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Obama Poutine

L’agression militaire contre la Syrie, projetée par les Etats-Unis et la France, n’a rien à voir avec la « protection des civils ». Ce n’est qu’un nouveau prétexte « humanitaire » – comme lors des agressions de l’Afghanistan, de l’Irak et de la Libye – pour justifier une intervention visant à défendre les intérêts économiques, stratégiques et militaires de l’impérialisme occidental dans la région.

L’hypocrisie des impérialistes est sans bornes. L’utilisation de gaz toxiques est présentée comme un crime contre l’humanité. Or, il se trouve que les Etats-Unis possèdent les plus gros stocks d’armes chimiques au monde. Et aucune puissance ne s’en est servi à une échelle aussi massive qu’eux, notamment pendant la guerre du Vietnam.

Parmi les alliés de la coalition impérialiste se trouvent le Qatar et l’Arabie Saoudite, qui arment et financent les « rebelles » fondamentalistes en Syrie. Comme Obama et Cameron, Hollande dénonce le caractère dictatorial du régime syrien, mais reste silencieux sur les dictatures au Qatar et en Arabie Saoudite.

Du reste, le régime syrien est tout à fait capable de recourir à des armes chimiques, mais rien ne prouve actuellement qu’il les ait utilisées. Concernant l’invasion de l’Irak en 2003, nous savons maintenant ce que nous soupçonnions à l’époque à propos du rôle des inspecteurs de l’ONU. Hans Blix, en charge de l’inspection, a finalement reconnu qu’il n’avait trouvé aucune preuve de l’existence d’armes de destruction massive en Irak. Des agents de la CIA ont avoué avoir concocté des rapports allant dans le sens de ce que voulait George W. Bush pour justifier l’invasion. Quand les intérêts des grandes puissances sont en jeu, tous les moyens sont bons. Par ailleurs, on se demande pourquoi Assad aurait eu recours à des armes chimiques alors qu’il l’emportait contre les djihadistes sur le terrain, d’autant plus qu’il savait que ces armes constituaient la « ligne rouge » à ne pas franchir, selon les engagements publics d’Obama.

Jusqu’à présent, le régime a résisté non seulement aux milices fondamentalistes, mais aussi aux différentes tentatives d’affaiblir Assad au moyen de défections – très chèrement payées par les gouvernements occidentaux – de militaires syriens de haut rang. Si Assad conserve le pouvoir, la Russie et l’Iran marqueront des points contre les Etats-Unis dans la région. Mais quelles sont les options, pour Washington ? Une intervention terrestre en Syrie embraserait toute la région. Cela créerait aussi des difficultés politiques aux Etats-Unis. Selon un sondage, 91 % des Américains sont hostiles à une intervention militaire en Syrie. Mais en même temps, sans troupes au sol, des frappes aériennes ne peuvent rien résoudre du point de vue de l’impérialisme américain. Ce dilemme explique les hésitations d’Obama sur l’opportunité d’une intervention.

L’affaiblissement de la position mondiale de la France fait qu’elle joue un rôle mineur, désormais, au Moyen-Orient. Hollande aligne sa politique internationale sur celle des Etats-Unis, mais cela ne rapportera rien à la France comme puissance impérialiste. La participation de la France dans des opérations militaires contre la Syrie n’en est que doublement insensée. Pendant qu’il impose l’austérité aux travailleurs en France, il consacre des centaines de millions d’euros à des aventures militaires. Ce n’est là qu’une preuve supplémentaire de l’asservissement de son gouvernement « socialiste » aux intérêts capitalistes.

La question syrienne fournit une nouvelle illustration, enfin, du véritable rôle de l’ONU. Ce n’est en aucun cas une force pour la paix et la justice dans le monde, contrairement à ce qu’elle prétend – et contrairement, aussi, aux douces illusions des réformistes à ce sujet. L’ONU est une instance entièrement contrôlée par les puissances impérialistes. Quand les rapaces impérialistes sont d’accord entre eux sur un problème donné, ils se couvrent de la « légalité » de l’ONU pour passer à l’action. Mais quand leurs intérêts les placent dans des camps opposés, ils passent outre. Jamais l’ONU n’a empêché un conflit quand les intérêts fondamentaux d’une grande puissance sont en jeu, qu’il s’agisse des Etats-Unis, de la Russie, de la Chine, de la Grande-Bretagne ou de la France.

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