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Obama

Cet article a été écrit au lendemain des élections américaines qui se sont tenues le 6 novembre.


La réélection de Barack Obama n’a pas donné lieu à la grande vague d’enthousiasme de 2008, loin s’en faut. Malgré un battage médiatique infernal présentant cette élection comme « historique », beaucoup d’Américains sont restés désabusés et indifférents. Les espoirs suscités par Obama, il y a quatre ans, ont été douchés par la crise, la flambée du chômage et les coupes budgétaires. De nombreux électeurs démocrates ont cette fois-ci voté Obama par défaut, uniquement pour écarter le danger d’un retour de l’extrême droite républicaine.

Les élections de 2008 avaient été marquées par la plus importante participation depuis 1960. En 2012, la participation était dans la plupart des Etats non seulement inférieure à 2008, mais même à 2004. Quelque 120 millions d’Américains ont voté pour la présidence, contre 131 millions en 2008.

Démocratie ?

L’impérialisme américain se présente comme le porte-drapeau mondial de la « démocratie », au nom de laquelle il bombarde et envahit des pays souverains. Mais son système électoral exclut de très nombreux citoyens. Des millions d’immigrés qui vivent, travaillent et payent des impôts dans le pays n’ont pas le droit de vote. Le jour même de l’élection, le premier mardi de novembre, est un jour travaillé : si votre patron ne vous laisse pas aller voter, tant pis pour vous ! De même, si un ouragan frappe votre ville et que vous êtes sans électricité pendant plusieurs jours, n’allez pas vous plaindre : « the show must go on ! » [1]

Mais ce qui vide pratiquement de toute substance la « démocratie américaine », c’est l’absence d’un parti ouvrier de masse. Les travailleurs américains ont le choix entre deux grands partis pro-capitalistes – les Démocrates et les Républicains – qui, à tour de rôle, dirigent le pays pour le compte exclusif de la classe dirigeante. Comme l’écrivait l’essayiste américain Gore Vidal : « nous n’avons qu’un parti aux Etats-Unis, le parti de la propriété, avec deux ailes droites ».

De ce point de vue, Obama a donné entière satisfaction au patronat du pays. Le « sauvetage » des grands groupes capitalistes américains signifie, en clair, que leurs pertes ont été socialisées – et l’addition présentée à la masse de la population. Du fait de cette politique – et des guerres en Afghanistan et en Irak –, la dette publique américaine s’élève désormais à plus de 16 000 milliards de dollars. Cela représente 50 000 dollars par Américain. Qui va payer ? Obama annonce qu’il taxera davantage tous ceux qui gagnent plus de 250 000 dollars par an. Rien n’est moins sûr. Mais de toute façon, l’essentiel de sa politique de « résorption de la dette » viendra de coupes budgétaires massives dans la santé publique, l’éducation et les différents programmes d’aide aux plus pauvres. Il l’a annoncé à demi-mot dès le lendemain de sa victoire.

Lutte des classes

De grandes luttes sociales sont à l’ordre du jour aux Etats-Unis. Depuis 2008, nous avons assisté aux premiers symptômes d’un réveil de la classe ouvrière américaine : des grèves massives, des occupations et le mouvement « Occupy Wall Street », entre autres. Mais ce n’est rien à côté de ce qui se prépare. Contrairement à une idée reçue qui, malheureusement, a gagné du terrain jusque dans le mouvement ouvrier européen, les travailleurs américains ont de grandes traditions, notamment syndicales.

Une étape décisive sera la création d’un grand parti des travailleurs. Cela transformerait complètement le paysage politique du pays. Et la responsabilité de créer un tel parti revient aux dirigeants syndicaux, qui doivent cesser de systématiquement soutenir – et financer ! – les Démocrates. Un parti des travailleurs enraciné dans le mouvement syndical gagnerait immédiatement une base de masse. Il pourrait non seulement offrir une alternative électorale aux deux grands partis capitalistes, mais lutter pour le pouvoir et pour en finir avec le capitalisme américain.


[1] Le spectacle doit continuer !

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