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Le sommet européen de Nice en décembre 2000 a été marqué par des désaccords entre les Quinze sur la question de l’élargissement de l’UE vers les pays de l’Est, et sur celle de la répartition des voix entre les pays membres. Derrière une "union" de façade, les pays européens se livrent à une concurrence impitoyable pour se positionner sur le marché européen, qui représente 360 millions de consommateurs, et sur les marchés mondiaux.

En revanche, l’accord sur le caractère anti-social de la politique européenne est toujours aussi solide. La très symbolique "charte sociale" signée lors du sommet a donné le feu vert pour de nouvelles privatisations, ouvrant ce qui reste du domaine public aux entreprises capitalistes. Sur ce sujet, Jospin et Chirac parlaient d’une seule et même voix. La manifestation syndicale massive qui eu lieu le 6 décembre a montré l’ampleur de l’opposition qui se développe vis-à-vis de l’Europe patronale. La direction du PCF a soutenu la manifestation, pour que s’expriment, selon ses termes, "la montée des résistances" contre "la construction européenne selon les "dogmes" du libéralisme".

Par contre, les propositions du parti pour organiser une alternative à cette Europe font cruellement défaut. Il ne suffit pas de dire que la lutte contre les inégalités sociales va à l’encontre de l’Europe de Maastricht. Ce sont les actes qui comptent. Lorsque le gouvernement tente de transposer en France une cinquantaine d’ordonnances antisociales provenant du parlement européen (entre autres le travail de nuit pour les femmes), la direction du parti se limite à des interventions au niveau de l’Assemblée Nationale. Or celles-ci ont peu de chances d’aboutir si elles ne sont pas relayées par des luttes dans les entreprises ou par des manifestations.

Sur les questions essentielles, la direction nationale du PCF se contente d’être la remorque de la direction du PS. Ceci explique l’émergence de courants oppositionnels au sein du parti. Les dirigeants de ces tendances prétendent vouloir lutter contre le "réformisme" de Robert Hue. Cette lutte est tout à fait nécessaire. Mais rompre avec le réformisme signifie, d’une part, poser clairement la nécessité de mettre fin à la propriété privée de tous les grands groupes industriels et financiers qui dominent l’économie et qui constituent, pour ainsi dire, la colonne vertébrale du capitalisme. D’autre part, il est tout aussi nécessaire de rompre de manière décisive avec le nationalisme outrancier qui était l’autre versant de l’abandon du socialisme par le PCF, et qui ne date pas seulement de l’arrivée de Robert Hue à sa tête.

Quelle est la démarche proposée par l’opposition à l’entourage de Robert Hue ? Tout récemment, le groupe dit Appel des 700 a lancé l’idée de mener campagne pour un référendum contre l’euro, une idée qui a été reprise par d’autres éléments oppositionnels. Certes, l’euro a été mise en place dans l’intérêt des plus grands détenteurs de capitaux, et notamment des multinationales. Ceci dit, imaginer que le maintien du franc français changerait quoi que ce soit à la situation des salariés, en France ou ailleurs en Europe, c’est se leurrer complètement. Pire, lancer une campagne sur ce thème ne peut que favoriser des réflexes nationalistes. Ce n’est pas l’unité de compte monétaire qui est à l’origine des difficultés du salariat, mais plutôt la maîtrise des ressources monétaires, industrielles et commerciales par une minorité de capitalistes - un fait que des campagnes aux relents chauvins auraient tendance à occulter.

Les dirigeants de la Coordination des Militants Communistes, entre autres, demandent aux travailleurs de s’opposer à l’Union Européenne, afin d’éviter, disent-ils, le bradage de la "souveraineté nationale". Là aussi, nous nous trouvons sur un terrain tout à fait nationaliste, dépourvu du moindre atome de contenu progressiste ou socialiste. Marx disait, il y a plus de 150 ans déjà, que "les travailleurs n’ont pas de patrie". Le mot d’ordre de "souveraineté nationale" est tout à fait réactionnaire, dans la mesure où la classe "souveraine", c’est à dire socialement et économiquement dominante au sein de la "nation", n’est rien d’autre que la classe capitaliste. Rappelons que c’est au nom de ce même concept que Georges Marchais prônait le maintien de l’arme nucléaire française pendant les années 80, arme qui constituait selon lui un "garant de l’indépendance nationale".

Parler de "sauvegarder l’exception française", en prétendant que les acquis sociaux sont menacés par "la dissolution de la France dans un super-Maastricht ultra-libéral", c’est oublier que la lutte contre l’Europe capitaliste est l’affaire de tous les travailleurs européens. Par ailleurs beaucoup de travailleurs européens, par exemple les Allemands, n’ont pas grand chose à envier aux acquis sociaux français, qui par ailleurs ne sont pas si "exceptionnels" qu’on veut bien le prétendre.

Il faut noter que le nationalisme de certains "communistes" est tel qu’ils en sont arrivés à envisager une alliance "tactique" avec d’autres "souverainistes", comme Charles Pasqua ! Le socialisme - ou communisme, c’est la même chose - est internationaliste, où il n’est rien. Le programme que nous devons défendre, en France comme ailleurs, repose sur la communauté d’intérêt de tous les salariés. Restons donc dans le Parti Communiste. Luttons pour rétablir en son sein les principes et le programme du socialisme authentique. Notre programme n’est pas celui d’une France "souveraine", mais celui d’une France socialiste, sans la Bourse, sans les spéculateurs et les capitalistes, et faisant partie intégrante d’une Europe socialiste.

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