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Satys est une multinationale française spécialisée dans le revêtement anticorrosion pour les secteurs aéronautique et ferroviaire. Elle travaille notamment pour Airbus et emploie 2600 personnes sur 52 sites répartis aux quatre coins du monde.

Satys est le leader mondial dans le revêtement d’avions neufs. Sur ce seul segment d’activité, le groupe a réalisé 159 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022. Récemment, Satys a acheté le groupe SPI (Société de Peinture Industrielle) et obtenu le monopole de l’activité « peinture » sur le programme de l’avion militaire Rafale. Il vise les 250 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2025.

Si les résultats financiers de Satys sont excellents, on ne peut pas en dire autant des conditions de travail des salariés. Par exemple, les pièces des hélicoptères Airbus doivent être recouvertes de substances toxiques, ce qui impose aux salariés de porter un équipement de protection très lourd et fatigant. Le travail dans les réservoirs des avions ne peut se réaliser qu’en position accroupie. Les postures difficiles sont le lot quotidien des salariés. Enfin, ils travaillent en « horaires décalés ».

Victoire partielle à Marseille

Dans ce contexte, les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) ont été l’occasion de plusieurs mobilisations victorieuses des travailleurs de Satys. Il faut dire que la direction de l’entreprise proposait 1 % d’augmentation de salaire, dans un contexte où l’inflation atteint officiellement 7 % !

Le 7 mars dernier, date d’une grande mobilisation contre la réforme des retraites, l’ensemble des salariés du site industriel marseillais de Satys se sont engagés dans une grève reconductible pour exiger une hausse générale des salaires de 4 %. Après neuf jours de grève totale, ils ont voté en AG la reprise du travail sur une victoire partielle. Stéphanie Gonzalez, déléguée CGT, nous explique : «Nous demandions 4% d’augmentation pour tous les salariés, mais la direction a maintenu une différence entre les salariés qui ont plus de dix ans d’ancienneté et qui toucheront 3,16 % – et ceux qui en ont moins et qui ne toucheront que 2,62 % ». D’après cette camarade, la direction menaçait de ne pas étaler le décompte des jours de grève. Or « neuf jours [de salaire] en moins sur un seul mois, c’était rude ».

Sur le piquet de grève, les salariés mobilisés ont reçu le soutien de plusieurs élus de gauche, dont deux députés de la France insoumise : Sébastien Delogu et Manuel Bompard. Un appel à participer à la caisse de grève a été relayé par Jean-Luc Mélenchon. Ces soutiens furent appréciés par les grévistes.

Victoire en Loire-Atlantique

En décembre dernier, déjà, les employés d’un site de Satys en Loire-Atlantique se sont mobilisés pour exiger des augmentations de salaire. Ils ont été soutenus par des salariés d’Airbus, à l’initiative de la CGT Airbus Atlantic, qui elle-même appelait des salariés d’Airbus à deux heures de débrayage contre de nouveaux horaires de travail, plus contraignants. Près d’une centaine de grévistes d’Airbus et de Satys se sont retrouvés devant l’entrée principale du site de Satys, dans une ambiance combative et fraternelle. Aux yeux des salariés des deux entreprises, cette initiative unitaire soulignait qu’ils font face aux mêmes problèmes et au même adversaire, car les patrons d’Airbus et de Satys étaient « unis », eux aussi, contre les revendications légitimes des travailleurs.

Cette mobilisation commune a renforcé la grève des salariés du site de Loire-Atlantique, qui a été reconduite pendant quatre jours consécutifs. Au lieu de l’augmentation de 1 % avancée par la direction dans le cadre des NAO, les grévistes de Loire-Atlantique ont obtenu 4 % de hausse générale des salaires, une augmentation du montant du panier-repas, la mise en place d’un accord d’intéressement de 300 euros et un chèque-cadeau de 150 euros.

Indexer les salaires sur l’inflation !

Compte tenu de l’inflation, qui ne cesse de miner les salaires réels de tous les travailleurs, d’autres grèves pour des augmentations ne manqueront pas d’éclater dans l’ensemble des secteurs économiques. Il y a déjà eu des grèves solides chez Décathlon, Leroy Merlin, Vueling, EDF et Engie, notamment.

Ces grèves peuvent l’emporter – totalement ou partiellement. Mais compte tenu du caractère général du fléau de l’inflation, qui frappe toutes les catégories de travailleurs, la gauche et le mouvement syndical ont la responsabilité de donner à cette lutte un caractère massif et national.

Il faut s’appuyer sur l’énorme quantité de colère et de combativité qui s’est manifestée, dans la lutte contre la réforme des retraites, pour exiger l’indexation des salaires sur l’inflation. Les retraites et l’ensemble des prestations sociales doivent être intégrées à ce système. Par ailleurs, l’inflation doit être calculée non par des savants bourgeois soucieux de ménager les profits des capitalistes, mais par les organisations de la classe ouvrière. Nul doute qu’une vaste campagne menée sur ce thème trouverait un large écho dans la masse de la population.

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