et de « pôles publics ». Les militants communistes qui ont lu le texte de la direction du PCF, pour son congrès, connaissent bien ce type de charabia « antilibéral ». En la matière, ces deux textes sont très similaires, et ce n’est pas un hasard. Les dirigeants du PCF et de la gauche du PS suivent une même courbe déclinante : celle du réformisme en temps de crise du capitalisme, alors que le réformisme n’a plus de base matérielle. C’était déjà le cas avant la récession, mais celle-ci va accélérer la crise du réformisme, y compris le réformisme « de gauche ».

Face à la politique réactionnaire de Sarkozy, les travailleurs n’ont aucun intérêt au renforcement de l’aile droite à la tête du PS. Nous souhaitons qu’un maximum de voix se porte sur la candidature de Benoît Hamon, le 20 novembre. Mais quel que soit le résultat du vote, le développement d’une aile gauche consistante ne peut reposer que sur une révision radicale de ses idées et de son programme. Les militants socialistes qui veulent mettre un terme à la dérive droitière du PS devront mener une lutte implacable contre le réformisme impuissant qui domine la droite et la gauche du parti. En d’autres termes, ils devront redécouvrir les idées et le programme du socialisme révolutionnaire – c’est-à-dire du marxisme.

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