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Dans la nuit du vendredi 14 février, cinq jeunes lyonnais ont été agressés par un groupe d’une dizaine de fascistes dans le quartier du Vieux Lyon. Ils ont d’abord été insultés et frappés à cause de leurs vêtements identifiés comme « de gauche », puis, alors qu’ils essayaient de fuir le quartier en traversant la Saône, les fascistes les ont rattrapés pour en poignarder deux d’entre eux. Les deux blessés ont heureusement réussi à fuir avec leurs amis jusqu’à la rive gauche du fleuve et ont alors appelé les pompiers. Ils ont rapidement été mis hors de danger bien que l’un d’entre eux ait dû subir une opération.

Cette attaque n’est pas la première. Depuis plusieurs années, des groupes fascistes tentent de transformer le quartier du Vieux Lyon en forteresse brune, interdite aux militants de gauche, aux immigrés (plusieurs boutiques tenues par des étrangers ont été attaquées) et aux homosexuels. Les agressions toujours plus violentes se succèdent. Désormais, les fascistes n’hésitent plus à frapper très loin de leurs bases arrières de Saint-Paul et Saint-Jean, comme lors des attaques contre les bars associatifs de la Guillotière ou de la Croix-Rousse.

Face à cette violence, la réaction des organisations de gauche – PCF compris – est toujours la même : faire appel aux pouvoirs publics pour agir contre l’extrême droite. Une manifestation a été rapidement organisée afin d’appeler « les autorités compétentes à agir pour faire cesser ces actions ». Elle s’est tenue samedi 22 février et a rassemblé près de 700 personnes.

Plusieurs leçons sont à tirer de cette mobilisation. Premièrement, cette manifestation organisée en une semaine démontre (si c’était nécessaire) l’existence d’une large couche de militants déterminés à combattre le développement d’un fascisme actif sur Lyon. Deuxièmement, il y a une contradiction flagrante entre les slogans entendus en manif – « Collomb complice », « Fascistes assassins, État complice » – et les mots d’ordre officiels du Collectif Vigilance 69 qui, tout en constatant la complicité au moins passive des pouvoirs publics, s’en remet à eux pour régler la question.

Nous avons déjà relevé dans un précédent article les faiblesses d’une telle politique. En réalité, l’État capitaliste est extrêmement complaisant envers les fascistes. Par exemple, les agresseurs du militant surnommé « Toto », qui lui avaient tendu une embuscade en bas de chez lui, ont été purement et simplement relaxés. Et le local qui sert de QG aux fascistes du Vieux Lyon n’a jamais été menacé par la justice, malgré d’innombrables témoignages le liant aux agressions.

De leur côté, les fascistes profitent de cette bienveillance de l’État et de la police en redoublant d’agressivité face à des adversaires apparemment paralysés, car hypnotisés par leur foi dans les « principes républicains ». En basant toute leur politique antifasciste sur l’appel aux pouvoirs publics, ces organisations démobilisent les travailleurs les plus conscients et laissent croire à la population qu’il est possible de faire confiance aux institutions capitalistes pour régler ce problème. Au contraire, l’occasion devrait être saisie pour montrer le caractère hypocrite et factice de la démocratie bourgeoise et de « l’État de droit » capitaliste.

Si rien n’est fait pour les arrêter, les fascistes continueront d’étendre leur rayon d’action. Or dans ce contexte, les organisations de travailleurs doivent prendre en main leur propre sécurité et celle de la population lyonnaise en adoptant une politique indépendante de l’État vis-à-vis du fascisme. Si le PCF se décidait à dénoncer l’hypocrisie de la « neutralité » de l’État et à se faire le défenseur d’une ligne de combat, il pourrait rallier autour de lui les militants les plus motivés et impliquer des couches toujours plus larges de la population dans cette lutte. Face à la classe ouvrière organisée et en ordre de bataille, les petits groupes de fascistes seraient sans nul doute balayés.

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