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Depuis 2020, en France, le secteur automobile est en berne. Entre 2019 et 2022, les ventes de voitures neuves ont chuté de près de 30 % ; elles ont atteint leur plus bas niveau depuis les années 1970.

La hausse des prix

Cette crise s’explique en partie par la brusque augmentation des prix des véhicules neufs. La voiture française la plus vendue depuis 2020, la Peugeot 208, affiche un prix d’entrée de gamme de 19 200 euros, alors que son homologue de 2012, la Clio III, ne valait « que » 14 000 euros. Pendant la crise sanitaire, la pénurie des semi-conducteurs – nécessaires à la fabrication de l’électronique embarquée – a fait monter le prix de ces composants, et donc celui des voitures. La pénurie a aussi impacté la production. Certaines usines ont été mises à l’arrêt complet pendant plusieurs jours. Le groupe Stellantis, propriétaire de Peugeot et de Fiat (entre autres), a dû réduire sa production annuelle de près d’un million et demi de véhicules.

Bien que cette pénurie soit en train de se résorber, c’est aujourd’hui l’inflation galopante qui entretient la hausse des prix. Par ricochet, cela a entraîné une hausse des prix des voitures d’occasion, au point de susciter un phénomène de spéculation sur ce marché.

Les chiffres des ventes ont légèrement augmenté au premier trimestre 2023, mais cela s’explique en grande partie par un phénomène de rattrapage des retards accumulés l’an dernier. Un nouveau ralentissement des ventes pourrait s’amorcer une fois ces retards liquidés.

La fin des voitures thermiques

D’autres pressions viennent s’ajouter sur l’industrie automobile. D’ici 2035, la vente de voitures thermiques neuves sera interdite dans l’Union Européenne. Cette annonce a accéléré la ruée sur l’exploitation des terres rares, nécessaires pour la production de batteries – au risque, bien sûr, d’aggraver la crise environnementale. Il s’en est également suivi une course, entre les constructeurs automobiles, pour proposer la première voiture électrique à un prix abordable.

Pour produire massivement des batteries sans dépendre de chaînes d’approvisionnement internationales dont la fragilité a été démontrée, plusieurs constructeurs ont annoncé des projets de « giga-usines » en Europe. Par exemple, Stellantis s’est associé à Mercedes et à TotalEnergies pour lancer la construction d’une usine géante dans les Hauts-de-France.

Ces investissements restent fragiles, notamment du fait de la crise énergétique, qui a entraîné des ralentissements de la production en 2022. En octobre dernier, l’entreprise suédoise NorthVolt a annoncé qu’elle pourrait fermer ses usines en Allemagne et délocaliser sa production aux Etats-Unis. Stellantis pourrait suivre cette voie. D’ores et déjà, le groupe investit surtout en Afrique du Sud et aux Etats-Unis, et se tient prêt à délocaliser de l’autre côté de l’Atlantique dans le cas d’une nouvelle baisse du marché de la voiture neuve en Europe.

Chômage et exploitation

Pour défendre et accroître leurs marges de profits, les capitalistes ne cessent d’intensifier l’exploitation des ouvriers et de couper à la fois dans les salaires et les effectifs. L’an dernier, les salariés de plusieurs usines Stellantis se sont mobilisés pour des hausses de salaires et de meilleures conditions de travail. A Mondeville (Calvados), les gants de protection obligatoires devaient être achetés par les salariés eux-mêmes !

Ces quinze dernières années, le nombre de salariés de Stellantis, en France, est tombé de 70 000 à 45 000. Si le groupe annonce la création de 7500 emplois avec l’ouverture de sa « giga-usine » de batteries, il prévoit aussi de supprimer plusieurs milliers de postes en France et en Italie, ces prochaines années.

Pour maintenir leurs profits, les capitalistes comptent aussi sur les aides de l’Etat, dont ils pillent les caisses en agitant la menace de fermetures et de délocalisations. L’Etat français arrose donc d’argent public les entreprises automobiles. La moitié des deux milliards d’euros que devrait coûter la « giga-usine » de Stellantis sera payée par l’Etat.

Ces « aides » faramineuses ont été l’un des facteurs qui ont permis aux capitalistes de l’industrie automobile d’engranger des profits records, alors que le secteur est en crise. En 2022, le chiffre d’affaires de Stellantis a augmenté de 18 %, tandis que ses bénéfices progressaient de 26 % !

Nationalisation !

Comme toute industrie capitaliste, le secteur automobile n’a pas pour vocation de répondre à un besoin, mais de faire des profits, quel qu’en soit le coût pour les travailleurs et l’environnement. Pour garantir les emplois, mais aussi de bons salaires et de bonnes conditions de travail, les grands groupes qui dominent le secteur – comme Stellantis – devront être nationalisés et placés sous le contrôle démocratique de leurs salariés.

Cela permettra aussi de réorienter une partie croissante de la production vers d’autres moyens de transport. L’existence d’un marché massif de la voiture individuelle n’a de sens que du point de vue de la course aux profits. La planification et la nationalisation des grands leviers de l’économie permettront d’investir massivement dans d’autres formes de transport, moins polluantes, plus collectives et plus économiques.

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