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USA Vautours Libye

La vérité est toujours la première victime d’une guerre impérialiste. En France, l’intervention en Libye s’est accompagnée d’une puissante vague de propagande visant à nous convaincre que l’on bombarde ce pays dans l’objectif de « protéger les civils » et de permettre au peuple libyen de « choisir son destin ». Le devoir élémentaire des partis de gauche est de dénoncer ces mensonges et d’expliquer les véritables objectifs de l’intervention impérialiste, comme nous l’avons fait dans un récent article. L’intervention de la France en Libye est directement liée à ses intérêts économiques et stratégiques. Par exemple, Total y a d’importants investissements. Conformément à ses habitudes, Sarkozy y voit également une occasion de parader dans les habits du défenseur des opprimés.

Une fois de plus, les dirigeants du Parti Socialiste manquent complètement à leur devoir. Ils soutiennent l’intervention en répétant les mensonges d’Alain Juppé. Dès que les intérêts fondamentaux de l’impérialisme français sont en jeu, la direction du PS vole au secours de la classe dirigeante et des « intérêts de la France », c’est-à-dire de l’impérialisme français. Jean-Luc Mélenchon leur a emboîté le pas. Au Parlement européen, il a voté pour la résolution favorable à une intervention. Pour justifier cette position, Mélenchon souligne que l’intervention répond à un « mandat de l’ONU ». Cet argument n’est pas sérieux. L’ONU est contrôlée par les grandes puissances, et surtout par les Etats-Unis. Le rôle de cette institution est précisément de donner aux impérialistes une couverture légale et « humanitaire » à leurs opérations. Ce fut le cas, notamment, lors de la première guerre du Golfe et lors de l’embargo de l’Irak qui, en douze ans, a fait plus d’un million de victimes irakiennes. Et c’est encore le cas aujourd’hui avec l’intervention en Libye.

Dans une interview publiée par Libération, le lundi 21 mars, Jean-Luc Mélenchon affirme qu’il a « voté la résolution du Parlement européen en accord avec la direction du PCF et de la Gauche unitaire, en accord avec mon collègue eurodéputé communiste Patrick Le Hyaric ». Malheureusement, L’Humanité du 22 mars ne confirme ni ne dément ces propos. Mais dans ses différents communiqués, le PCF a exprimé une position nettement plus réservée que celle de Jean-Luc Mélenchon. Le 18 mars, un communiqué du partiexprimait des doutes sur le caractère « humanitaire » de l’intervention, soulignait qu’un« silence complice entoure au même moment la répression du mouvement populaire au Bahreïn » – et dénonçait les risques d’un enlisement et d’une intervention terrestre.

Cependant, le même communiqué ne se prononce pas clairement contre l’intervention elle-même. Il se contente d’un « [appel] à la plus grande vigilance ». Surtout, le communiqué affirme « le plein soutien [du PCF] aux forces qui agissent pour la démocratie en Libye, avec le Conseil National de Transition. » C’est une erreur sérieuse. Le Conseil National de Transition n’agit pas pour la démocratie en Libye. Il est dominé par d’anciens fidèles de Kadhafi et par toutes sortes d’éléments réactionnaires, pro-capitalistes et pro-impérialistes. Ces gens sont en train de négocier avec les impérialistes – dont Sarkozy – pour se placer à la tête du pays, en lieu et place de Kadhafi. Ils n’ont nullement l’intention de revenir sur la politique d’ouverture aux intérêts impérialistes que Kadhafi a menée, ces dix dernières années. Ils sont des adversaires résolus des aspirations du peuple libyen et les premiers responsables de l’affaiblissement de l’élan révolutionnaire, ces dernières semaines. C’est précisément ce qui a déterminé les impérialistes à agir. Les « forces qui agissent pour la démocratie », en Libye, sont les jeunes, les travailleurs et les pauvres qui ont engagé la révolution, pendant que de nombreux dirigeants du Conseil National de Transition soutenaient encore Kadhafi. Le PCF doit soutenir les premiers et dénoncer fermement les manœuvres et trahisons des seconds.

Le même communiqué du parti s’interroge (sans répondre) : « Toutes les possibilités d’aide directe ou par les Etats arabes à la rébellion ont-elles vraiment été étudiées ? »Ceci ne peut que semer la confusion. L’attitude des gouvernements des pays arabes – qui sont tous réactionnaires, y compris en Tunisie et en Egypte – a été suffisamment illustrée par le soutien de la Ligue arabe à la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, et mieux encore par l’envoi de soldats saoudiens, koweïtiens et des Emirats Arabes Unis pour mater le soulèvement du peuple, au Bahreïn. Dans le monde arabe, les seuls authentiques alliés du peuple révolutionnaire libyen sont les jeunes, les travailleurs et les pauvres.

La direction du PCF est soumise à toutes sortes de pressions : celles des grands médias, de la « société officielle », des dirigeants socialistes et de Mélenchon. Par ailleurs, à ce stade, de nombreux jeunes et travailleurs voient dans l’intervention une occasion d’en finir avec Kadhafi, qu’ils détestent à juste titre. Mais justement, le rôle du PCF est d’expliquer les véritables objectifs des impérialistes, quitte à n’être pas compris par tous ceux auxquels il s’adresse, dans un premier temps. Si le PCF adopte une position ferme, il finira par être compris, car la suite des événements lui donnera raison.

Le PCF devrait lancer une grande campagne, avec tracts, affiches et réunions publiques, pour soutenir les révolutions arabes et dénoncer l’ingérence impérialiste. Il faut dévoiler inlassablement l’hypocrisie de notre « chef de guerre » national, Sarkozy, qui déroulait le tapis rouge à Kadhafi, il n’y a pas si longtemps, tout en lui vendant les armes qui saignent aujourd’hui le peuple libyen. Nous devons également présenter un programme général – un programme communiste – pour la victoire de la révolution arabe. Aucune des aspirations des peuples arabes ne sera satisfaite sur la base du capitalisme. Notre position anti-impérialiste doit être liée à la nécessité de renverser le système capitaliste lui-même, dans le monde arabe et à l’échelle internationale.

Post Scriptum : Aujourd’hui, 24 mars, Partick Le Hyaric écrit, dans l’Humanité Dimanche : « En étant au delà du mandat de l’ONU, la coalition qui mène cette guerre prend le risque grave d’escalade, de partition de la Libye, mais aussi d’autres pays arabes alentour, peut-être pour que demain les puissances occidentales se partagent les dépouilles de ces territoires et leur richesses. Pour empêcher de telles dérives intolérables, mais aussi, inséparablement, pour que le tyran libyen ne poursuive pas sa funeste chasse à l’homme contre ceux qui combattent sa dictature et souhaitent sincèrement la liberté et la démocratie, il faut que les opinions publiques imposent le retour à la seule application de la résolution de l’ONU. »

Cette position est complètement confuse. La résolution de l’ONU est volontairement vague, de façon à laisser un maximum d’options militaires ouvertes. Dès lors, « la seule application de la résolution de l’ONU » est une formule creuse. Par ailleurs, les résolutions de l’ONU ne sont en général que des couvertures légales pour des interventions impérialistes. Le Hyaric soutient la couverture, mais se plaint de ce que font les impérialistes, sur le terrain.

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