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FIOM Italie

Comme ailleurs en Europe, les travailleurs italiens reprennent le chemin de la lutte. Le samedi 16 octobre dernier, plus d’un demi-million de jeunes et de travailleurs ont défilé dans les rues de Rome, à l’appel de la FIOM, le plus puissant syndicat de la métallurgie. C’était le prolongement de la lutte initiée par les travailleurs de l’usine FIAT de Pomigliano, près de Naples. Lors d’un référendum organisé par le patronat et soutenu par pratiquement toutes les directions politiques et syndicales du pays, 40 % des salariés de cette usine ont rejeté le chantage odieux imposé aux travailleurs, à savoir le maintien des emplois contre une remise en cause du droit de grève et une dégradation drastique des conditions de travail. La manifestation du 16 octobre était donc un signal fort pour tous les travailleurs italiens, un appel à relever la tête et à se battre contre le patronat et son gouvernement.

Marchionne, le Pdg de FIAT, veut écraser les syndicats combatifs. Il veut imposer de nouvelles règles dans les domaines des cadences de travail, des salaires, des indemnités-maladie, etc. Il veut en revenir à la situation des années 50. Et le patronat italien compte généraliser ces attaques à toute l’industrie du pays. Dans ce contexte, les médias se sont lancés dans une campagne systématique contre la FIOM, qu’ils ont présentée comme un repère de hooligans et de fauteurs de troubles. Malheureusement, la plupart des dirigeants de la CGIL (l’équivalent de notre CGT), dont la FIOM est la fédération métallurgique, se sont joints au concert de critiques visant la FIOM.

En appelant à manifester, le 16 octobre, la FIOM voulait démontrer qu’elle n’était pas isolée. Ce fut un énorme succès. Les sections les plus militantes de la classe ouvrière italienne étaient toutes représentées, à Rome. Aux travailleurs de la métallurgie se sont agrégés d’autres secteurs de la CGIL – Fonction Publique et Education Nationale en tête – ainsi que des chercheurs, des étudiants, des travailleurs immigrés, des mouvements « citoyens » et l’ensemble des forces de gauche qui ne sont pas représentées au Parlement. Les travailleurs de FIAT étaient en tête de cortège. Ils appelaient à l’organisation d’une grève générale, pendant la manifestation. Landini, le nouveau secrétaire général de la FIOM, a répété ce mot d’ordre à la tribune, en fin de manifestation, juste avant la prise de parole d’Epifani, le secrétaire général de la CGIL.

Lorsque ce dernier a commencé à parler, ses premières phrases ont été couvertes par d’innombrables voix criant : « grève générale ! ». La direction de la CGIL avait exclu la perspective d’une grève générale, avant cette manifestation, mais la pression était telle qu’Epifani fut obligé de déclarer : « la grève générale est l’une de nos armes, même si ce n’est pas la seule. Si nos revendications ne sont pas satisfaites, il faudra y venir ». Ceci dit, les dirigeants de la CGIL s’en tiennent à l’organisation d’une journée d’action pour le samedi 27 novembre.

Quelle expression politique ?

La crise du gouvernement Berlusconi renforce la confiance des travailleurs. Les initiatives de la FIOM et ses appels à riposter massivement aux attaques du patronat suscitent de grandes attentes. Dans toutes les réunions organisées pour préparer la manifestation du 16 octobre, on pouvait respirer une détermination et un état d’esprit nouveaux. Cela a renforcé le mouvement étudiant. Le 8 octobre, 300 000 étudiants ont manifesté contre les coupes budgétaires dans l’enseignement supérieur.

Toutes les forces politiques ont été obligées de commenter la manifestation du 16 octobre. Le Parti Démocratique est divisé. Il n’a pas soutenu la manifestation, mais plusieurs de ses dirigeants s’y sont affichés. Ils aimeraient conserver de bonnes relations avec la CGIL et la FIOM. Mais c’est de plus en plus difficile, dans ce contexte de polarisation politique et sociale croissante.

Des élections anticipées seront probablement organisées au printemps prochain. Ferrero, secrétaire du PRC, et Vendola, dirigeant d’une scission de droite du PRC, militent tous deux pour une alliance électorale avec le Parti Démocratique. Cette nouvelle « alliance démocratique » inclurait l’UDC, un parti de centre-droit qui a quitté le gouvernement Berlusconi en 2008 ! Ferrero et Vendola retombent dans le vieux travers du : « Tout sauf Berlusconi », qui a déjà tant coûté à la gauche.

Nos camarades de Falce Martello s’opposent à cette alliance sans principe et à la liquidation du PRC dans une « Fédération de la gauche » aux contours politiques vagues. Pour la manifestation du 16 octobre, ils ont lancé un appel (voir ci-dessous) qui a rencontré un large écho dans le mouvement communiste et syndical. Les travailleurs italiens ont relevé la tête. Il leur faut une expression politique à la hauteur des grandes luttes qui s’annoncent !

Pierre Zamboni


L’appel de nos camarades italiens

Nos camarades italiens de Falce Martello, le courant marxiste du PRC, ont activement participé à l’organisation de la manifestation du 16 octobre. Dans les semaines précédant la manifestation, ils ont largement diffusé l’appel suivant, signé par des centaines de militants syndicaux, travailleurs et étudiants. Il a pour titre : Ensemble, avec la FIOM, sur la voie ouverte par les travailleurs de Pomigliano et Melfi !

Comme travailleurs et militants, nous pensons qu’il est extrêmement important de répondre positivement à l’appel de la FIOM à manifester, le 16 octobre, dans les rues de Rome.

L’attaque du patronat contre le droit de grève et d’autres droits fondamentaux, la contre-réforme dans l’éducation, les lois racistes contre les immigrés, les coupes budgétaires drastiques, les attaques contre l’emploi et les services publics : tout cela fait partie d’un plan pour sortir de la crise en infligeant des coups sévères aux travailleurs et aux couches les plus pauvres de la population.

Alors que le gouvernement continue de verser des milliards d’euros aux banquiers et aux spéculateurs, pour couvrir leurs dettes, toutes sortes de vautours se partagent le gâteau de la « reconstruction » de L’Aquila [la ville dévastée par un tremblement de terre, en avril 2009] et du dépeçage des principales ressources du pays.

Plus de 600 000 emplois ont été perdus en 2009. Deux millions de personnes vivent dans une très grande pauvreté. Plus d’un jeune sur quatre est au chômage. Malgré la propagande gouvernementale, cette troisième année de crise économique semble être la pire. En 2010, plus de 670 000 travailleurs ont été placés en chômage partiel. La barre des 2,5 millions de chômeurs va être dépassée. L’industrie du pays est ravagée.

La leçon de dignité et de conscience de classe que nous ont donnée les travailleurs de FIAT Pomigliano ; la participation significative aux grèves générales du 15 juin et du 2 juillet ; l’importante mobilisation dans l’usine FIAT-Sata, à Melfi, pour défendre trois travailleurs injustement licenciés : tout ceci montre que le gouvernement et les patrons ne sont pas invincibles et qu’une riposte de classe est possible, en particulier dans le contexte d’une crise irréversible du gouvernement Berlusconi.

Le problème, c’est que la gauche ne présente pas d’alternative sociale et politique claire. La soumission aux lois du marché de la soi-disant opposition parlementaire atteint des degrés inédits. La même chose vaut pour les dirigeants de la CISL, de l’IUL [deux confédérations syndicales « modérées »] et pour une partie de la direction de la CGIL, qui dans le cas de Pomigliano se sont alignés sur la position de Marchionne [le Pdg de FIAT], du gouvernement et de la fédération patronale.

La manifestation du 16 octobre peut ouvrir un nouveau chapitre. L’alternative ne viendra pas du Parti Démocratique, qui en appelle au respect de la Constitution lorsque des magistrats et des journalistes sont visés, mais ne dit rien quand les droits des travailleurs sont attaqués, quand des usines sont transformées en casernes militaires et quand les centres de détentions pour immigrés se multiplient – notamment grâce aux autorités locales de « centre gauche ».

Nous participerons activement à cette manifestation, non seulement parce que nous soutenons la FIOM et les travailleurs de FIAT, mais aussi parce qu’il est possible de faire de cette manifestation le point de départ d’une alternative au capitalisme en crise. Nous sommes partisans d’un programme qui unifie le mouvement et, dans le même temps, rompe avec la démarche étroitement institutionnelle et électoraliste qui a mené aux échecs et à la désintégration de la gauche italienne, au fil des années. 
Les travailleurs de Pomigliano et Melfi ont lancé une nouvelle phase de luttes. Tous dans les rues de Rome, le 16 octobre ! Pour la défense des droits des travailleurs, pour la satisfaction de leurs revendications – et pour une rupture avec la loi du marché et du profit.

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