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Cet article a été publié le 7 juin 2021 sur In Defence of Marxism.


Le Parti communiste de Cuba (PCC) a tenu son VIIIe congrès à La Havane du 16 au 19 avril dernier. Celui-ci a coïncidé avec la date anniversaire de la proclamation du caractère socialiste de la révolution cubaine, à la veille de la tentative d’invasion de Playa Girón (la Baie des Cochons). Ce congrès a été le point d’orgue du processus de remplacement de la direction historique, dans un contexte de sérieuse crise économique et de réformes économiques dangereuses.

A Cuba, les symboles sont importants et en disent parfois plus long que les documents. Le congrès du PCC, dont l’assistance était réduite du fait des conditions imposées par la pandémie, était placé sous les auspices de grands portraits de Marti, Baliño, Mella[1], et Fidel Castro. Un camarade cubain a demandé : « Où sont Marx et Lénine ? ». En réalité, la dernière fois que les portraits des représentants du communisme international ont été présents, ce fut lors du Ve congrès, en octobre 1991, alors que le stalinisme tombait en miettes en URSS sous la direction du PC soviétique.

Les portraits présents lors du VIIIe congrès renforçaient la principale idée que le congrès voulait transmettre : la continuité de la révolution cubaine. Ainsi, Baliño représentait la continuité entre le Parti Révolutionnaire Cubain de Marti et le premier Parti Communiste de Mella, et Fidel représentait la révolution cubaine de 1959.

De plus, le congrès se tenait à la date du 60e anniversaire de Playa Girón, le 16 avril 1961, lors de laquelle la révolution cubaine, en armant les ouvriers et les paysans, infligea une défaite écrasante à la contre-révolution et à l’impérialisme. A la veille de la tentative d’invasion impérialiste, Fidel Castro proclamait le caractère socialiste de la révolution, qui avait en fait déjà exproprié les terres, les banques et les grandes entreprises multinationales et cubaines.

L’idée qui est ainsi présentée est que, même si la génération historique – celle qui mena la révolution cubaine – se retire, la révolution continue. Raúl Castro, 89 ans, quitte son poste de premier secrétaire du PCC, après avoir déjà abandonné les présidences du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres en 2018. Par ailleurs, 88 membres du Comité central du PCC s’en retirent, dont la totalité de la génération historique, tandis que 20 % des membres du bureau politique sont renouvelés.

Ce passage de relais n’est pas une petite affaire. Cette génération de dirigeants a non seulement dirigé la révolution de 1959, mais est aussi celle qui a résisté aux pressions pour le rétablissement du capitalisme après la chute du stalinisme. La direction qui est aujourd’hui remplacée dispose d’une autorité et d’un prestige qui ne peut être transmis automatiquement à ceux qui la remplacent. Leur départ reflète aussi l’évolution de la société cubaine. Le passage du temps signifie qu’il y a aujourd’hui très peu de Cubains qui se rappellent ce qu’était la vie sous le capitalisme. Les Cubains de moins de 40 ans ont grandi et vécu à l’époque de la « période spéciale » et de l’introduction de concessions à l’économie de marché. Ils n’ont aucun souvenir des temps où l’aide soviétique permettait des niveaux de vie bien meilleurs.

Le congrès s’est tenu après un an de pandémie de COVID-19, dont l’impact sur l’économie cubaine fut brutal. Le PIB cubain a chuté de 11 %, la pire baisse depuis 1993, ce qui a amené certains à, parler d’une nouvelle « période spéciale ». Un des principaux facteurs de cette crise a été l’effondrement du tourisme, avec l’arrivée de seulement un million de touristes, soit 75 % de moins que les quatre millions de 2019. Ce dernier chiffre marquait d’ailleurs lui-même une baisse de 20 % par rapport à 2018, du fait du renforcement des sanctions par Trump.

La chute des revenus du tourisme signifie une chute brutale des rentrées de devises étrangères, ce qui limite les capacités d’achats de Cuba sur le marché mondial. A cela s’ajoute l’augmentation des dépenses du fait de la pandémie. Près de 300 millions de dollars ont dû être dépensés pour acheter des tests PCR et des laboratoires de biologie moléculaire, tandis que les mesures d’isolement social coûtaient l’équivalent de 85 millions de dollars. Cette situation a mené à une rapide multiplication des pénuries de nourriture et à de longues files d’attente pour se procurer des produits alimentaires de base.

L’arrivée de Joe Biden au pouvoir aux Etats-Unis n’a pas, pour l’instant, signifié un quelconque changement dans la politique d’embargo et d’agression menée par l’impérialisme. Toutes les mesures prises par Trump pour renforcer les sanctions et le blocus sont maintenues. Dans ce contexte, le gouvernement cubain a accéléré la mise en œuvre d’une série de mesures économiques qui avaient été approuvées dans les « lignes directrices » du VIe congrès en 2011, mais qui n’avaient jamais été appliquées. Sous l’appellation de « Tâches de remise en ordre monétaire », celles-ci comprennent notamment une unification des échanges et des devises, mais aussi plusieurs mesures qui renforcent le marché et le secteur privé.

L’application de la « remise en ordre » n’a pas été sans problèmes, avec une énorme hausse des prix et des coupes dans certaines aides sociales, qui ont causé un sérieux malaise et des plaintes dans la population. Dans cette lutte entre des forces vivantes, le gouvernement a été contraint de faire quelques ajustements dans l’application des mesures de « remise en ordre ».

Le rapport de Raúl Castro au VIIIe congrès a reflété cette insatisfaction, à travers une critique dure de la « Commission chargée de l’application et du développement des lignes directrices ». Celle-ci aurait « échoué à organiser, de façon adéquate, la participation des différents acteurs impliqués dans l’application des lignes directrices et les fonctions qu’elle assume ont outrepassé le mandat donné par le congrès. » Conséquence de cette critique, le chef de la Commission, Marino Murillo, considéré par la presse bourgeoise internationale comme le « Pape des réformes », a été retiré du CC.

Le monopole du commerce extérieur et les limites des réformes

Le rapport de Raúl Castro contenait aussi quelques affirmations très intéressantes à propos de l’économie. Castro a mentionné l’extension de la liste des activités ouvertes au secteur des auto-employeurs et souligné que « cette décision […] a été, comme on s’y attendait, critiquée au bout de quelques jours et jugée insuffisante par ceux dans le pays qui rêvent d’une restauration du capitalisme et d’une privatisation massive de la propriété du peuple sur les principaux moyens de production. […] Il semblerait que l’égoïsme, l’avidité et le désir de gagner plus provoquent chez certaines personnes un encouragement à souhaiter qu’un processus de privatisation commence à balayer les fondations et l’essence de la société socialiste construire pendant plus de six décennies » [nous soulignons]. Raúl Castro a correctement lié la restauration du capitalisme à la destruction des conquêtes de la révolution : « De cette façon, dans un temps très court, les systèmes d’éducation nationale et de santé publique seraient aussi démantelés, alors que tous deux sont gratuits et accessibles universellement à tous les Cubains ».

Raúl Castro a clairement défendu le monopole du commerce extérieur : « D’autres, espérant faire sauter le principe socialiste du monopole de l’Etat sur le commerce extérieur, ont exigé que les importations commerciales privées soient autorisées, dans le même esprit que l’établissement d’un système non-étatique de commerce intérieur », et a lié cette question aux limites des réformes économiques : « il y a des limites que nous ne pouvons pas dépasser parce que les conséquences en seraient irréversibles et mèneraient à des erreurs stratégiques et à la destruction du socialisme, et donc de la souveraineté nationale et de l’indépendance ».

Cette partie du discours de Castro est très significative. En fait, pendant les années 1920, lors du débat sur la Nouvelle Politique Economique (NEP), Lénine insistait précisément sur l’importance du monopole du commerce extérieur et forma un bloc avec Trotsky pour le défendre contre Boukharine, qui voulait le remplacer par un système de taxes douanières, et contre Staline, Kamenev et Zinoviev qui voulaient le relâcher. Les arguments de Lénine en défense du monopole du commerce extérieur sont très pertinents par rapport à la situation actuelle de Cuba : « J’ajouterai que l’ouverture partielle des frontières serait grosse de graves dangers monétaires, car en pratique cela nous réduirait à la situation de l’Allemagne ; il y aurait le danger pressant que la petite-bourgeoisie et toutes sortes d’agents des Emigrés russes pénètrent en Russie, sans que l’on puisse avoir la moindre possibilité d’exercer un contrôle sur eux ». (Lénine, Le monopole du commerce extérieur, 13 décembre 1922).

Lénine, conscient des dangers inhérents aux concessions au capitalisme que représentait la NEP, considérait que cette question était très importante. Alors qu’il souffrait de la maladie qui devait finalement l’emporter, Lénine lança une lutte contre la bureaucratie qui se concentrait sur deux aspects : la question du monopole extérieur d’une part, et la lutte contre les tendances chauvines grand-russe dans le traitement de la question du nationalisme en Géorgie par Staline et ses alliés d’autre part.

Plus tard, en 1927, dans la lutte contre la bureaucratie stalinienne, Trotsky insista à nouveau sur la question de l’importance du monopole du commerce extérieur : « Le monopole du commerce extérieur est l’arme indispensable de la construction socialiste dans la situation où les pays capitalistes possèdent une base technique plus développée. Mais le monopole ne peut protéger l’économie socialiste qui se bâtit qu’à la condition que, dans le domaine de la technique, du prix de revient, de la qualité et des prix des produits manufacturés, on se rapproche continuellement du niveau de l’économie mondiale. » La Plate-forme de l’Opposition Unifiée de 1927 affirmait : « [nous devons] repousser énergiquement toutes les tentatives tendant à supprimer le monopole du commerce extérieur. » (Plate-forme des bolcheviks-léninistes pour le XVe Congrès du PC de l’URSS, 1927).

Le discours de Raúl Castro au VIIIe congrès était clairement dirigé contre ceux qui souhaitent une marche rapide vers la restauration du capitalisme et, dans cette mesure, il mérite nos applaudissements. Néanmoins, le problème est que les réformes économiques qui ont été appliquées jusqu’à maintenant vont précisément dans cette même direction, même si elles ne le font peut-être pas avec autant de vigueur que le souhaiteraient certains.

Comme nous l’avons déjà expliqué auparavant, les mesures adoptées sous le nom de « Tâches de remise en ordre » mènent à l’accroissement des mécanismes du marché dans l’économie cubaine, en les utilisant pour évaluer le rendement des entreprises d’Etat, en priorisant les incitations matérielles et la concurrence entre les entreprises, en supprimant le principe de l’application universelle des politiques sociales, etc.

Les différences avec la NEP

Contrairement à la NEP en URSS dans les années 1920, que Lénine présentait clairement comme une série de reculs imposés par la situation économique – des concessions au capitalisme nécessaires mais risquées – à Cuba, ces réformes économiques sont présentées comme quelque chose de positif, la seule façon de « libérer les forces productives », comme si la planification d’État était l’entrave empêchant le développement économique. Cela est potentiellement très dangereux.

Une autre différence cruciale est qu’en URSS, alors que des concessions étaient faites au capitalisme à travers la NEP, une bataille était menée pour renforcer la démocratie ouvrière et combattre le bureaucratisme. A Cuba, la question du contrôle ouvrier et de la participation effective des travailleurs à la gestion de l’économie et de l’administration publique a été totalement absente des débats officiels du congrès du PCC.

Si au congrès du parti, Raúl Castro a critiqué ceux qui poussent à la restauration du capitalisme, le jour précédant son ouverture, une réunion a rassemblé des représentants du gouvernement, du parti, de l’Assemblée nationale et du secteur privé (« représentants des formes de gestion non-étatiques ») pour souligner le rôle joué par le secteur privé dans l’économie cubaine. Le message de cette réunion a été résumé par Cubadebate : « Cuba va continuer à progresser dans le développement de formes de gestion non-étatiques ».

Castro lui-même a dit dans son rapport cité plus haut : « les problèmes structurels du modèle économique qui ne fournit pas assez d’incitations au travail et à l’innovation n’ont pas cessé d’être présents. Pour transformer ce scénario de façon irréversible, il est nécessaire de donner un plus grand dynamisme au processus de mise à jour du modèle économique et social ».

En réalité, et en dépit du discours de Raúl Castro, le chemin adopté par les politiques économiques de Cuba est clair. Les mesures approuvées il y a une décennie, et encore plus le tournant des Tâches de remise en ordre, représentent un ensemble de réformes dotées d’une dynamique propre : le renforcement du marché au détriment de la planification, et le renforcement de l’accumulation privée aux dépens du secteur public. Cette dynamique est indépendante de la volonté subjective de ceux qui appliquent les réformes.

C’est aussi l’opinion de l’économiste Cubano-américain et pro-capitaliste Arturo López-Levy, qui minimise l’importance des « limites » mentionnées par Castro : « les limites et les lignes rouges évolueront avec la vie. Les réformes apporteront une pression supplémentaire en faveur d’autres réformes, et d’autres changements se produiront par hasard ».

En réalité, les représentants du capital international n’ont pas l’air très inquiets des avertissements de Castro. Le Financial Times les a interprétés de la façon suivante : « des paroles semblables ont été prononcées juste avant chacune des réformes entreprises durant la dernière décennie, et montrent qu’il reste une résistance sérieuse parmi la base ». Autrement dit, d’après eux, les avertissements de Castro n’étaient que des clins d’œil au public, à un secteur qui résiste à l’application des mesures pro-capitalistes mais n’a pas le pouvoir de les stopper.

L’entrée au Bureau politique du général Luis Alberto Rodríguez López-Calleja, directeur du GAESA, le conglomérat financier et économique lié aux Forces Armées Révolutionnaires, est symptomatique du pouvoir exercé par ce secteur – les gestionnaires de l’économie – dans la direction du parti.

Quand les Lignes directrices ont été débattues en 2011, les documents de congrès ont été au centre d’un processus de discussion impliquant des millions de personnes. Ce processus a joué le rôle d’un plébiscite. C’est-à-dire que la discussion a été très large, mais qu’il n’existait aucune voie pour que les discussions de la base soient prises en compte dans les décisions finales. Cette fois-ci, il n’y a pas eu une telle discussion. On peut expliquer que cela est dû au fait que le congrès n’a pas pris de décisions sur des changements fondamentaux, mais la vérité est que la situation politique et, surtout, économique, est d’une importance cruciale pour l’avenir de la révolution cubaine et qu’aucun mécanisme n’a été adopté pour permettre d’en débattre, même pas les moyens très limités utilisés en 2011.

Davantage de socialisme

Cela ne signifie pas que ces questions n’ont pas été discutées. Le large accès à Internet et aux réseaux sociaux a généré un grand nombre de forums et de groupes de chat qui permettent une discussion animée sur la révolution cubaine et son avenir. Beaucoup d’entre elles sont dominées par des éléments contre-révolutionnaires et des partisans déclarés d’une restauration du capitalisme. D’autres le sont par des points de vue libéraux ou sociaux-démocrates. Mais il existe aussi des forums où se retrouvent ceux qui se considèrent ouvertement comme socialistes, communistes, ou marxistes, bien que critiques de la bureaucratie.

Sous le hashtag #MásSocialismo (#DavantagedeSocialisme), une de ces discussions a débouché sur la rédaction d’une lettre au VIIIe congrès du PCC. Celle-ci est très intéressante, car elle est révélatrice des discussions sur l’avenir de la révolution qui se tiennent parmi tous ces jeunes cubains qui se décrivent comme « marxistes, anti-capitalistes et disciples de Martí ». Les auteurs de la lettre soulignent « avec inquiétude, des phénomènes qui peuvent compromettre l’avenir du socialisme cubain », et s’attellent ensuite à les décrire : « nombre des actuelles Coopératives Non-Agricoles (CNoA) sont une fraude, parce qu’en pratique, un riche propriétaire (qui vit parfois à l’étranger) y paie un salaire aux travailleurs au lieu de distribuer les profits. Ce sont des entreprises privées (micro, petites ou moyennes) dissimulées. De la même façon, nombre des actuels auto-employeurs sont en même temps propriétaires d’entreprises privées. Cela fait qu’ils ne se plient pas à la conception initiale de l’auto-employeur, d’après laquelle le travailleur s’emploie lui-même ainsi que sa famille à une activité économique définie. Depuis que les auto-employeurs ont été autorisés à embaucher des salariés, ils sont devenus de petits capitalistes ».

Les auteurs de la lettre soulignent l’impact que ce développement d’une petite bourgeoisie capitaliste a eu en termes de différenciation sociale et d’idéologie : « plusieurs phénomènes négatifs se sont manifesté pendant ces années d’ouverture au capitalisme à petite échelle, telle que de la gentrification dans les villes et les zones touristiques, du sexisme et du racisme à l’embauche, une exploitation extrême (en violation du Code du Travail), en même temps que la prolifération de la corruption et de valeurs négatives telles que l’égoïsme, l’individualisme et l’insensibilité ».

Bien qu’elle reflète la confusion caractéristique d’un débat qui n’en est encore qu’à ses débuts, la lettre indique clairement quel est le point focal de la question : bien qu’il y ait une propriété d’Etat des moyens de production, les travailleurs ne s’en sentent pas les propriétaires. « Les travailleurs ne sont pas et ne se considèrent pas comme propriétaires de leurs lieux de travail, ils n’ont pas de contrôle sur la production, ils n’élisent pas leurs dirigeants, qui sont nommés “d’en haut”, les syndicats ne sont que le pâle reflet du pouvoir qu’ils pourraient et devraient avoir, des erreurs de gestion sont faites qui coûtent des millions du fait de l’absence de transparence et de contrôle populaire, nombre de dirigeants et de gestionnaires intermédiaires abusent de leurs positions et sont d’authentiques capitalistes d’Etat ».

L’existence d’une bureaucratie qui gère l’économie et l’Etat, mène à des insuffisances, du gâchis, de la corruption et de la fainéantise. Confrontées à cela, les Tâches de remise en ordre proposent d’utiliser les mécanismes du marché et les incitations matérielles comme un fouet pour augmenter la productivité du travail. Le problème est que cette voie ouvre la porte à de puissantes tendances en faveur de la restauration du capitalisme. La petite-bourgeoisie que décrivent les auteurs de #MásSocialismo n’est pas dangereuse en elle-même, mais parce que, derrière elle, se tiennent les capitalistes cubains de Miami et le marché mondial.

De façon tout à fait correcte, les auteurs de la lettre opposent à la situation actuelle la solution du contrôle ouvrier : « le pouvoir des travailleurs doit diriger les gestionnaires d’une entreprise socialiste. Il faut faire confiance au mouvement ouvrier […]. La transparence dans la gestion économique joue un rôle essentiel dans le contrôle ouvrier et citoyen qui doit exister dans une société socialiste. Sans transparence, il n’y aura pas de contrôle, et réciproquement ».

Même si certaines de ses propositions sont confuses, et d’autres contre-productives (par exemple « la capitalisation des Compagnies Limitées »), il pointe dans l’ensemble dans la bonne direction : pour le contrôle ouvrier, contre la restauration du capitalisme et contre la bureaucratie. Il parle par exemple de « mécanismes de transfert du pouvoir aux travailleurs, [… d’]élections démocratiques des cadres et des gestionnaires intermédiaires par les travailleurs et de transparence dans la gestion économique ». Ils proposent aussi de « rendre illégal que des cadres du Parti Communiste de Cuba et des hauts-fonctionnaires [ne deviennent propriétaires] d’entreprises privées, afin d’éviter les déviations observées dans des processus d’ouverture économique similaires ».

La discussion sur #MásSocialismo, malgré ses erreurs et ses limites, est un aperçu des débats qui se tiennent à Cuba parmi ceux qui veulent défendre la révolution et s’opposent au capitalisme, tout en rejetant la bureaucratie. Le problème n’est pas en soi la propriété d’Etat des moyens de production, mais leur gestion bureaucratique. La solution n’est donc pas à chercher dans le marché, mais dans le contrôle ouvrier.

La solution pour que Cuba se tire de sa situation actuelle se trouve dans la lutte pour le contrôle ouvrier et pour une politique internationaliste. Pour notre part, nous nous plaçons résolument du côté de la défense de la révolution contre l’impérialisme et nous voulons contribuer à notre modeste échelle aux débats en cours, avec les idées du marxisme révolutionnaire : les idées de Lénine et de Trotsky.


[1]José Martí (1853-1895) fut le principal dirigeant de la révolution contre le colonialisme espagnol à Cuba ; Carlos Baliño (1848-1926) fut un de ses compagnons et, peu de temps avant sa mort, participa à la création du premier Parti Communiste Cubain ; Julio Antonio Mella (1903-1929) fut le principal animateur de ce premier parti communiste cubain, dont il fut expulsé dès 1926 par les staliniens, il se rapprocha ensuite des positions de Trotsky avant de mourir assassiné à Mexico, probablement par un agent du NKVD. [NdT].

 

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