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Le 16 septembre dernier, devant les députés LREM, Macron s’exprimait sur les « défis contemporains qui font peur », parmi lesquels l’immigration occuperait, selon lui, la première place.

S’adressant aux parlementaires macronistes, le Président déclarait : « devons-nous être un parti bourgeois ? Les bourgeois ne croisent pas l’immigration, ce sont les territoires les plus pauvres qui en sont le réceptacle ». Comme c’est original ! Le RN de Marine Le Pen ne dit pas autre chose. C’est la même démagogie raciste et réactionnaire : « le peuple souffre de l’immigration – et donc nous devons nous attaquer à l’immigration et aux immigrés ».

En réalité, LREM est bel et bien un parti bourgeois. Il gouverne actuellement pour le compte de la bourgeoisie, qui ne cesse d’appauvrir davantage les pauvres. Voilà ce dont ces derniers souffrent. C’est pour tenter de faire oublier cette évidence que Macron s’en prend aux immigrés, qui servent de diversion et de boucs émissaires, comme d’habitude.

Au passage, Macron tente de chasser sur les terres électorales du RN. Les élections municipales approchent : l’heure est donc à une montée en puissance de toutes les démagogies.

Le véritable bilan de LREM

Dans les médias officiels, les journalistes ont interprété les propos de Macron comme un « tournant » sur la question migratoire. C’est que les gens ont la mémoire courte. Au lendemain de son élection, Macron faisait de l’esprit : « le kwassa-kwassa pêche peu, il amène du Comorien » [1]. Ce n’est pas tellement mieux que « le bruit et l’odeur » de Jacques Chirac !

Mais au-delà des discours racistes, il y a les actes racistes. En 2018, le gouvernement a fait adopter la loi Asile et immigration. Sous prétexte d’« améliorer » le droit d’asile et les conditions de vie des étrangers en situation irrégulière, cette loi les a davantage fragilisés. Le délai pour déposer une demande d’asile a été réduit de 30 jours, ce qui a rendu cette démarche encore plus difficile. A l’inverse, la durée maximale d’enfermement en Centre de Rétention Administrative (CRA) est passée de 45 à 90 jours, y compris pour les enfants.

Cette loi a aussi multiplié les procédures favorisant les expulsions du territoire. Résultat : en 2018, le nombre d’expulsions d’étrangers en situation irrégulière a augmenté de près de 14 % (un triste record). Cela représente près de 20 000 expulsions, dont environ 15 000 expulsions forcées. Et pendant qu’il expulse, le gouvernement fait tout pour accueillir le moins possible. En 2018, Macron a refusé l’accès du port de Marseille au navire Aquarius et aux 626 migrants qu’il transportait. Même scénario en 2019, lorsque Carola Rackete et le Sea-Watch 3 ont demandé l’autorisation d’accoster à Marseille, alors que le bateau dérivait avec à son bord 40 migrants.

L’AME et les étudiants étrangers

Le 25 septembre, Macron s’exprimait sur l’Aide médicale d’Etat (AME), le dispositif qui prend en charge (assez mal) les dépenses médicales des étrangers en situation irrégulière. Il a déclaré que la suppression de l’AME serait « ridicule ». Mais – et tout est dans le « mais » – il veut la réformer et réévaluer son coût. Il dénonce les soi-disant « excès » de l’AME et lie cette question à l’augmentation des demandes d’asile. L’AME rendrait la France trop « attractive » ! Autrement dit, les migrants quitteraient leur pays et viendraient en France pour… bénéficier de l’AME. C’est absurde. Mais même en supposant que ce soit vrai, pour l’hypothèse, que faut-il faire ? Laisser mourir les étrangers malades, de façon à réduire « l’attractivité » de la France ? Décidément, Macron patauge dans la même démagogie réactionnaire que le RN.

Enfin, en 2019, le gouvernement a imposé le dispositif « Bienvenue en France » (sic), qui multiplie par dix les frais d’inscription à la fac pour les étudiants non ressortissants de l’UE. « Bienvenue », donc, aux étudiants les plus riches !

Unité de classe

Le gouvernement appelle à regarder l’immigration « en face » pour qu’on détourne nos regards de sa politique réactionnaire, qui impose la régression sociale à la masse des jeunes et des travailleurs, immigrés compris. Le mouvement ouvrier doit répondre par des mobilisations unitaires de tous les travailleurs, qu’ils soient français ou non. Il doit aussi dénoncer le rôle de l’impérialisme français dans la crise migratoire. On doit regarder « en face » le bilan humain désastreux des nombreuses interventions militaires françaises en Afrique et au Moyen-Orient, ces dernières décennies.

Les immigrés ne sont pas responsables des contre-réformes des retraites et de l’assurance chômage. Ils ne sont pas responsables de la destruction des services publics, de la précarisation du travail, de la privatisation d’ADP et de tous les autres mauvais coups que prépare le gouvernement. La lutte contre cette politique antisociale ne peut être menée – et victorieuse – que sur une base de classe.


[1] Le « kwassa-kwassa » est un canot de pêche comorien.

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