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La création du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), qui succède à la LCR, a été relayée par de très nombreux articles, reportages et interviews, dans les grands médias. Cette large couverture médiatique, qui ne date pas d’hier, a évidemment contribué à renforcer la popularité d’Olivier Besancenot et du NPA, notamment dans la jeunesse.

Pour autant, qu’y a-t-il de nouveau, dans le NPA, par rapport à ce qu’étaient la LCR, ses idées, son programme et sa stratégie ? Et quelles sont les perspectives de développement de ce parti ?

Depuis de nombreuses années, le programme de la LCR s’est caractérisé par un réformisme assez semblable, au fond, à celui que défendent les dirigeants du PCF. Le « réformisme » n’est pas la lutte quotidienne pour des réformes, qui est indispensable – mais le fait de limiter son programme à des réformes qui ne remettent pas en cause les fondements du système, à savoir le contrôle des banques et de l’industrie par une poignée de capitalistes. Au lieu d’expliquer la nécessité d’exproprier la classe dirigeante et de placer les grands leviers de l’économie sous le contrôle des salariés, le discours public de la LCR se limitait en général à l’idée d’une « autre répartition des richesses » et d’un vague « contrôle citoyen » sur l’économie. Ce réformisme confus s’est accompagné d’un abandon général des idées du marxisme, au profit de modes passagères telles que « l’altermondialisme », la « taxe Tobin », etc.

De ce point de vue, il n’y a pas de différence fondamentale entre la LCR et le NPA. Certes, les « Principes Fondateurs » du NPA, adoptés lors de son Congrès, évoquent en passant la nécessité « d’exproprier les grands groupes capitalistes, à commencer par ceux du CAC 40 ». Cette idée figurait déjà dans les textes fondateurs de la LCR, d’ailleurs. Cependant, elle restait le secret bien gardé des militants de la LCR. Elle n’apparaissait pratiquement jamais dans ses tracts, sa presse ou les innombrables interviews d’Olivier Besancenot. Il en va de même, aujourd’hui, avec le NPA. Ce décalage entre les « principes fondateurs » d’un parti et son discours public est un phénomène bien connu. Après tout, l’abolition du capitalisme figurait, il n’y a pas si longtemps, dans les « principes fondateurs » du Parti Socialiste ! Il arrivait même à ses dirigeants d’en parler – les jours de fête.

Le NPA a été conçu comme une organisation plus « large » et plus « souple » que la LCR, sur le plan idéologique. Comme des responsables du NPA l’expliquent eux-mêmes, l’abandon des termes « communiste » et « révolutionnaire », dans le nom du parti, est censé l’ouvrir à de plus larges couches de la population – y compris, donc, à ceux qui sont hostiles au communisme et à la perspective d’une révolution ! Tout le monde est bienvenu, dans ce parti : les anarchistes, les partisans de la « décroissance » (une idéologie ultra-réactionnaire), les « éco-socialistes » (quoi que cela puisse être) – et même, qui sait, quelques marxistes égarés. En fait, cette méthode est la recette de l’échec. Faute d’un socle idéologique solide et homogène, le premier choc sérieux plongera le NPA dans de graves divisions internes. Il n’est pas impossible que la crise du capitalisme pousse certains éléments du NPA vers la gauche. Mais en même temps, les considérations électoralistes qui motivaient le lancement du NPA inciteront ses dirigeants à adopter une politique plus ouvertement réformiste.

Sectarisme

Le seul principe tangible sur lequel le NPA semble reposer, c’est le refus de toute forme d’alliance électorale avec le parti socialiste. L’indépendance à l’égard du PS est élevée au rang de loi sacrée et intemporelle. Olivier Besancenot l’explique à longueur d’interviews. Là encore, c’est tout à fait dans la tradition du sectarisme de la LCR vis-à-vis du PS – et, accessoirement, du PCF. A de nombreuses reprises, la LCR a refusé de soutenir la gauche, aux élections, face à la droite. Lors des présidentielles de 2002, la LCR avait annoncé d’avance qu’elle n’appellerait pas à voter Jospin face à Chirac, au deuxième tour – avant, finalement, d’appeler à voter Chirac face à Le Pen ! Aux régionales de 2004, elle a refusé d’appeler à voter pour les listes PS-PCF, au deuxième tour. Aux municipales de 2008, son refus de se désister devant les listes dirigées par le PS, au deuxième tour, a permis à l’UMP de remporter plusieurs mairies. Et ainsi de suite.

C’est cette attitude irresponsable des dirigeants du NPA qui explique le soutien que lui accordent les médias capitalistes. L’affaiblissement électoral du PS n’est d’ailleurs pas le seul objectif de la classe dirigeante, qui contrôle les grands médias. Le PCF est également dans sa ligne de mire. Comme nous l’écrivions, en février 2008, « le calcul, derrière la promotion de Besancenot, c’est que toute progression électorale de la LCR se fera au détriment du PS et du PCF. Le PCF a déjà été considérablement affaibli par le comportement de ses dirigeants, dans le dernier gouvernement de gauche, et par la dilution “anti-libérale” de son programme. Les capitalistes espèrent qu’un nouveau revers électoral finira par le briser, politiquement et financièrement. D’où l’intérêt de faire la promotion de Besancenot. »

Le PCF et le NPA

Le sectarisme infantile du NPA suscite les sarcasmes des dirigeants du PCF. Cette ironie est justifiée, en général, mais elle ne suffit pas. Les dirigeants du PCF devraient également expliquer pourquoi le NPA bénéficie d’une certaine popularité. Le soutien des médias capitalistes n’explique pas tout. La vérité, c’est que la relative popularité du NPA est d’abord et avant tout la conséquence de la dérive droitière des dirigeants du PS et du PCF, depuis de nombreuses années. Comme l’expliquait Lénine, en son temps, le développement d’organisations gauchistes est le châtiment que reçoivent les dirigeants réformistes, pour leurs renoncements et leurs trahisons. Par exemple, la participation d’un ministre « communiste » au programme de privatisations massives du gouvernement Jospin, entre 1997 et 2002, ne pouvait que renforcer l’impact de la démagogie sectaire de la LCR. En faisant la promotion de Besancenot, les médias capitalistes se contentent d’exploiter la déception de nombreux jeunes et salariés face à la soumission des dirigeants du PS et du PCF à « l’économie de marché ».

Malgré son affaiblissement, le PCF bénéficie toujours de réserves sociales massives. Il incarne une longue tradition de luttes. Son nom est associé aux grandes conquêtes sociales du passé, à la résistance à l’oppression. C’est ce que les responsables du NPA sont incapables de comprendre. Ils répètent sans cesse que le PCF est « fini » – et s’en réjouissent, car ils espèrent prendre sa place. Mais en réalité, si le PCF renouait avec les idées et le programme du communisme, c’est-à-dire du marxisme, il rencontrerait un puissant écho, dans la jeunesse et la classe ouvrière. Au passage, il couperait l’herbe sous le pied du NPA.

Le NPA n’est pas notre ennemi. L’ennemi est en face : chez Sarkozy et la classe de parasites dont il défend les intérêts. Certes, la droite et Sarkozy instrumentalisent Besancenot. Mais la popularité de Besancenot est un symptôme – parmi d’autres – du décalage qui s’est creusé entre la politique du PCF et la couche la plus consciente et militante du mouvement ouvrier. Elle souligne l’urgence de rompre avec le « réformisme anti-libéral » et de renouer avec les idées fondamentales du communisme. Le succès des idées de La Riposte, lors du dernier Congrès du PCF, fut un premier pas dans cette direction. Il faut continuer !

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