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Par Rubén Rivera (Mexico), le 31 octobre

Les travailleurs mexicains sont en train de donner une bonne leçon aux stratèges capitalistes qui pensaient que l’occupation d’Oaxaca par la PFP (Police Fédérale Préventive) sonnerait le glas du mouvement révolutionnaire, au Mexique. Au lieu de cela, on a assisté à une prodigieuse impulsion du mouvement de masse qui avait surgi lors de la lutte contre la fraude électorale, et qui n’attendait qu’une nouvelle occasion de montrer toute sa force. A présent, la tendance vers l’unité d’action est irrépressible.

Il se produit le contraire de ce qu’attendait la classe capitaliste. Depuis dimanche, la mobilisation, à Oaxaca et dans tout le pays, ne s’est pas arrêtée un seul jour. Même à l’étranger, les gens ont pu connaître la vérité, et les réponses face aux agressions de l’Etat mexicain ne se sont pas faites attendre.

Comme nous l’avions prévu, la classe dirigeante, qui tout d’abord ne voulait pas concéder la démission d’Ulises Ruiz (le gouverneur fédéral honni de Oaxaca), commence à se demander si elle ne va pas devoir le sacrifier.

Hier, les sénateurs du PRI se sont publiquement ralliés à l’idée que Ulises Ruiz doit démissionner. Ce changement de position du parlement s’explique par le fait que toutes les organisations de travailleurs ont lancé des initiatives pour faire chuter Ulises Ruiz et pour obtenir le retrait des troupes de la PFP.

La Coordination Nationale des Travailleurs de l’Education (CNTE) est en train de préparer une grande grève nationale. Les enseignants de Michoacan ont décidé d’engager une grève illimitée et prévoient d’envoyer un contingent de 3 000 professeurs pour renforcer la lutte à Oaxaca. La CND et Lopez Obrador ont appelé à une mobilisation, qui a lieu actuellement et à laquelle participent au moins cent milles personnes. Quand à l’EZLN, elle a annoncé qu’elle réaliserait des blocages de routes, au Chiapas, et propose une grève nationale pour le 20 novembre, date qui coïncide avec la proclamation de Lopez Obrador comme président légitime. Les écoles sont devenues des foyers d’agitation, et dans certaines, des grèves ont eu lieu. Les syndicats se sont joints au mouvement et sont d’accord pour entreprendre des actions communes avec les autres secteurs.

En somme, la situation devient incontrôlable. Les masses reprennent l’offensive, et c’est l’action de la PFP (Police Fédéral Préventive) qui a déclenché cette nouvelle phase du processus.Retour ligne automatique
Tout a mal tourné pour le gouvernement. Même son discours qui annonçait qu’avec l’arrivée de la PFP, la « paix » était revenue à Oaxaca, n’a pas été repris par les médias bourgeois, qui n’ont pas osé diffuser pareil mensonge. Par ailleurs, le pillage de différents commerces par les PFP a provoqué un scandale (Jornada du 31 octobre - www.jornada.unam.mx).

On ne peut même pas dire que la PFP occupe réellement la capitale de Oaxaca. Au contraire : ils ont été de nouveau entourés par les barricades de l’APPO. Ils sont cloîtrés au centre de la ville et siègent dans les alentours de la Cité Universitaire, où se trouve la chaîne de radio qui s’est convertie en une sorte d’organisation collective de la lutte contre l’occupation policière.

Une telle situation ne peut se maintenir longtemps. Nous devons utiliser la volonté d’unité qui s’est manifestée au niveau national et devons poursuivre la lutter pour faire chuter Ulises Ruiz, et dans le même temps, pour empêcher Felipe Calderon d’accéder au pouvoir.

Les appels à la mobilisation doivent se décider de manière commune. Si on propose une grève nationale pour le 20 novembre, on doit la préparer convenablement, de telle façon qu’elle soit une démonstration de la force des travailleurs.

D’après nos informations, des Assemblées populaires sont en train de se former dans presque tous les Etats du centre et du sud du pays. Ces efforts doivent se consolider et s’étendre vers le nord. Il y a quelques mois, on nous accusait d’appeler à l’insurrection en défendant le mot d’ordre de « créer un, deux, trois Oaxacas ». En réalité, on ne faisait qu’exprimer la nécessité que les masses luttent pour le pouvoir. Dans le fond, c’est ce qui se joue actuellement, et c’est ce qui explique que le « modèle d’Oaxaca » s’étend au reste du pays.

On est pas dans une phase de négociation, mais dans une phase d’organisation, d’approfondissement de la mobilisation. La chute d’Ulises Ruiz et de Calderon doivent s’accompagner de la consolidation des organes de pouvoir des travailleurs que sont l’Assemblée Populaire de l’Etat et la CND. Ceux-ci doivent être à la base d’un pouvoir qui remplacerait le pouvoir qui gouverne et exploite notre pays et ses travailleurs. Le moment est venu de prendre le destin entre nos mains : nous ne devons pas manquer cette opportunité.

Unis et organisés, nous vaincrons !

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