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Le 14 juin, l’Andrianna, un navire transportant quelque 700 migrants, faisait naufrage au large de la ville grecque de Pylos. La plupart de ses passagers ont péri, alors même que les gardes-côtes européens avaient depuis longtemps repéré l’embarcation surchargée. Quatre jours plus tard, pour retrouver le sous-marin Titan et ses riches passagers, plusieurs navires militaires ont été mobilisés, ainsi que deux avions et un bateau de recherche scientifique. Les médias bourgeois ont transformé la recherche du Titan en un feuilleton qui a complètement éclipsé le naufrage de l’Andrianna. Pendant ce temps, les gardes-côtes européens tentaient de dissimuler leur responsabilité.

Les mensonges « officiels »

La version officielle des gardes-côtes grecs est que le navire aurait été repéré une première fois le 13 juin, autour de midi. Ils lui auraient alors proposé leur assistance et se seraient heurtés à un refus. Selon eux, le navire était alors en « état de naviguer » et aurait poursuivi sa route jusqu’à 2 heures du matin. Ce n’est qu’à ce moment-là que les gardes-côtes auraient lancé une opération de recherche et de sauvetage.

Cette version a été rapidement contredite par le témoignage de l’« Alarm-Phone-Initiative », une association d’aide aux migrants. D’après son témoignage, qui a été corroboré par une enquête de la BBC, le navire avait cessé de bouger dès 17 heures, soit plus de neuf heures avant son naufrage – et à un moment où, de leur propre aveu, les gardes-côtes grecs le surveillaient. Quant au chavirage du navire, de nombreux témoignages de rescapés affirment qu’il aurait été provoqué par les gardes-côtes grecs eux-mêmes, lorsqu’ils ont tenté de remorquer l’Andrianna en dehors des eaux placées sous leur responsabilité.

Cette tragédie est une conséquence directe de la politique dite de « refoulement » adoptée par le gouvernement grec. Chaque Etat européen est légalement tenu d’assister les navires en détresse dans les eaux placées sous sa responsabilité, puis de prendre en charge les réfugiés que transportent ces embarcations. La politique de « refoulement » consiste à éviter cette « charge » en détournant les bateaux de migrants vers les eaux internationales, où ils sont alors abandonnés à leur sort.

Le gouvernement grec a longtemps nié qu’il appliquait de telles méthodes, mais des images ont été publiées montrant des gardes-côtes capturer des migrants qui avaient touché terre pour les ramener au large sur un radeau de fortune. D’autres vidéos les montrent en train de percuter des navires, et même de tirer à balles réelles pour forcer des embarcations de migrants à quitter les eaux grecques. Afin d’éviter les patrouilles agressives des gardes-côtes grecs, les « passeurs » prennent des itinéraires plus longs, ce qui augmente les risques de naufrage.

« L’Europe forteresse »

Le dernier clou dans le cercueil de la version officielle des autorités grecques est venu – ironiquement – de l’Etat italien et de « Frontex », l’agence de gardes-frontières européenne. Les gardes-côtes italiens ont affirmé que, dès le matin du 13 juin, ils avaient averti leurs homologues grecs des risques que courait l’Andrianna. Les Italiens espéraient que les Grecs allaient s’occuper de ce « problème » avant qu’il ne passe sous leur responsabilité en entrant dans les eaux italiennes. Quant à Frontex, ses services ont affirmé avoir proposé leur aide aux gardes-côtes grecs, qui l’ont refusée.

Ces déclarations de Frontex sont parfaitement hypocrites : elles visent à rejeter la responsabilité de cette tragédie sur le seul gouvernement grec. Or en réalité, la politique de la Grèce n’est qu’une extension de la politique anti-immigration de l’Union européenne. En 2021, par exemple, Frontex a supervisé la militarisation de la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, où des gardes-frontières polonais se sont livrés à des violences inouïes à l’encontre de centaines de migrants. A l’époque, Emmanuel Macron avait proclamé sa « solidarité » avec… la Pologne.

Les conséquences de l’impérialisme

C’est la politique étrangère des puissances impérialistes qui est la principale cause des migrations massives. Des décennies d’interventions militaires et de pillages impérialistes ont plongé des pays entiers dans un véritable enfer. Des centaines de milliers de personnes prennent les routes de l’exil pour fuir la guerre et s’arracher à une misère sans issue.

Lorsqu’elles arrivent aux portes de l’Europe, elles se heurtent à un mur de barbelés et de matraques. Ceux qui réussissent à passer sont soumis à une exploitation féroce, sont traqués par la police et sont des cibles privilégiées de la propagande raciste des Etats européens.

Le mouvement ouvrier doit lutter à la fois pour l’ouverture des frontières et contre le système capitaliste lui-même, qui impose à tous les travailleurs – quelle que soit leur origine – des politiques d’austérité drastiques. Les deux choses sont indissociables. Pour lutter contre l’argument selon lequel « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde », on doit lier étroitement le rejet de « l’Europe forteresse » à la nécessité d’une lutte commune de tous les travailleurs – quelle que soit leur nationalité – pour la transformation socialiste de la société, qui seule permettra de fournir à tous des emplois, des logements et des conditions de vie décentes.

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