La grève des jeunes médecins dans le Pendjab, au Pakistan, a duré trois semaines et a été massivement suivie : 25 000 médecins se sont mis en grève ! Menée par la Young Doctors Association (YDA), avec le concours de la Pakistan Trade Union Defence Campaign (PTUDC - Campagne de Défense du Syndicalisme Pakistanais), la grève a pris fin il y a deux mois, après un engagement de la Cour Suprême que leurs revendications seraient prises en considération. Depuis, il ne s’est rien passé, et un nouveau mouvement de grève se prépare. Les jeunes médecins dénoncent l’état de délabrement du service de santé au Pakistan, ainsi que l’attitude inhumaine et impitoyable de la classe dirigeante envers la santé publique. Plus de 500 000 femmes meurent à l’accouchement chaque année, faute d’accompagnement médical adéquat, et 1132 enfants meurent chaque jour, en moyenne, de malnutrition et de maladies mal soignées. Dans les années 70, le gouvernement de Z.A. Bhutto avait massivement augmenté le budget de la santé publique. Mais depuis les années 80, le secteur a été progressivement livré aux cliniques et hôpitaux privés. La transformation de la santé publique en commerce privé fait qu’une partie très importante de la population n’a plus accès aux soins, dans un contexte où les conditions sanitaires – pollution, entassement de détritus, logements insalubres, eaux contaminés, etc. – génèrent de nombreuses maladies et infections.
La grève a mis en évidence la dégradation des conditions de travail et la faible rémunération des jeunes médecins. L’inflation a rongé leur pouvoir d’achat. Les médias pakistanais s’efforcent de dresser la population contre la YDA. Pendant la grève, l’armée et la police ont été utilisées contre les rassemblements paisibles des médecins. Pour la YDA et la PTUDC, la brutalité de la police et les arrestations et incarcérations arbitraires montrent bien que l’Etat pakistanais est le défenseur des intérêts des élites et des exploiteurs. Des dizaines de détenus ont été brutalisés et torturés. C’est le cas d’un jeune médecin qui, après de multiples séances de torture, est sorti de prison dans un état semi-conscient et physiquement paralysé, entre la vie et la mort.
L’un des arguments utilisés pour dénigrer les grévistes est que leur mouvement violait le serment d’Hippocrate, mais comme le constate la PTUDC : « le gouvernement et l’appareil d’Etat sont complètement corrompus, liés aux trafics et aux activités criminelles à tous les niveaux, mais lorsque les jeunes médecins se battent pour la mise en place d’un service de santé publique digne de ce nom, ils osent leur parler d’honneur et du respect de la parole donnée ! Ceci n’est qu’une monstrueuse hypocrisie. Les médecins se sont mis en grève seulement après avoir épuisé tous les autres moyens de se faire entendre. »
La grève a pris fin mais le combat continue. Si le gouvernement ne cède pas, les jeunes médecins envisagent de relancer un mouvement de grève. Aujourd’hui, ils ont besoin de votre soutien. Envoyez vos messages de solidarité à la PTUDC à l’adresse suivante :