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Au cours de son histoire, le Parti Socialiste a connu bien des crises et des revers. Pour se dessiner un avenir, ses dirigeants actuels le rappellent sans cesse : « Le succès, ça va, ça vient ! ». Mais ce n’est pas aussi simple et mécanique. Rien ne garantit que le PS, cette fois-ci, rebondira.

Dérive droitière

Si, par le passé, le PS s’est relevé de ses graves défaites électorales, c’est parce que malgré ses renoncements et ses trahisons, il conservait une importante base sociale et électorale. Déçu par la politique gouvernementale de François Mitterrand, une partie de l’électorat populaire tournait le dos au PS, le temps d’une élection, mais y revenait ensuite pour chasser la droite du pouvoir. Ainsi, quatre ans à peine après la débâcle des législatives de 1993 (52 députés), le PS remportait largement les élections législatives de 1997 (242 députés).

Au pouvoir entre 1997 et 2002, la « gauche plurielle » (PS, PCF et Verts) déçoit : privatisations, explosion du travail précaire, graves concessions au patronat sur les 35 heures, participation à des guerres impérialistes (Serbie, Afghanistan)... Résultat : le 21 avril 2002, Lionel Jospin n’est même pas qualifié au deuxième tour de la présidentielle. C’est un premier avertissement. Mais les dirigeants du PS, ralliés aux merveilles de « l’économie de marché », refusent d’entendre cet avertissement – et poursuivent leur dérive droitière, sur les plans idéologique et programmatique.

Cinq ans plus tard, en 2007, Nicolas Sarkozy remporte la présidentielle face à Ségolène Royal, malgré l’impopularité de la droite au pouvoir. C’est un deuxième avertissement, mais il n’a aucun effet sur les dirigeants du PS, qui persistent et signent : « A droite, toute ! » Pour la présidentielle de 2012, le programme de François Hollande est le plus modéré du parti depuis sa refondation (1971). Hollande se contente de tabler sur le rejet de Sarkozy, dans la population.

Et ça marche : Hollande l’emporte. Mais pendant cinq ans, son gouvernement mène une politique encore plus réactionnaire que celle de Sarkozy. En 2016, il impose la loi Travail à coup de 49-3 et d’une violence policière sans précédent sous un gouvernement « socialiste ». Sur les manifestations, on crie : « Tout le monde déteste le PS ! » Le 23 avril 2017, Benoît Hamon en recueille les fruits amers : 6,4 % des voix. Dans la foulée, le PS n’obtient que 30 députés à l’Assemblée nationale. Les militants désertent le parti : il en resterait 20 000 « actifs » à ce jour, d’après la direction elle-même. Si l’on retranche les milliers d’élus socialistes, on se trouve face à des généraux sans armée – et qui ont vendu leur QG.

Polarisation

Il est impossible d’affirmer avec certitude que le PS est condamné à la marginalisation : trop de facteurs entrent ici en ligne de compte. Mais la dernière étape du processus que nous venons de décrire marque une évidente rupture, un profond divorce entre le PS et l’électorat populaire. Il ne sera pas facile, pour les actuels dirigeants du PS, de renouer avec la jeunesse et la classe ouvrière du pays.

Ce sera d’autant moins facile que les dirigeants en question sont très forts pour se disputer le contrôle du parti, mais s’avèrent incapables de défendre un programme un tant soit peu « radical », même dans les limites du réformisme. Or la dernière séquence électorale, en France, a exprimé une très nette polarisation – vers la droite (FN), mais aussi vers la gauche (Mélenchon). En se positionnant « entre Mélenchon et Macron », comme ils le disent tous, les dirigeants du PS se positionnent au-dessus du néant. En général, ça finit mal.

En avril dernier, le rejet du PS n’avait pas un caractère seulement négatif ; il avait aussi un caractère positif, sous la forme d’un soutien – souvent enthousiaste – au candidat de la France insoumise (20 % des voix). C’est un élément nouveau par rapport aux dernières décennies. Depuis la fin des années 1970, le PS n’avait pas de véritable concurrent à gauche. Il y avait bien le PCF, mais sa direction suivait comme son ombre la dérive droitière des dirigeants du PS. En outre, le PCF multipliait les alliances électorales sans principe avec le PS, voire entrait dans ses gouvernements (1981-1984, puis 1997-2002). Désormais, la situation est différente : la France insoumise se distingue clairement du PS et constitue une alternative crédible sur sa gauche, dans un contexte de radicalisation de la jeunesse et du salariat.

En conséquence, l’avenir du PS est, dans une large mesure, entre les mains de la France insoumise. La FI peut accélérer la marginalisation du PS, dans la période à venir, à condition qu’elle soit elle-même à la hauteur de la situation, c’est-à-dire qu’elle parvienne à incarner une alternative aux politiques d’austérité et au capitalisme en crise.

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