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Depuis le début du mois de mai, les professeurs et les parents d’élèves du collège Louis Jouvet de Villeurbanne, près de Lyon, se mobilisent.

Les conditions de travail des enseignants et des élèves sont très mauvaises. Les locaux sont vétustes et surpeuplés : 720 élèves sont accueillis dans un collège prévu pour 550. Cela oblige à faire cours dans des salles inadaptées ou dans des préfabriqués inconfortables installés dans la cour du collège. Cette promiscuité engendre aussi des tensions entre élèves : les bagarres et les disputes se sont multipliées, ces derniers temps.

Mobilisation et répression

Face à cette situation, les enseignants et les parents d’élèves ont commencé à occuper les locaux le soir, après les cours. Leur idée était de disposer d’un lieu où discuter des problèmes du collège entre personnels et usagers, mais aussi d’attirer l’attention de la presse et des riverains.

Plusieurs revendications ont été formulées : 1) la création d’un deuxième poste de Conseiller Principal d’Education (CPE), car un seul poste est très insuffisant pour gérer 720 élèves ; 2) l’embauche d’une intendante, car celle du collège est en arrêt de longue durée et n’a jamais été remplacée ; 3) l’attribution de financements exceptionnels sous la forme d’Allocations Progressives de Moyens (des budgets spéciaux qui sont prévus pour ce genre de cas) ; 4) enfin, un programme de rénovation des locaux.

Le rectorat a refusé de répondre à ces demandes. Selon lui, les problèmes au sein de l’établissement ne découlent pas du manque de moyens et d’un trop grand nombre d’élèves, mais uniquement de l’incompétence du personnel du collège. Des pressions ont accompagné cette fin de non-recevoir : le rectorat n’a pas hésité à sous-entendre que les carrières des membres de la direction du collège pourraient être impactées, si la mobilisation devait durer.

Comme ces insultes et ces menaces n’ont pas permis d’éteindre le mouvement, la répression a pris la forme de l’envoi d’une « Équipe mobile académique de sécurité » (EMAS). Alors que ces agents sont censés intervenir en cas de violences au sein d’un établissement, le rectorat les a envoyés jouer les vigiles pour empêcher la presse et les riverains d’accéder à l’une des Assemblées Générales organisées par les personnels et les parents d’élèves. L’AG s’est tout de même tenue, avec la participation de parents et de riverains qui ont pu rentrer sous la protection des personnels grévistes. L’AG a dénoncé cette pratique honteuse dans un communiqué de presse.

Loin d’étouffer le mouvement, les manœuvres du rectorat l’ont radicalisé. L’AG a décidé d’organiser une journée de grève le 19 mai, accompagnée d’une manifestation devant le rectorat.

Elargir le mouvement

La grève du 19 mai a été un succès : plus des trois quarts des enseignants de l’établissement étaient en grève, ainsi que la totalité du personnel de la vie scolaire et des AESH (qui accompagnent les élèves en situation de handicap). Ce succès peut être un premier pas vers une lutte plus large, car le collège Louis Jouvet n’est pas un cas isolé.

C’est l’ensemble de l’Education nationale qui est soumise, depuis des années, à des politiques d’austérité drastiques. Aux baisses de dotations et aux trop faibles nombres d’enseignants, de surveillants, etc., vient s’ajouter le fractionnement des responsabilités administratives : en l’occurrence, si les postes et les salaires sont gérés par le rectorat, les murs du collège Louis Jouvet appartiennent à la métropole de Lyon – et tous deux se renvoient la balle.

La mobilisation est alors invitée à diviser ses revendications et à les « prioriser » en se demandant s’il vaut mieux se mobiliser pour réclamer des postes supplémentaires au rectorat, ou pour demander la rénovation des locaux aux services de la métropole. De leur côté, le rectorat et la métropole jouent la montre et refusent de répondre sérieusement aux revendications du mouvement. Ils espèrent que le mouvement s’essoufflera avant que les grandes vacances ne mettent fin, de facto, à la mobilisation.

En prenant le problème de front et en avançant des revendications globales, les personnels et les parents d’élèves de Louis Jouvet montrent la voie. Ils ont aussi pris une très bonne initiative : ils ont contacté les syndicats et les collectifs de parents de tous les collèges et lycées de Villeurbanne, pour les inviter à participer à leur prochaine AG, qui va se tenir le 30 mai. Si la mobilisation reste limitée au seul collège Louis Jouvet, elle risque de s’épuiser. Le mouvement doit s’élargir, s’adresser aux personnels et aux parents d’élèves de toute la métropole, qui souffrent tous des mêmes problèmes.

Il faut saisir cette occasion pour préparer une mobilisation de grande ampleur, qui pourrait même continuer à s’organiser durant les vacances pour mieux se déployer à la rentrée. Si le rectorat veut jouer la montre, il en serait alors pour ses frais.  

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