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Le 6 novembre dernier, un groupe de dirigeants nationaux du PCF a publié une « contribution » ayant pour titre : Réflexions pour aller au bout des choix de la base commune et nommer clairement ce que nous voulons. Ce texte appelle à « métamorphoser » le PCF – en commençant par changer son nom. Parmi les signataires de ce texte figurent 11 membres du Comité Exécutif National (CEN) : Brigitte Gonthier-Morin, Nicole Borvo, Sophie Celton, Patrice Cohen-Séat, Jean-Marc Coppola, Marie-Claire Culié, Elisabeth Gauthier, Joëlle Greder, Fabienne Haloui, Alain Hayot, Richard Sheehan. Ces dirigeants du parti présentent l’abandon du PCF et sa « métamorphose » en une nouvelle formation politique comme la suite logique des idées formulées dans la « base commune », qui a obtenu 60% des voix dans les sections.

Pour le PCF, les implications de cette nouvelle manœuvre sont très graves. Lorsqu’un parti confie sa direction à des gens qui veulent sa disparition, il risque précisément d’en mourir. Si l’on additionne les signataires de ce texte à ceux qui, dans la direction du parti, sont connus pour défendre les mêmes idées sur l’avenir du PCF, force est de constater qu’une majorité du CEN sortant est favorable à la transformation du PCF en « autre chose ». Or, il est parfaitement évident que dans leur grande majorité, les communistes veulent maintenir le PCF et rejettent l’idée de sa dissolution ou de sa transformation en « autre chose ». Ils refusent l’abandon du PCF au profit d’une vague « mouvance populaire » ou d’un nouveau parti de type social-démocrate. C’est ce qu’ont montré – entre autres – les discussions préalables à l’Assemblée extraordinaire de décembre 2007.

Les signataires de Réflexions pour aller au bout des choix de la base commune cherchent à profiter du caractère volontairement ambigu des formulations de la base commune, sur cette question. En politique, l’ambiguïté n’est jamais sans conséquences. Il fallait s’attendre à cette nouvelle intrigue. Dans notre Critique du projet de « base commune » du CN, publié le 22 septembre dernier, nous écrivions : « Le texte du CN se contente d’affirmer – au moyen d’un flot de phrases creuses et de vagues allusions – que le monde a changé, et que le PCF doit aussi changer, dans sa structure et les idées qu’il défend. Mais la question est de savoir précisément en quoi le monde aurait changé, en quoi ces changements nous obligeraient à transformer le parti, et de quelle manière. Le texte n’en dit rien. Il propose de donner carte blanche à l’actuelle direction nationale pour engager de "profondes transformations" du parti, sans qu’elle ait à préciser lesquelles ! […] Au-delà des textes, le comportement réel, pratique, concret des dirigeants du parti au cours de la dernière période devrait inciter tous les communistes à la plus grande prudence quant au véritable sens des appels incessants à la "refondation" et aux "profondes transformations" qu’ils veulent entreprendre. »

Réflexions pour aller au bout des choix de la base commune insiste sur la nécessité de « tourner la page », pour ne plus être « un parti du passé ». A l’heure où le système capitaliste entre dans une crise très profonde, ses auteurs prétendent qu’il y aurait une « crise du communisme ». Pour eux, il faut changer le nom du parti afin de « nous libérer d’une image qui ne correspond pas à ce que nous sommes. »

Dans les débats préalables au vote des sections, peu de dirigeants se sentaient capables de défendre la base commune de manière franche. Le plus souvent, ils prenaient leurs distances par rapport à son contenu, soulignaient qu’elle n’était « pas parfaite » – et c’est le moins qu’on puisse dire ! –, mais qu’elle pouvait être amendée. L’un des principaux arguments avancés en faveur de la base commune était qu’elle avait le mérite, au moins, d’affirmer le maintien du PCF – ce qui n’était pas le cas, en réalité. Beaucoup de communistes qui, séduits par cet argument, ont voté pour le texte du CN, ont désormais le sentiment d’avoir été bernés. Si les signataires de ce nouvel appel à la dissolution du PCF avaient déclaré la couleur, avant le vote dans les sections, la « base commune » n’aurait sans doute pas obtenu une majorité des voix. C’est pour cette raison qu’ils ont laissé passer le vote avant de nous livrer leur interprétation de la base commune.

Comme par hasard, cet appel a été lancé au moment même où Mélenchon et Dolez ont annoncé leur décision de quitter le PS et de fonder un « nouveau parti de gauche ». Nous ne pensons pas que Mélenchon et Dolez seront suivis par un nombre significatif de militants socialistes. Mais quoi qu’il en soit, entre le NPA, l’appel de Politis, les « Communistes Unitaires », Gauche Avenir, le « nouveau parti » de Mélenchon-Dolez et l’appel de 11 dirigeants du PCF, nous faisons face à toute une constellation d’associations, de tendances et de formations politiques qui misent sur la désintégration du PCF, dont ils espèrent récupérer des morceaux pour les mettre au service des ambitions politiques de leurs chefs. Tel était déjà, à l’époque, l’enjeu des « collectifs anti-libéraux » de triste mémoire – et tel est l’enjeu des manœuvres actuellement en cours.

On fait miroiter aux communistes l’exemple du parti Die Linke, en Allemagne, né d’une fusion entre l’ex-PC est-allemand et une scission de gauche du SPD. On sème des illusions sur ce parti. Car la réalité, c’est que Die Linke est un parti social-démocrate, dont le programme, extrêmement modéré, ne diffère de celui du SPD que sur des questions secondaires. En dehors du gaz et de l’électricité, il ne réclame aucune nationalisation, et soutient ouvertement « l’économie de marché », c’est-à-dire le maintien du capitalisme. Par rapport au SPD, le seul « avantage » de Die Linke, en terme d’image, c’est qu’il n’a pas encore été soumis à l’épreuve du pouvoir, au niveau national. Mais s’il intégrait un gouvernement sur la base de son programme actuel, Die Linke s’y comporterait comme tous les autres partis sociaux-démocrates. Pour preuve, il s’est déjà illustré par une politique de coupes budgétaires massives dans la municipalité de Berlin, qu’il co-dirige avec le SPD. Y a-t-il besoin d’un nouveau parti de ce type, en France ? Non, bien évidemment.

Il faut immédiatement couper court aux manœuvres qui se trament au sommet du PCF. Elles ne peuvent que démoraliser ses adhérents et sympathisants. Il est absolument indispensable de prendre clairement position sur la question du maintien du PCF. Nous avons publié, à ce sujet, une proposition d’amendement à la base commune, et nous invitons les sections et fédérations du parti à s’en inspirer. Voici le texte de l’amendement en question : « La crise économique souligne la nécessité d’un parti qui se fixe comme objectif de rompre avec le système capitaliste. La jeunesse et les travailleurs ont plus que jamais besoin d’un Parti Communiste fort, combatif, révolutionnaire. Une grande majorité des militants communistes est favorable au maintien et au renforcement du PCF, comme l’ont montré les discussions qui ont préparé l’Assemblée Extraordinaire de décembre dernier. L’idée d’une dissolution du parti ou de sa transformation en "autre chose" doit être fermement et définitivement écartée. Ceci n’empêche pas les camarades qui veulent changer le nom du parti et construire un "nouvelle force" de s’exprimer. Mais la direction du parti doit prendre acte de l’opinion de la majorité des communistes. Il faut maintenir le PCF, le renforcer et mettre son programme en conformité avec son nom. » L’intégration de cet amendement à la base commune mettrait clairement en échec les intrigues des liquidateurs, aux yeux des militants et sympathisants communistes.

Ceci étant dit, on ne doit pas se contenter de modifier des textes. Encore une fois, le fait que la direction du PCF soit entre les mains de partisans de sa dissolution menace son existence même. Par conséquent, les instances dirigeantes du PCF, à commencer par le Conseil National et le CEN, doivent être composées de camarades qui assument les choix des communistes et refusent la dissolution du PCF.

Non, le communisme n’est pas en crise. C’est le capitalisme qui est en crise. Et ce sont les travailleurs, les jeunes et les retraités qui en subissent les conséquences. Dans ce contexte, le PCF peut et doit augmenter massivement son audience et son enracinement social. Il doit pouvoir convaincre les travailleurs de la nécessité d’abattre le capitalisme. Pour cela, il lui faut un programme et des dirigeants à la hauteur de cette lutte. Les idées fondamentales du communisme – du marxisme – doivent retrouver leur place dans le programme et l’action du PCF.

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