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La nouvelle est tombée comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, pour les 77 salariés de Nexcis : leur entreprise va fermer, leurs emplois seront tous supprimés. « Malheureusement, rien d’exceptionnel », pourrait-on dire. Depuis la crise de 2008, de nombreuses entreprises ont fermé leurs portes et des centaines de milliers de travailleurs ont été victimes de licenciements économiques.

Nexcis est néanmoins un cas à part dans ce paysage industriel sinistré. Filiale « recherche et développement » d’EDF, qui possède les deux tiers de son capital, cette entreprise située dans les Bouches-du-Rhône a travaillé à une technologie de pointe hautement innovante : le photovoltaïque intégré ou BIPV (« Building-Integrated PhotoVoltaics »). En six ans, les salariés ont développé des panneaux photovoltaïques translucides, qui peuvent être intégrés à n’importe quel châssis de fenêtre nouveau ou ancien, et qui permettent de transformer le rayonnement solaire en énergie tout en laissant passer la lumière.

Ce dispositif permettrait à des particuliers de produire eux-mêmes une partie de leur électricité. Cerise sur le gâteau, l’entreprise estime qu’au stade de la production industrielle, ces « fenêtres du futur » coûteraient seulement 30 % plus cher qu’une fenêtre classique double-vitrage. Il y a donc là un marché à gagner, des emplois à créer, des économies à faire pour les ménages et un gain environnemental évident. Pourtant, EDF a décidé de faire cesser l’activité de Nexcis, après avoir investi de l’argent pendant six ans dans ces recherches et avant d’avoir commencé à gagner un seul euro grâce à ces nouvelles technologies.

Suite à cette annonce, les salariés se sont organisés et ont monté une section CGT qui lutte pour la sauvegarde de leurs emplois. Ils ont notamment mis en avant une offre de reprise émise par une société travaillant sur un projet proche : CROSSLUX, qui est intéressée par le savoir-faire de ces salariés et par les brevets des BIPV développés par Nexcis. Pour l’instant, le nouveau directeur de Nexcis, Michel Rubino, n’a ni donné suite à cette offre, ni daigné répondre aux questions des salariés qui s’inquiètent pour leur avenir. EDF, le principal actionnaire, ne s’est pas non plus exprimée.

Devant ce mutisme général, on peut s’interroger sur les raisons qui ont poussé Jean-Bernard Lévy, le nouveau PDG d’EDF, à liquider une filiale dont les résultats étaient aussi prometteurs. Pour Stephan Dainotti, représentant CGT des salariés de Nexcis : « Jean-Bernard Lévy est arrivé en octobre dernier. Il est là pour rendre EDF la plus rentable possible. Nexcis étant un centre de recherche avec un coût, il coupe la branche. » (Cité par l’Observatoire des multinationales).

D’autres y voient un plan plus sournois d’EDF, qui craindrait qu’à terme la multiplication de ces fenêtres solaires intégrées n’empiète sur les profits du fournisseur d’électricité, aujourd’hui encore détenu à plus de 80 % par l’Etat.

Alors qu’est prévue en décembre prochain la prochaine conférence mondiale sur le climat à Paris, et que Ségolène Royal vient de faire adopter une loi baptisée « transition énergétique pour la croissance verte », la liquidation de Nexcis fait tache. Pourtant, l’Etat actionnaire ne semble pas prêt à lever le petit doigt pour sauver cette entreprise, ses salariés et ses nouvelles technologies.

A ce stade, nous ne pouvons savoir exactement ce qui a conduit à la décision de liquider cette société. La soif de profits, à coup sûr – mais suivant quel calcul ? Ce qui est certain, c’est que les intérêts des salariés, des consommateurs et de l’environnement n’ont pesé en rien dans la balance. En attendant, la lutte des travailleurs continue. Ils n’espèrent pas une prise de conscience « sociale » du PDG d’EDF, ni une prise de conscience « écologiste » du gouvernement. Ils misent sur la lutte et sur leurs propres forces.

Pour mieux connaître cette lutte et la soutenir, rendez-vous sur le site nexcis-vivra.fr.

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