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Nouvelle économie

Entrez dans votre librairie locale, ouvrez une revue économique, écoutez les "spécialistes" du dernier cru à la télévision ou à la radio : nous sommes, paraît-il, dans un "Nouvel Age" du capitalisme.

De plus en plus, on vend de l’information, du savoir, de la communication, autant de "cyber-produits" insaisissables, on dirait presque spirituels. L’économie mondiale est de moins en moins fondée sur les vulgaires marchandises comme le blé, le bois et les marteaux qui servaient d’exemples dans Le Capital de Marx. Elle est, voyez-vous, en passe de devenir "virtuelle". Les crises, la saturation périodique des marchés, la surproduction, les récessions et toutes les contradictions du capitalisme "ancien" sont en train d’être reléguées au passé au fur et à mesure que nous sortons des contraintes de l’économie matérielle. Ainsi va le dernier conte de fée des apologistes du capitalisme, toujours à l’affût d’une nouvelle mystification du système.

Parmi les mythes propagés par cette offensive idéologique, il y avait celui de la "révolution informatique". Les start-up du secteur informatique allaient régler le problème du chômage. Mais une série de faillites dans le secteur de l’Internet vient de prouver que dans la "nouvelle économie", ce sont les bonnes vieilles recettes du capitalisme qui sont à l’œuvre, à savoir la recherche du profit, la concentration du capital, et le recours aux licenciements dès les premiers signes d’une baisse des marges.

Le site britannique Boo.com, spécialisé dans l’habillement et présenté comme une entreprise phare de la "nouvelle économie" a fini en débâcle. Dans les six premiers mois de l’année, 18 faillites importantes ont eu lieu, provoquant directement le licenciement de quelque 5400 salariés, et par le biais de répercussions indirectes, peut-être jusqu’à dix fois ce nombre. En mai, Boo.com a licencié 400 salariés de la manière la plus expéditive. Le site a été racheté par Fashionmall.com, un site américain. Aux États-Unis, le vendeur de jouets par Internet Toysmart, financé par Disney, a mis 170 travailleurs au chômage. Petstore (vente d’alimentation et d’articles pour animaux domestiques) a fermé ses portes, jetant 200 salariés à la rue. Value America, une autre entreprise de vente en ligne, a viré 300 salariés, soit 50% du personnel de l’entreprise. Amazon.com, fortement endetté, a supprimé 15 emplois, et le moteur de recherche Alta Vista a supprimé 6% des postes de travail dans l’entreprise, mettant 5 personnes au chômage. Furniture.com (meubles et accessoires) a licencié 8 personnes. DrKoop.com (produits de santé) a déjà licencié 50 employés sur un effectif total de 150, et risque fort de fermer ses portes. Reel.com (films) a licencié 200 personnes, Sony Online a licencié 60 personnes, Digital Entertainment Network (jeux, divertissements) a licencié 200 personnes et APBNews (médias, information) a licencié 140 personnes.

Cette liste n’est pas du tout exhaustive. Le pire est encore devant nous. Un cabinet de recherche spécialisé dans l’évolution du secteur Internet, dirigé par John Challenger, prévoit une croissance importante dans le nombre de faillites et de fusions dans les mois à venir. "Les sociétés "pointcom" entrent simplement dans la prochaine étape de leur évolution, dit Challenger, durant laquelle les sociétés qui ne rapportent pas seront éliminées."

Les méthodes du patronat sont les mêmes, que l’on travaille dans une usine ou dans le secteur informatique. Les mêmes critères s’appliquent. L’informatique, loin d’offrir une échappatoire à la crise du système, promet au contraire de figurer parmi les secteurs les plus touchés par la crise elle-même, car c’est précisément dans ce secteur que la bulle spéculative a pris les proportions les plus démesurées par rapport à la rentabilité réelle des entreprises.

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