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La rentrée universitaire est marquée par une nouvelle hausse des frais d’inscription dans de nombreuses universités, alors que le niveau de vie des étudiants continue de se dégrader sous l’effet de la crise et de la politique d’austérité du gouvernement.

Le 11 août dernier, le syndicat étudiant Unef a publié une enquête sur les conditions matérielles d’existence des étudiants en France. Elle montre que l’augmentation générale du coût de la vie a des conséquences sur un budget étudiant toujours plus resserré. Entre 2013 et 2014, les loyers et les transports ont augmenté de 2 à 3 %, la restauration collective de 1 %, les charges locatives de 10 à 14 %. Ces chiffres sont à mettre en rapport avec les faibles sources de revenus des étudiants, limitées par la nature même de leur activité principale, la formation, qui n’est généralement pas rémunérée. Or ces dépenses courantes absorbent la plus grande partie du budget des étudiants : 55 % pour le seul logement ! Et il ne s’agit là que d’une moyenne : dans certains cas, comme à Paris, la pénurie de logements bon marché – dans le public comme dans le privé – est tout simplement scandaleuse.

Dégradation structurelle

Les bourses sur critères sociaux censées pallier l’absence de revenus autonomes se révèlent dans la plupart des cas très insuffisantes. Elles devaient être « gelées » cette année, dans le cadre du plan « d’économie » – lire : d’austérité – de 50 milliards, qui seront ponctionnés sur les prestations sociales. Face au risque d’une cristallisation du mécontentement des étudiants sur la question des bourses, Hamon et Fioraso ont annoncé le 17 août dernier une revalorisation de 0,7 % de l’ensemble des bourses. C’est loin du compte : l’Unef relève une augmentation de 2 % du coût de la vie étudiante. On le voit : le gouvernement est décidé à appliquer l’austérité à toute la population (sauf le grand patronat), c’est-à-dire à faire porter le poids de la crise sur les épaules des travailleurs, y compris ceux en formation. Cela passe notamment par de faibles revalorisations, voire des coupes, dans l’ensemble des prestations et des aides sociales : bourses, APL, etc.

L’enquête annuelle de l’Unef montre que la dégradation continue des conditions d’existence des étudiants, d’une année sur l’autre, s’est accélérée depuis la crise mondiale de 2008. À un certain stade, le problème devient structurel : les étudiants ont de plus en plus recours à des solutions personnelles. Ils restent majoritairement dépendants de l’aide familiale, elle-même réduite par l’impact de la crise, ou d’une activité salariée. Cette dernière est désormais « indispensable pour vivre » pour 51 % des étudiants qui travaillent, contre 40 % en 2011. Les étudiants travaillent de plus en plus souvent à plein temps : 30 % des étudiants salariés en 2014, contre 18,5 % en 2006. Le faible temps consacré aux études explique en grande partie les taux d’échecs importants à l’université, notamment en Licence. Le stress, le renoncement, les dépressions, voire les suicides, prolifèrent parmi les étudiants.

Contre-réformes

Le cadre de vie difficile de nombreux étudiants était jusqu’alors compensé par l’espoir que leur formation leur offrirait un meilleur avenir. Or l’absence de perspectives est un constat de plus en plus partagé par un très grand nombre de jeunes, étudiants ou pas, face à un marché du travail saturé. Le chômage ou les petits boulots précaires sont une probabilité importante aux yeux de tous, même les plus qualifiés. Pour les patrons, les travailleurs sont trop nombreux, trop formés et trop chers. Le financement d’études supérieures pour tous est donc jugé comme un luxe inacceptable par la classe dirigeante. Ainsi, le budget du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche va subir une coupe sans précédent de 1,6 milliard entre 2015 et 2017. En conséquence, les dotations du Ministère aux Universités vont continuer de diminuer, ce qui pose même la question de la fermeture de certaines d’entre elles.

C’est ici qu’intervient la loi Fioraso adoptée il y a un an : elle complète le démantèlement du caractère public et massif de l’enseignement supérieur, initié à la fin des années 90. La loi impose aux universités des regroupements sous des formes plus ou moins contraignantes, à l’image des fusions de plusieurs universités. Cela se traduit par des économies d’échelles et des suppressions de filières et de postes. L’objectif à terme est de supprimer les sites jugés superflus sur le « marché » des formations universitaires. La baisse des financements publics est officiellement compensée par la hausse des frais d’inscription et par l’investissement des « entreprises », c’est-à-dire des capitalistes, dans le monde universitaire, par le biais de leur participation aux Conseils d’Administration. Or les patrons réservent évidemment leur participation au financement des filières jugées rentables. D’où la reconfiguration, envisagée par le gouvernement, des 74 universités françaises et de la trentaine de grands établissements en 25 « pôles universitaires » autour de « filières d’excellence ». Cela signifierait la fin de l’égalité géographique (déjà relative) dans l’accès aux formations universitaires, une augmentation de la mobilité étudiante forcée et au final une aggravation des inégalités et une dévalorisation de nombreux diplômes.

Pour un programme révolutionnaire !

Sur la base du capitalisme en crise, les étudiants n’ont pas d’autre perspective que la dégradation permanente de leurs conditions d’existence, d’études et de travail. Il est urgent que les étudiants et leurs organisations se mobilisent autour d’un programme exigeant des conditions d’études et d’existence dignes. Un tel programme devrait militer pour :

  • Des universités gratuites, pour tous et de qualité, sur la base d’un financement exclusivement public. Capitalistes, hors des facs !
  • Une revalorisation et une extension généralisées des bourses et des aides sociales.
  • Un vaste plan de construction et de rénovation des logements étudiants, une baisse du prix de la restauration universitaire et la gratuité des transports publics.
  • L’unité des étudiants et des travailleurs dans la lutte contre les politiques d’austérité.

Ces revendications sont tout à fait réalistes en ce sens qu’elles répondent aux besoins réels des étudiants. Cependant, elles entrent en contradiction directe avec la logique du capitalisme en crise. La conclusion à en tirer, c’est que les étudiants n’ont rien à gagner au maintien de ce système. Aussi un tel programme doit-il aboutir à la remise cause du capitalisme lui-même et exposer la nécessité du socialisme pour répondre aux besoins de la population. Ceci est d’autant plus vrai pour la jeunesse, étudiante ou non, qui n’a plus rien à perdre et qui est appelée, dans cette période de crises et de révolutions, à écrire le futur. Révolution se bat pour un tel programme et appelle les jeunes à se battre à ses côtés !

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