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Nadia est ambulancière au SMUR (Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation) de Montpellier et militante CGT.


En quoi consiste le travail d’ambulancier SMUR ?

Nous faisons partie du SAMU, qui regroupe le centre d’appel du 15, le pôle des urgences et la SMUR. Il faut savoir qu’il existe trois catégories différentes d’ambulanciers. Il y a d’abord les ambulanciers privés, qui s’occupent d’accompagner les patients qui ne nécessitent pas de médicalisation. Ensuite, il y a deux catégories d’ambulanciers hospitaliers : ceux qui s’occupent des transferts internes à l’hôpital et les ambulanciers SMUR.

Les équipes du SMUR sont composées de médecins, d’infirmiers et d’ambulanciers. Nous sommes dotés de matériel de réanimation et sommes missionnés par le centre d’appel du 15, soit pour les transferts de patients médicalisés, soit sur des urgences vitales ou des accidents sur la voie publique, à domicile – bref, un peu partout.

Pourquoi les ambulanciers hospitaliers se mobilisent-ils ?

A Montpellier, nous manifestons régulièrement depuis mai 2020 contre le Ségur de la santé. Nous avons participé à plusieurs journées de grève nationale. Ceci dit, à l’hôpital, nous sommes « assignés » : nous pouvons faire grève, mais nous le faisons en travaillant et nous allons manifester sur nos jours de repos.

Le Ségur de la santé est une calamité, non seulement pour les ambulanciers, mais pour l’ensemble de l’hôpital public. Depuis le début du Ségur, en 2020, environ 5000 lits d’hôpitaux ont été supprimés en France.

Il y a aussi ce qu’on a appelé la « ré-ingénierie » de notre diplôme d’ambulancier : l’Etat veut un diplôme de base pour tous les ambulanciers, privés comme hospitaliers. Or ça ne prend pas en compte la diversité de notre profession, car c’est basé uniquement sur les besoins du secteur privé. Ce que veulent les patrons du privé, ce sont des gens qu’on puisse former rapidement parce qu’il y a beaucoup de turnover chez eux. C’est un métier pénible, avec des horaires qui changent sans cesse et des rémunérations très basses. Les patrons du privé veulent des formations aussi courtes que possible pour avoir un vivier d’ambulanciers à disposition, mais ça ne prend pas en compte nos missions d’ambulanciers hospitaliers. Tout cela fait partie de la politique de démantèlement de l’hôpital public – au profit du secteur privé.

Quelles vont être les conséquences de cette politique, pour les patients ?

L’hôpital public va devenir l’hôpital des miséreux ; ceux qui ont les moyens iront dans le privé. Contrairement à l’hôpital public, les cliniques privées peuvent choisir d’accepter ou non les patients. Elles ont un nombre minimum obligatoire de personnes à prendre en urgence, mais beaucoup se contentent de ce minimum. Et quand l’hôpital public est saturé, comme pendant le Covid, tu vas où ?

C’est un vieux problème, non ?

Oui ! Sarkozy, par l’intermédiaire de Bachelot, a lancé en 2007 la réforme de l’hôpital. En conséquence, les directeurs d’hôpitaux sont des gestionnaires qui se concentrent sur les budgets. Ils voudraient que l’hôpital public soit rentable, mais c’est impossible. Soigner les gens, ça coûte de l’argent. Si tu passes 24 heures dans un service de réanimation, ça coûte entre 3000 et 5000 euros, parce que tu vas avoir du personnel et des machines qui vont te surveiller en permanence. Quand on demande à l’hôpital d’être rentable, ça passe toujours par la suppression de la masse salariale.

En mars 2020, Macron qualifiait les soignants de « héros ». Comment vous voyez tout ça, maintenant ?

Au cœur de l’épidémie, lorsque nous étions testés positifs au Covid, mais sans symptômes, on nous disait d’aller travailler quand même. Et maintenant, l’Etat nous dit que si nous ne sommes pas vaccinés, nous serons suspendus sans aucun salaire !

C’est d’autant plus aberrant qu’il y a en fait très peu de soignants qui ne sont pas vaccinés. Presque tout le monde, à l’hôpital, a fait l’effort de vaccination, d’autant plus que, nous, nous avons déjà des vaccins obligatoires. Si nous ne sommes pas vaccinés contre l’hépatite, la polio et la tuberculose, nous ne pouvons pas travailler. Cela fait partie de nos obligations professionnelles.

Quelles mesures devraient être prises pour garantir un bon service hospitalier ?

Il faut commencer par augmenter les salaires pour rendre le métier attractif. Mais cela ne suffira pas. Lors de la « première vague » de Covid, nous avons dû nous organiser par nous-mêmes : le déclenchement du « plan blanc », dans les hôpitaux, a permis aux médecins, personnels soignants, personnels techniques et administratifs de réorganiser les lits, de trouver des places de réanimation là où il n’y en avait pas. Et nous avons tenu le coup, nous avons fait le travail. Personne n’est resté dehors. Je pense que pour résoudre le problème, il faut commencer par prendre en compte ce que demandent les hôpitaux, ceux qui connaissent les problèmes et savent comment les régler. D’ailleurs, chaque hôpital a fait l’état des moyens qui lui manquent.

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