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The Take

« Les gens sont en colère. 1 % de la population possède plus de richesses que 95 %. Le gouvernement reconnaît qu’un Américain sur six ne peut pas se nourrir correctement, faute de moyens. Le nombre de personnes privées de soins augmente. Ceux qui ont accès aux soins les payent de plus en plus cher. Le taux de chômage est très élevé. Des millions de personnes ont perdu leur logement – ou risquent de le perdre à tout moment. D’autres font face à des loyers ou des échéances de crédit exorbitants. En 2008, déjà, 91 millions d’Américains, c’est-à-dire près d’un tiers de la population totale, vivaient avec moins de 22 000 dollars par an. Imaginez donc ce que sera le chiffre après les effets de la récession de 2009 ! »

Cette citation, extraite d’un éditorial du journal marxiste américain Socialist Appeal, résume en quelques mots les raisons de l’échec des Démocrates aux élections sénatoriales, dans le Massachusetts, le 19 janvier dernier. Les Démocrates détenaient ce siège depuis 47 ans.

Pendant que les conditions de vie de la masse de la population américaine se dégradaient, Obama a versé des milliards de dollars dans les coffres des banques. Et il se retourne maintenant vers les travailleurs du pays pour qu’ils payent l’addition. En agissant de la sorte, Obama prolonge la politique de Bush. Pendant les élections présidentielles, les dirigeants syndicaux américains ont expliqué aux travailleurs que leurs conditions de vie seraient meilleures avec un président démocrate. Mais qu’est-ce qui a changé, au juste ? Dans un système politique dominé par deux partis liés aux intérêts capitalistes, la stratégie consistant à soutenir le prétendu « moindre mal » démocrate aboutit à ceci : le « moindre mal » se discrédite et prépare le terrain au retour du « plus grand mal », à savoir les Républicains. Dans le Massachusetts, nous avons une nouvelle démonstration de ce cycle infernal. Un an après l’arrivée d’un Démocrate à la Maison Blanche, la désillusion s’installe.

L’institut d’études sociales Hart Research Associates a réalisé un sondage, dans le Massachusetts, auprès des syndicalistes de l’AFL-CIO. Parmi les électeurs n’ayant pas de diplôme universitaire, les Démocrates avaient une avance de 21 points, en 2008. Sur la même population, ils se retrouvaient 20 points en dessous des Républicains, en 2009. Au lieu de se servir de leurs positions pour défendre les intérêts des travailleurs, les Démocrates au pouvoir dans le Massachusetts ont appliqué une politique de restrictions budgétaires dans l’éducation et les services publics, tout en augmentant les impôts. La colère de l’électorat démocrate à l’égard de leurs élus est particulièrement marquée en ce qui concerne la santé publique. A la veille des élections sénatoriales, un sondage réalisé chez les électeurs qui avaient voté pour Obama en 2008, mais qui envisageaient cette fois-ci de voter contre les Démocrates ou de s’abstenir, a montré qu’une écrasante majorité (82 %) était favorable à ce que « le gouvernement offre à tous le choix entre une assurance médicale administrée par l’Etat et une assurance privée. » Cependant, le projet des Démocrates exclut tous les travailleurs sans papiers, enrichira massivement les assureurs privés et taxera davantage les catégories de salariés qui sont assurés par des contrats arrachés grâce à des luttes syndicales (voir notre article ci-contre). Beaucoup de travailleurs comprennent bien que sur la base de ce projet de réforme, les conditions de vie risquent de se dégrader davantage. Une réforme véritablement progressiste devrait donner une couverture sociale à ceux qui n’en ont pas – qu’ils aient des « papiers » ou pas – et améliorer la couverture de ceux qui en ont déjà une.

Le président de l’AFL-CIO, Richard Trumka, a qualifié cette élection de « révolte de la classe ouvrière ». Il a déclaré : « les électeurs ont montré que, de leur point de vue, la politique des Démocrates n’est pas trop radicale – mais au contraire pas assez radicale ».

Réagissant à cette déclaration, nos camarades de Socialist Appeal écrivent : « Ces paroles doivent se traduire en actes. L’AFL-CIO devrait utiliser ses vastes ressources pour construire un parti des travailleurs, au lieu de les mettre à la disposition des Démocrates. Etant donnée la colère qui existe, si le mouvement syndical rompait avec les partis capitalistes et créait un parti qui, au lieu de veiller aux intérêts des riches, se battait contre le chômage, pour des salaires plus élevés, pour un salaire minimum garanti et un service de santé gratuit et universel, ce parti aurait un impact majeur. […] Imaginons un parti des travailleurs qui se présenterait aux élections en proclamant que puisqu’il ne prend pas un seul dollar des grands groupes capitalistes, il ne doit rien à ceux-ci ! »

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