Nous continuons notre campagne contre la criminalisation du syndicalisme en vous informant du comportement scandaleux de la direction de l’entreprise Exapaq-Exatri. Le 10 décembre dernier, l’affaire de vingt grévistes licenciés pour fait de grève passait devant les départages au Tribunal des Prud’hommes de Melun (Seine-et-Marne). Les grévistes étaient soutenus par près d’une centaine de personnes, qui refusaient comme eux l’imposition de sanctions pour fait de grève, pour avoir voulu s’organiser dans le syndicat de leur choix pour faire aboutir leurs revendications légitimes dans l’entreprise.
En août dernier, ces salariés sont venus trouvés l’Union Locale de Melun pour rejoindre la CGT et créer leur section syndicale. Sur un effectif total de 70 salariés, plus d’une trentaine se sont syndiqués. Leur revendication première était la remise en cause d’un accord signé quelques temps plus tôt par un délégué syndical CFDT, contre l’avis majoritaire des salariés. Cet accord concernait de nouvelles règles d’attribution d’une prime, ainsi que sur une mutuelle complémentaire qu’on leur imposait.
Dès la création de la section syndicale et de la désignation de leur délégué syndical CGT, des demandes de réouverture de négociations ont été faites. La Direction d’Exapaq a toujours refusé de les entendre et de reconnaître leur section syndicale CGT. Ainsi, leur seul recours était la grève.
La grève a débuté sans incidents. Mais la direction, quant à elle, après avoir proféré des menaces de licenciement, de la délocalisation, a détourné le trafic des camions vers d’autres sites et redoublé ses efforts pour intimider les grévistes.
Après quatre nuits de grève, la direction de l’entreprise a fait monter la pression d’un cran, en incitant les non grévistes à s’armer de barres de fer et à faire face aux grévistes. Les drapeaux de la CGT ont été brûlés. Tout un symbole !
Il fallait casser les grévistes - « turcs et marocains » de surcroît ! - pour que tout rentre dans l’ordre, et pour que l’exploitation des salariés d’Exapaq-Exatri puisse se poursuivre « normalement ». La seule « solution » trouvée par la direction d’Exapaq pour mettre fin au conflit a été le licenciement pur et simple de tous ces « fauteurs de troubles ». Il s’agissait non pas des agresseurs, bien sur, mais des agressés ! Les syndicalistes CGT ont donc été mis à pied, puis licenciés.
L’employeur n’a bien entendu respecté aucune des règles en vigueur concernant le licenciement des élus et mandatés et la seule « faute lourde » trouvée a été celle de « entrave au travail » suite au soi-disant blocage du site par les grévistes.
L’inspection du travail a notifié fin décembre son refus du licenciement des salariés élus et mandatés. Ceux-ci ont réintégré l’entreprise vendredi 7 janvier. « Ceci est une première victoire d’importance, grâce à la solidarité et la détermination dont les salariés ont fait preuve tout au long de ce conflit. » nous écrit Valérie Charillon, secrétaire générale de l’Union locale CGT de Melun et membre du bureau de l’UD 77. (Voir la note de service, pages 1 et 2 diffusé dans l’entreprise avant la réintégration des salariés concernés : ici.)
D’autre part, le vendredi 14 janvier, à partir de 9 heures, le Tribunal des Prud’hommes de Melun rendra son jugement concernant la réintégration de tous les salariés licenciés (élus et non élus). Lundi 10 janvier, toujours au Tribunal de Melun, l’affaire est passée en correctionnel pour le délit d’entrave au CE. (à mettre à jour avant publication, puisque c’est demain). Enfin, l’UL-CGT vient de déposer une plainte avec constitution de partie civile devant le Tribunal de grande Instance de Melun pour injures raciales et incitation à la discrimination raciale. Pour sa part, la société Exapaq-Exatri assigne l’UL-CGT de Melun en justice pour diffamation.
Comme le dit Valérie Charillon : « Le combat des salariés d’Exapaq-Exatri va plus loin qu’un simple problème de licenciement abusif. Il s’agit d’une remise en cause violente, de la part du patronat du département, du droit de grève, et d’une nouvelle affirmation de leur volonté de vouloir à tout prix criminaliser l’action syndicale. »
Ces salariés, ces syndicalistes, ont besoin de votre solidarité. Ne les laissons pas seuls face à cette épreuve, qui, malheureusement, n’a rien d’exceptionnel. Exprimez votre soutien en adressant un message, aussi court soit-il, à l’Union Locale CGT du 77, à l’intention de Valérie Charillon [1],
[1] Voir La Riposte n°10