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Katrina here

Par Charles Boyd (Etats-Unis)

L’histoire montre que les riches et les puissants ne semblent jamais aussi heureux que lorsque la majorité de la population souffre. Tout ce qui nuit aux gens ordinaires, tout ce qui leur gâche la vie, profite aux élites. A notre époque, la guerre, la pollution, la hausse des prix, le chômage et même les catastrophes naturelles profitent à une minorité privilégiée, pendant que les travailleurs et leurs proches en souffrent et en meurent, et que l’environnement se dégrade.

La guerre en Irak a permis aux compagnies pétrolières et aux grandes entreprises du bâtiment de réaliser d’énormes profits. Les quantités de dioxine allègrement crachées dans l’atmosphère constituent autant d’économies d’échelle pour les capitalistes qui possèdent les industries polluantes. Rien d’étonnant, donc, à ce que les régions dévastées par l’ouragan Katrina soient devenues, elles aussi, une source de méga-profits pour certains capitalistes.

Les contrats attribués, sans appel d’offre, aux corporations géantes comme Halliburton et Bechtel, pour la reconstruction de ce qui a été détruit, leur rapportera des milliards de dollars. Les marges de bénéfice colossales sont intégrées dans les prix fixés par ces mêmes corporations.

Tout ce que nous avons vu de cette catastrophe, à la télévision, ne montrait pas le pire. Les journaux télévisés ne donnaient pas la mesure de l’ampleur de la destruction et de la douleur infligées aux centaines de milliers d’êtres humains qui ont perdu des membres de leur famille, des amis, leur foyer, leur emploi, leur avenir. Les médias préféraient nous montrer des images de leurs journalistes « héroïques » pataugeant jusqu’aux genoux dans les eaux toxiques qui inondaient les quartiers.

Cette catastrophe peut difficilement être comprise par ceux qui ne l’ont pas directement subie. Et on a du mal à imaginer qu’elle s’est produite aux Etats-Unis. Comment peut-on expliquer, dans un pays aussi riche, une réaction du gouvernement comparable, dans sa lenteur et dans son inefficacité, à ce qu’on attendrait du gouvernement d’un pays sous-développé ? La réponse à cette question constitue une condamnation sans appel du système capitaliste.

Il faut bien se dire que le gouvernement de notre pays n’était absolument pas préparé à faire face à pareille situation. Les milliardaires et leurs représentants, à Washington, sont trop occupés à faire des lois insensées, à se faire traîner devant les tribunaux pour des affaires de corruption, ou à se pavaner pendant de longues semaines dans leurs ranches. Quoi qu’il en soit, pour tous ceux qui se font une idée de l’horreur vécue par les réfugiés fuyant les ravages de Katrina, il doit être évident que notre gouvernement capitaliste se moquait du sort de la classe ouvrière.

Parmi les nombreux exemples de l’inaction de l’administration, il y a le projet de consacrer 14 milliards de dollars à des travaux dans les zones inondables autour de la Nouvelle Orléans, lesquels travaux étaient destinés à limiter les conséquences destructrices des ouragans. Ce projet, comme bien d’autres du même genre, a été mis au point depuis longtemps - mais n’a jamais exécuté. Pour « faire des économies », le gouvernement a préféré attendre que Katrina nous inflige quelques 300 milliards de dollars des dégâts, soit à peu près la somme dépensée, à ce jour, dans les guerres en Irak et en Afghanistan.

Les projets d’aménagements destinés à protéger la Nouvelle Orléans - ceux élaborés avant comme après le passage de Katrina - ne sont pas pris en compte par le gouvernement. Les travaux de reconstruction actuellement en cours ne tiennent pas compte des critères humains ou sécuritaires. C’est une affaire de profit.

C’est l’argent qui, dans ce pays, gouverne tout - des écoles de nos quartiers jusqu’à l’exécutif fédéral. Le gouvernement agit pour le compte de ceux qui possèdent les richesses, et non pour ceux qui les créent. Le 8 septembre dernier, le Président Bush a suspendu la mise en application de la loi Davis Bacon, qui garantie un salaire minimum aux travailleurs embauchés sous contrat gouvernemental. Autrement dit, l’une des premières mesures prises par le gouvernement pour la reconstruction de la Nouvelle Orléans consiste à faciliter l’exploitation des travailleurs qui vont réaliser les travaux.

Ce mépris à l’égard des droits des travailleurs est totalement inacceptable. Au fond, la reconstruction de la Nouvelle Orléans ressemble à la reconstruction de l’Irak. La seule différence entre ces deux scénarios d’« après-destruction », c’est que l’Irak a été délibérément détruit par des bombes, alors qu’on a laissé la Nouvelle Orléans à la merci d’une catastrophe naturelle, par négligence.

Les grandes entreprises agissent selon le vieux dicton : « jetons le vieux et prenons du neuf » - mais à une échelle hallucinante, diabolique. Les profits passent avant les besoins humains. La protection de cette grande ville n’est pas sérieusement prise en compte. L’aide proposée par des pays voisins - Venezuela, Cuba - a été refusée pour des motifs politiques. Tout ceci milite pour qu’on s’engage dans la lutte contre le capitalisme aux Etats-Unis, et pour qu’on se débarrasse enfin de ce système néfaste.

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